IV

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Et le plus horrible : Tu es sournoise et soupçonneuse. De plus, tu ne crois pas les autres. Si nous étions vraiment meilleures amies, tu n'aurai pas eu de soupçon envers moi et ça ne t'aurait même pas effleuré l'esprit que je puisse voler ce que tu as cru que j'avais volé. Ah...Un banal objet a été la cause de la fin de notre amitié. C'est si mesquin. Je ne comprendrai jamais pourquoi tu ne m'as pas cru. Mon amitié est morte il y'a bien longtemps - c'était aussi ton amitié. C'était aussi ton amitié, ô ma chère, l'amitié d'une année.

Rien n'existait pour moi, aucune personne qui venait me demander d'être amie car je pensais que l'amitié était un lien fort qui unissait deux personnes. Je veux te révéler toute ma vie, cette vie qui véritablement n'a fini que le jour où notre amitié a pris fin. Auparavant, elle n'était que joie et gaieté, avant que tu ne montres ton vrai visage. Maintenant, quand je repense à ses dernières années, elles ne sont que des larmes et des cris étouffés de mon cœur. J'ai supporté tant de douleur et de souffrance, causées par toi et ton oppression. Je veux te dévoiler toute ma vie, cette vie qui était joyeuse avant que tu ne commettes l'irréparable en me trahissant. Je suis née et j'ai grandi dans une petite ville avec mes deux parents. J'ai été aimée par mes parents, voyageant à l'étranger pour voir ma famille, j'avais les meilleures notes à l'école, j'étais considérée comme la plus belle, j'étais considérée comme la plus gentille, j'étais considérée comme la plus généreuse, j'étais considérée comme la fille modèle et parfaite. Je n'avais jamais rien fait de travers, je répondais correctement à mes parents, je les respectais, j'aidais tout le monde et je saluais la moindre personne dans la rue.

J'avais une meilleure amie en primaire. Elle est allée dans un collège différent du nôtre et nos chemins se sont séparés. J'ai été si triste, j'en ai énormément pleuré que mes yeux étaient toujours rougis par les larmes. Car l'idée de ne plus la revoir m'était inconcevable et complètement impossible. Je l'avais toujours connu, depuis la maternelle, mais nous étions vraiment devenus amis lors de la deuxième année de primaire. On se connaissait par cœur, sachant les répliques de l'autre, étions de la même religion et pouvions discuter sans avoir peur d'être jugée par l'autre. Nous nous connaissions comme nous nous connaissions nous-mêmes et le collège a gâché notre amitié. Puis, la rentrée au collège arriva. Je la redoutais tellement.

Tout le monde se connaissait puisqu'ils étaient tous dans la même école primaire. Je ne connaissais que deux ou trois personnes sur cinq-cent élèves. J'étais restée toute la matinée avec mon père et ma mère, effrayée de devoir parler avec qui que ce soit ou d'être abordée par quelqu'un. Tu sais bien à quel point j'étais timide. Je ne connaissais personne et, par peur ou honte, je m'accrochais au bras de mon père. Aux alentours de dix heures, les parents avaient l'obligation de s'en aller. Ce fut tellement dévastateur pour moi que j'étais au bord des larmes. La voix douce et les yeux rougis, je suppliais mon père de rester, puisque ma mère était déjà partie à cause du travail. Il s'en alla, me laissant seule. Puis, mon regard croisa le tien. Je sais encore, comme si c'était hier, le jour et même l'heure où nos regards se sont croisés pour la première fois, où pour la première fois je te vis. Tu avais l'air calme, douce et dans la même situation que moi. Tu étais avec ton père, un grand homme fin comme une allumette, une paire de lunettes et les cheveux déjà gris et blancs.

Mais, tu ne vins pas me voir à ce moment-là. Les parents partirent et je restai seule dans un coin, comme si j'étais chez des étrangers et que je ne voulais pas les déranger. Le même jour, plus tard dans l'après-midi, je te vis : tu m'observais comme un lion observant sa proie. Je passais devant toi en courant, tête baissée, honteuse et apeurée. Je ne sais pas pourquoi j'avais cette réaction. Quelques minutes plus tard, une fille était venue me voir. Je me rappelle encore de ce moment comme si c'était hier : « Bonjour, me dit-elle. - Bonjour. »

Elle me désigna immédiatement par mon prénom, comme si elle le connaissait depuis toujours et se présenta. Étrangement, je ressentais une certaine mauvaise vibration de sa part. Elle se maquillait déjà et je trouvais cela assez bizarre... Ensuite, nous nous sommes croisées de nouveau. Et là, pour la première fois, tu m'adressais la parole. Tu te présentais et tu paraissais tellement naturelle, en ayant une forme d'éloquence étrange. Je trouvais ta voix mignonne, mais maintenant je trouve que tu es irascible. J'étais contente et à la fois honteuse qu'une personne vienne m'aborder. Puis, tu m'avais demandé si nous pouvions devenir amies. Qu'aurai-je pu dire ? Le désir de trouver une amie après avoir perdue la seule que j'avais toujours connue était si immense, si grand, si incommensurable.
Alors, j'ai immédiatement dit, oui. Maintenant, je comprends que je n'aurai jamais du.

Te rappelles-tu du lendemain de notre rencontre ? Te rappelles-tu lorsque tu m'as présenté cette fille, celle qui était devenue ton amie le jour de la rentrée ? Bien sûr que tu t'en rappelles. C'est avec elle que tu m'as accusé de vol et d'ailleurs, c'est elle ta meilleure amie actuelle (sauf si tu la trahis de nouveau car on ne peut jamais être sûre avec toi). Je ne la nommerai pas, car, tout comme toi, elle ne mérite pas que j'écrive son nom dans ces quelques lignes. Ta meilleure amie a un visage gonflé et allongé aux traits irréguliers, un grand front, un nez épaté, de grands yeux marrons enfoncés, des joues rondes, des cheveux bruns mi-longs lisses et frisés à la fois. De taille moyenne, ses jambes sont assez charnues, tout comme ses bras. Elle n'est vraiment pas belle, ni séduisante, ni gracieuse. Sa démarche est semblable à celle d'un vieillard pressé. L'expression de son visage est très peu aimable, tourmenté et sévère. Le corps difforme, les mouvements gauches, lents et mous, les vêtements démodés et grotesques, sa personnalité est pire que son physique.

Elle s'exprime vulgairement, a un mauvais caractère, est lâche, une horrible menteuse comme toi, tricheuse, capricieuse, coléreuse, paresseuse, maladroite, très bavarde, une horrible commère et la liste est aussi longue que celle de tes défauts.
En y pensant, je ne trouve aucune qualité en elle. Je ne sais même plus ce qu'elle aime et ça m'est bien égal. Je sais juste qu'elle adorait parler dans le dos des gens et qu'elle aimait pointer chacun de leurs défauts. Comment une personne peut-elle se permettre d'en critiquer une autre si elle n'est pas mieux qu'elle pour autant ?

Cette description me paraît si méchante et pourtant, tu sais à quel point elle le mérite. Combien de fois m'as-tu meme dit que tu la détestais et que tu ne restais avec elle que par pure pitié ? À croire que même cela était un mensonge... Puis, nous avions chacune demandé le numéro de téléphone des autres. En rentrant chez moi, j'étais assez réjouie de constater que je m'étais faite deux nouvelles amies. Mes premières amies au collège. Probablement avec une excitation débordante, je t'ai envoyé un premier message, seulement pour vérifier si c'était réellement ton numéro : « Coucou » dis-je sottement, « Salut » as-tu répondu. Notre première conversation avait débuté, simplement et sottement. Puis, le lendemain, c'est toi qui m'avait envoyé le premier message. C'était la fin de la semaine, la rentrée était le jeudi.

Nous avions parlé pendant des heures. J'avais l'impression que tu étais une bonne personne, une personne gentille et agréable. Tu m'avais demandé tous les détails de ma vie. Je pensais que c'était pour mieux me connaître et que tu t'intéressais à moi, finalement, tous ces détails allaient être utilisés contre moi dans le futur. Nous venions de nous rencontrer, comment aurais-je pu le savoir ? J'avais dix ans, j'étais naïve, jeune et stupide. Maintenant, le temps est passé, énormément de temps est passé, j'ai mûri et j'ai désormais toutes les armes pour affronter la vie. Dommage que je ne les avais pas eu avant. Il y'a un magnifique proverbe arabe qui dit : C'est de la confiance que naît la trahison. En effet, ce proverbe ne dit que la vérité. Si je n'avais pas confiance en toi, jamais cette trahison n'aurait eu lieu, ou bien elle ne m'aurait jamais autant affectée. Le lundi, tu m'as prise dans tes bras.

C'était si étrange, si bizarre, si incongru et pourtant, j'étais contente. J'étais heureuse. Le fait que tu m'aies prise dans tes bras m'avait touché au plus profond de mon être car cela voulait dire que tu me considérais dans ton coeur. Mais m'as-tu même un jour vraiment considérée dans ton coeur ? Puis, je t'avais prise dans mes bras à mon tour pendant quelques secondes. Ensuite, nous nous sommes séparés et tu m'avais dit cette phrase si simple et si réconfortante : Tu m'as manquée. J'avais aimée cette phrase. Je ne sais pour quelle raison... C'était aussi réconfortant qu'une tasse de chocolat chaud en hiver. En réalité, j'étais touchée et troublée.

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Hello !
J'espère que 1550 mots n'était pas énorme à lire- 😭
2 chapitres par semaine est un rythme assez régulier pour moi en raison des examens 🙂

Au revoir mes précieux Lovelies ❤️‍🩹🫶🏻

Lettre à l'OppresseurWhere stories live. Discover now