CHAPITRE 5 - L'étrange héritage

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J'emboîtai le pas endiablé de la vieille dame se prénommant Patricia. Cette dernière demeura silencieuse, creusant de plus en plus mes appréhensions sur les raisons soudaines de cette convocation.

Elle m'escorta jusqu'à l'un des ascenseurs. Ce dernier s'éleva à travers les étages supérieurs. Les portes retentirent, et nous entrâmes dans une pièce au revêtement de planches de bois sombres, dans laquelle s'entreposaient quelques fauteuils de cuir et une petite table basse. Ici, les façades ternes n'absorbaient pas la lumière du jour. Et ce, malgré les grands vitraux exposés au soleil du matin face à nous. Seuls des petits lampadaires accrochés çà et là, réchauffaient la pièce par leurs faibles éclats.

À l'opposé du mobilier, sur notre droite, s'installait un long comptoir d'if. Derrière lui, un jeune homme assis exposait ses pieds par-dessus le comptoir, ses mains derrière la tête.

– Diantre ! s'exclama dame Patricia envers le jeune homme. Un peu de retenue voyons !

Ce dernier se rétracta aussitôt, embarrassé.

– D-désolé m'dame..., bredouilla-t-il.

Dame Patricia le fusilla du regard et murmura : « Ces jeunes auront ma peau un jour... ».

Nous continuâmes notre chemin jusqu'au fond de la pièce. Nous suivîmes un dédale de couloir complexe et puis, dans un renfoncement discret, elle poussa une petite porte.

Elle referma derrière moi, à double tour.

C'était un bureau, tout ce qu'il y avait de plus ordinaire ; une table, des chaises de chaque côté. Il y avait en revanche une multitude de dossiers rangés à la perfection, dans des dizaines de casiers qui se jouxtaient le long des murs.

Dame Patricia tira une chaise et m'invita à faire de même.

– Miss Hernandez, êtes-vous recensée ?

Je clignai des yeux, surprise de sa question.

– Euh ..., bafouillai-je. J'ai bien effectué mon service civique au collège, oui ...

– Non, me coupa dame Patricia. Je vois. Dans ce cas ... Permettez un instant.

Elle se dirigea auprès de ses dossiers et sembla chercher un long moment. Puis, elle tira une grosse boîte poussiéreuse qu'elle s'empressa d'installer sur le bureau. Un cadenas verrouillait le couvercle. Elle trifouilla dans la poche de sa jupe, et en sortit un jeu de clés pour libérer le mécanisme.

Elle en extirpa un énorme dossier feuillu, sur lequel s'inscrivait le prénom de ma sœur. Elle en sortit également un autre, plus mince, voire même ridicule comparé à celui de Sara. C'était le mien à priori ; mon prénom y était. Il accompagnait un petit paquet en sachet kraft, ficelé avec des petites cordes.

Dame Patricia parcourut longuement le dossier de Sara sans que je puisse deviner sa contenance, puis elle lut la seule et unique feuille que contenait le mien. Elle secoua son poignet, et regarda sa petite montre en cuir.

Commençant à m'impatienter du haut de ma chaise, je finis par demander résolument :

– Madame ... Patricia. Je suis désolée, mais je ne comprends pas ce que je fais ici ...

Elle leva ses yeux, et me scruta au travers de ses lunettes.

– Tous membres des Familles font l'objet d'un recensement à leur majorité, y comprit les Indépendants. Voyez-cela comme l'enregistrement de votre identité auprès de la Guilde. Cela nous permet d'avoir un listing élaboré de nos concitoyens.

Était-ce une très belle manière de sous-entendre que la Guilde nous pistait ?

– En tout cas, reprit-elle en tapotant mon dossier, je vois que, ni vous, ni votre sœur, n'avez effectué votre recensement à vous, miss Kara Hernandez.

GUILDE : HéritageWhere stories live. Discover now