8. Renouveau

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Aly

Aujourd'hui, c'est shopping, pas le choix, je n'ai absolument rien à me mettre. C'est vrai que les affaires de Leandro sont confortables, mais je ne suis pas cent pour cent à l'aise dedans et elles sont vraiment trop grandes. Je suis obligée de rouler plusieurs fois la taille et de serrer à fond avec le cordon, pour ne pas me retrouver en caleçon devant tout le monde.

Je me précipite dans ma chambre après ce désastreux petit déjeuner, je prends vite une douche, me sèche les cheveux, cette fois-ci, j'enfile le caleçon propre de Leandro, ce qui me fait assez bizarre tout de même, de mettre ses dessous. Pas de maquillage ni de parfum, il faudrait que je pense à en acheter également. Je redescends en trombe pressée de sortir de cette maison, de mettre le plus de distance possible avec Veronica et d'explorer ce nouveau pays.

Je me demande ce que fait Adrian à ce moment précis. Pense-t-il à moi autant que je pense à lui ? Je m'oblige à ne pas me perdre dans mes pensées, sinon je vais me rendre malade. Je n'aime pas être si loin de lui et le laisser dans l'ignorance la plus totale.

Je retrouve Leandro aux pieds de l'escalier accompagné de ma mère. Il fait une drôle de tête renfrognée.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je vous accompagne, ton père insiste. C'est vrai que nous avons du temps à rattraper et de nombreuses choses à nous dire.

Elle ne manque pas de culot, on peut bien lui accorder ce point. Mais, les chiens ne font pas des chats, j'ai autant de caractère qu'elle si ce n'est plus, car à celui-ci, s'ajoute, celui de mon père, je suppose.

- Non, merci Veronica ! Je souhaite passer du temps seule avec mon cousin. Je suis sûre que tu vas trouver de quoi t'occuper toute seule, tu as toujours su le faire à la maison. N'est-ce pas ?!

Sur ce, j'attrape mon cousin, et nous sortons presque en courant de la maison. Je reste de nouveau stupéfaite face à la beauté des jardins. Heureusement, la voiture de Leandro est déjà prête et nous attendons sur le pas de la porte. Ma génitrice n'a pas le temps de nous rattraper avec ses talons hauts que nous sommes déjà partis en faisant crisser les pneus. Elle est loin la camée croupissant dans son vomi...

Nous rions comme des fous dans la voiture. Ça fait du bien autant de légèreté. Mais cela ne dure pas. Je repense à Adrian et ma culpabilité s'enflamme. Je me tourne vers la fenêtre et me plonge finalement dans mes pensées. Leandro le remarque.

- Tu penses à lui ?

- Tu aimerais être dans l'ignorance à sa place ? Ne pas savoir où je suis ? Ce que je fais ? Comment je vais ?

Ses articulations se resserrent sur le volant au point de devenir blanches. Sa mâchoire est tellement serrée qu'on pourrait croire qu'elle va se briser.

- Non...

Un seul mot, qui reflète toutes ses pensées, toute sa colère.

- J'ai vécu l'enfer toutes ces années, sans toi. J'étais encore jeune lorsque tu m'as été arrachée. Alors j'imagine aujourd'hui sa souffrance.
Je ne peux pas tout t'expliquer, mais je souhaite que tu passes une bonne journée. As-tu un moyen quelconque de le joindre indirectement ?

- Je ne comprends pas ? Pourquoi indirectement?

- Je vais te prêter mon téléphone pour laisser un message quelque part, ou joindre un ami commun, ou son lieu de travail s'il en a un ?! Mais je ne veux pas que tu l'aies en direct pour le moment, et SURTOUT, je t'interdis de dire où tu te trouves! Et avec qui tu te trouves ! Ce sont mes conditions à prendre ou à laisser.

Destin souffléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant