VI

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De plus, qui m'aurait cru ? Personne ne m'aurait cru. Tout le monde pensait que tu avais travaillé dur à la sueur de ton front. Hélas, même aujourd'hui, personne ne le sait. Personne ne me croira, j'en suis sure. Les mots que le professeur disait étaient comme des lames qui transperçaient mon cœur. Je veux simplement te révéler ce que tu considérais comme le plus bel événement de ta vie. Tu t'es attribué mon propre mérite et tu t'es faite passé pour un génie. Pourquoi ne pas avoir montré ton génie plus tôt si tu avais vraiment travaillé à la sueur de ton front ?

Ce jour-là, c'est comme si je ne t'avais jamais connu, je n'avais pas l'impression de te connaître. Où était passé la meilleure amie douce, loyale, gentille et aimable que je connaissais et que tu avais démontrée pendant tous ces mois ? En réalité, tu avais bien montré ton génie. Oui, tu l'avais montré. Tu as montré ton génie en manipulation et en trahison. M'as-tu un jour remerciée ? M'as-tu un jour remerciée ? M'as-tu un jour remerciée ? Non, tu ne m'a jamais remercié. Ce premier et dernier dix-sept de moyenne que tu as de toute ta vie; tu l'as obtenu grâce à moi. Et ça, il semble que tu l'as oublié. Je pensais que tu m'aimais mais, tu n'as fait que m'utiliser. Après cette heure qui m'a parut si longue, je suis rentrée chez moi, presque en courant. Je ne voulais rien dire à ma mère, car, je pensais qu'il y'avait en réalité un bon fond en toi. Je ne voulais pas y croire; je ne voulais pas l'accepter, je n'y arrivais pas.

Comment la personne qui m'avait aidé, qui avait été si gentille avec moi, qui avait fait preuve d'une incroyable gentillesse inhumaine envers moi, avait pu m'utiliser ainsi ? Je ne pouvais pas y croire; je ne voulais pas l'accepter. En psychologie, il est dit qu'il y'a cinq étapes dans la phase de l'acceptation. Les étapes du travail de deuil ont été décrites par la psychiatre et psychologue Elizabeth Kübler Ross en 1976. La première étape est le choc. Je m'etais précipitée vers la salle de bain de mon appartement pour être seule. En me regardant dans le miroir, je ne pouvais voir que ton reflet. Je n'arrivais pas à voir autre chose. Ton reflet était si net comme si je te voyais pour de vrai. C'était si horrible. Je voyais ton visage, ton sourire, tes yeux, ton nez, tes joues... Prise de colère, j'ai posé mes mains sur le lavabo et j'ai éclaté en larmes silencieusement. J'avais essayé d'être forte pour ne pas pleurer devant toi. Je ne voulais pas être entendue. C'était la deuxième étape, *le déni*

Le déni est si terrible car, il est impossible de croire que cette chose vous soit arrivée. C'est si horrible. Devoir voir la vérité en face est si dur. Les gens n'aiment pas qu'on leur dise la vérité, ils préfèrent qu'on leur mente, maintenant je comprends pourquoi. Les critiques et la vérité sont comme des lames qui transpercent le cœur ou des allumettes qui le brûle; elles sont amères et dures à entendre ou à confronter. Elles sont aussi chaudes que de la braise et aussi pointues et aiguisées que des lames de couteau. Nous étions amies depuis de nombreux mois et je venais de découvrir que tu avais triché sur moi pendant plus de trois mois. Imagine toi à ma place. Finalement, tu ne pourras jamais te mettre à ma place car tu n'es pas une victime. À cause de toi et de tes actes, j'ai pleuré pendant une bonne dizaine de minutes. Je venais de voir l'amitié que je pensais que nous avions se déchirer devant mes yeux. Notre amitié n'était qu'un faux prétexte, un mensonge.

J'ai été triste pendant deux bonnes heures. Je n'arrivais pas à parler, ni à penser correctement. Puis, j'ai du aller à l'école, les yeux gonflés et rougis. Tu t'étais précipitée vers moi, hypocrite que tu es, et m'avait prise dans tes bras.
Comment as-tu pu osé ? Ma souffrance n'était-elle pas déjà assez grande, ma chère ? Ensuite, ta meilleure amie est venue à son tour. Vous vous étiez empressées de me poser une tonne de questions et de me prendre dans vos bras.

À mes yeux, vous n'étiez que les hommes grossiers, habillés en noir qui allaient venir prendre le corps de l'enfant dont parlait Stefan Zweig dans son roman Lettre d'une inconnue, que nous avions étudiés l'année dernière. « Pourquoi tes yeux sont aussi rouges que du sang ? Tu les as frotté ? Tu as pleuré ? Pourquoi ? » avais-tu dit.
J'aurai voulu te donner une claque tellement j'étais en colère puis, pleurer de nouveau tellement j'étais triste. Les émotions avaient pris le dessus sur mon cœur, mon pauvre, lâche et misérable cœur, mais je ne voulais rien dire, voire ne rien faire. Je ne pouvais pas. J'étais encore abasourdie de ce que je venais d'apprendre et de réaliser. Il était si dur de réaliser que tu n'avais été mon amie que par pur intérêt.

Lettre à l'OppresseurWhere stories live. Discover now