14. Un éclair dans la tempete.

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                                        Aly

Une semaine passe, je suis restée dans un brouillard permanent. Mes nuits se suivent et se ressemblent. Toujours les mêmes cauchemars. La fatigue commence à se faire réellement ressentir, car mon sommeil est loin d'être réparateur. Mais ce matin est différent, je le sens. Ma tristesse a été remplacée par la colère. Plus personne ne se servira de moi. C'est fini. J'ai tout donné à cet homme. Il m'a blessé de mille façons, mais je suis toujours restée à ses côtés. Je l'ai aimé du plus profond de mon cœur. Tout mon être lui appartenait, mais il m'a menti, il m'a manipulée pour finir par me détruire. Pour une fois dans ma vie, j'ai la rage contre lui.

Lorsque je l'ai rencontré chez moi, je le détestais du plus profond de mon être, mais il n'y avait pas de sentiments en jeu, aujourd'hui chaque cellule de mon corps lutte contre ce que je peux ressentir pour lui afin de le rejeter. Mon cœur me fait souffrir ; j'ai l'impression qu'on a cherché à me l'arracher à mains nues. Je hais cet homme, et encore je trouve que les mots sont trop faibles. Il s'est complètement joué de moi. Si je me retrouve en face de lui, il vaut mieux que je ne sois pas armée.

Je passe encore une nouvelle fois la journée dans ma chambre. Mes plateaux me sont montés systématiquement maintenant. De temps en temps, j'ai un visiteur différent en fonction des plannings de chacun, mais c'est encore avec Leandro que je me sens le mieux. J'aime beaucoup passer du temps sur mon balcon, plongée dans un bon livre ou à regarder la nature s'éveiller après l'hiver passé. Même s'il est, je suppose, moins froid ici, la nature se met en pause, comme ce que j'ai toujours connu. Le printemps est arrivé depuis de nombreux jours maintenant. Les bourgeons des arbres sont bien présents et grossissent à vue d'œil. Les tulipes et les jonquilles parsèment les parterres de fleurs, c'est absolument magnifique. Les papillons virevoltent dans les airs à la recherche de leur douce moitié, tandis que les oiseaux retrouvent déjà le chemin de leur nid où se dispute la place pour en créer un nouveau.

Mais la journée touche à sa fin ; le soleil retourne se coucher pour laisser, dans quelques heures, la place à la lune. Mon plateau devrait arriver d'ici peu. Je ne souhaite pas manger seul dans ma chambre, alors je prends mon courage à deux mains et je descends rejoindre tout le monde en bas.

Je chemine dans les couloirs en silence. Mon corps est las, mes pas me traînent péniblement jusqu'à ma destination. C'est comme si tout mon corps se relevait d'un gros accident que je n'ai pourtant pas vécu.

En m'apercevant, les discussions s'interrompent. Le bruit des couverts s'éteint. Mon père se lève, mais Leandro a été plus rapide, il est déjà à mes côtés.

— Aly ! Tu vas bien ? Il y a un problème ?

— Je... je ne voulais pas manger seule ce soir...

— Oh, oui, pas de problème ! Viens, nous allons t'installer à table. MARCO ?!

Le pauvre dénommé Marco est toujours dans les bons coups. Mais il arrive déjà presque en courant. J'ai le droit à un immense sourire de sa part.

Buonasera signorina (bonsoir mademoiselle), je suis heureux de vous voir ici.

— Bonjour, Marco, je vous remercie.

Mon cousin plisse le front et je vois une pointe de colère se dessiner sur ses traits. Pourquoi encore de la colère ?

— Marco ! Rajoute un couvert pour Aly !

— Tout de suite, monsieur.

Nous voilà tous attablés, les conversations reprennent de plus belle. Je suis assise entre ma tante et mon cousin. Mon père est plus loin à ma gauche et me regarde avec un grand sourire. Lorsqu'il voit que je le regarde à mon tour, il m'adresse un clin d'œil. Je peux lire sur ses lèvres « benvenutto ... » je ne déchiffre pas la fin de la phrase, mais je pense avoir compris l'essentiel. Je lui souris à mon tour et incline la tête pour le remercier de cet accueil. Tout en conversant, les uns et les autres garnissent mon assiette de différentes victuailles. Je ne pourrais jamais avaler tout ça, mais je pense qu'il s'agit de leur manière de prendre soin de moi, alors je ne leur reproche rien. Je pense leur avoir causé suffisamment de soucis ces derniers temps.

Destin souffléWo Geschichten leben. Entdecke jetzt