Chapitre 17

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  Je me précipite dessus, et vérifie son état. Respiration stable, température normale. J'essaye de voir d'où provient tout ce sang, mais il y en a trop.

- J'en ai marre de devoir tout faire à ta place, me grogne dessus Ryder. Ce petit merdeux à complètement péter un câble, et s'en est pris à des Bois. Heureusement que nous étions entrain de nous entraîner à côté. Il a failli finir en branche.

- Comment ça, il s'en est prit à des Bois ? Quand ? Tu dis n'importe quoi, Hélios est un garçon trop gentil pour faire ça !

  J'essaye de garder une voix neutre, mais intérieurement, je suis en totale hystérie.

- J'en sais rien. Occupe-toi de lui, me jette-t-il à la figure, en partant.

  Il se retourne une dernière fois, me regarde longuement et avec dureté :

- Et nettoie-moi tout ça, ajoute-t-il, en désignant le sol, ou la gentille dame de la bibliothèque ne va pas être contente.

  Je fronce les sourcils. Jamais vu de dame bibliothèque, depuis que je suis ici. Et pourtant, j'y suis souvent.

  Je jette un coup d'œil à mon ami, étendu de tout son long sur le sol, encore inconscient. Je le tourne sur le côté, et examine son corps, à la recherche de blessures. La quantité de sang est trop importante, et je décide d'aller chercher une serviette avec de l'eau pour le débarbouiller.

  Je parviens tant bien que mal à trouver des toilettes, et revient une dizaine de minutes après. Hélios est assis contre une étagère, par terre, et se tient les genoux. Il a l'air complètement abattu.

  Je soupire, et m'attelle à ma tâche. Je lui passe le linge sur le visage et le cou, en silence. J'attends qu'il me parle de lui-même de ce qu'il s'est passé. Il est en vie, devant moi, et c'est la seule chose qui compte. Il m'expliquera tout quand il en sentira l'envie.

  Après un certain temps, il finit enfin par sortir de sa torpeur, et s'humecte les lèvres.

- J'ai déconné, m'annonce-t-il.

  Je hoche la tête, en lui montrant que je suis là, que j'écoute.

- Je me suis battu avec des Bois. Je...je...c'est moi qui les ai provoqués.

  Il avale douloureusement sa salive, ferme les yeux et continue :

- Toute ma vie, j'ai rêvé de me débarrasser de ce Sable. Je n'en peux plus, de le voir partout. Puis, tu es arrivée. Tu as muté. Alors, je me suis dis que peut-être, si je me faisais mordre à mon tour, j'obtiendrais leur pouvoir ? J'ai toujours rêvé d'être un Bois. Leur vie est si paisible...entourée d'animaux, de verdure, de calme. Pas de sécheresse, pas de déserte à perte de vue. Des rivières, des cascades...

  Il passe la main sur sa gorge, et grimace de douleur. Semble vouloir ajouter quelque chose, puis se ravise. Pauvre Hélios. Je suis une amie trop nulle. Je n'ai pas vu son mal-être, lui qui est si jovial, à longueur de journée.

- Tu as bien conscience que c'était un plan complètement foireux, et digne de la stupidité d'un des miens ? tenté-je de le faire sourire. Écoute. Je suis désolée de ne pas avoir vu que tu n'allais pas bien. Mais il fallait me le dire, d'accord ? Je suis là pour toi aussi. C'est ce que les amis font, après tout, non ?

  Il acquiesce d'un hochement de tête, et je presse mon front contre le sien.

- On va s'en sortir, ne t'inquiètes pas, essayé-je de le rassurer, sans savoir ce que je raconte.

  Pourtant, ça à l'air de fonctionner. Je vois qu'il se détend, et parvient même à s'endormir. Je cale précautionneusement sa tête contre une étagère, et lave le sol avec le linge restant. Je me sens coupable de n'avoir rien remarqué.

  Je frotte le parquet jusqu'au le rendre flambant neuf. Hélios est encore endormi. Je m'attaque à son cou qui présente encore des traces rouges, et grimace quand je vois la terrible morsure après avoir tout essuyé. Les morsures entre vampires sont interdites, et sont un sujet très tabou. Je ne sais pas d'où provient cette loi, mais la seule chose importante est qu'elles sont autorisées pendant les Arènes Sanglantes. Je ne pense pas que mon ami ira balancer les Bois qui lui ont fait ça, car d'après ses dires, c'est lui qui a cherché. Le Sable qui m'a mordu à de la chance de l'avoir fait en dehors de l'enceinte de l'Académie. Sinon, il aurait pris une très grosse punition, à mon avis, de la part de la Directrice.

  Je frissonne à la pensée de cette femme. Elle voudra ma peau jusqu'au bout, je le sens. Il faut que je la joue intelligemment, sans me faire remarquer. Assister à des cours de Sable en apparence d'Eau ne sert plus à rien désormais, à part m'attirer encore plus sa suspicion. Il faudrait que je trouve une secrétaire, un bureau, ou n'importe quoi où je pourrais faire un changement d'emploi du temps, et rejoindre mes camarades comparses. Faire profil bas, c'est la meilleure des solutions, dans l'attente de la prochaine Arène Sanglante. Il faudrait également que je demande à Hélios qui peut bien être cet homme qui complotait avec elle, mais sans éveiller de soupçons.

  Hélios pousse un gémissement, et je vois qu'il est réveillé. Mon regard dérive sur sa morsure, et il grimace en l'apercevant.

- Ce n'est pas beau à voir, hein ? me demande-t-il.

- Effectivement.

- Je ne sais pas ce qu'il ma prit. Je sais très bien que la morsure ne me conféra pas de pouvoirs, tente-t-il de se justifier.

- Peut-être que demain, en te réveillant, tu seras Bois ? proposé -je, en n'y croyant absolument pas une seule seconde.

  Au fond de moi, je sens que ce n'est pas la morsure qui est responsable de ma mutation. Peut-être que c'est elle qui a tout déclenché, mais ce n'est pas la véritable raison.

  Il se relève d'un coup, tangue un peu avant de se stabiliser et me prends les deux mains. Un feu nouveau brille dans ses yeux, et il m'annonce :

- Dorénavant, je consacrerai mon temps pour t'aider, toi ! Si pour moi ça ne marche pas, au moins, je veux t'aider à comprendre ce qu'il t'arrive à toi !

- Euh...tu n'es pas obligé, tu sais, réponds-je, mortifiée.

- Il faut que je te dise quelque chose, m'annonce-t-il soudain.

 Vampire Académie (Olone Nero t. 1) [TERMINE]Where stories live. Discover now