CHAPITRE 10 - Retrouvailles

126 23 187
                                    

Mon esprit remuait dans tous les sens pendant ma descente aux étages inférieurs. La veille, je défilais les schémas possibles qui pouvaient se produire en contre-bas, dans les sous-sol de la Guilde. Qu'allaient-ils me demander de faire ? Trop tard, j'oubliai déjà tous mes scénarios préalablement inventés.

Je pensais à ma sœur, à ma place, quelques années plus tôt. Stressait-elle aussi, au point d'avoir les mains moites ? Non. C'était une battante, une intrépide, pas comme moi.

Ça va aller, murmura-t-elle dans un lointain souvenir, baignée d'un halo rayonnant.

Je n'avais qu'une seule chose à faire. Leur montrer qu'à travers mon nom, ma famille ne représentait plus une menace. Je m'investissais de cette mission comme un prétexte, une excuse pour supporter ces événements dramatiques. Le destin me plaçait peut-être là pour cette raison, pour redorer le blason de cette famille déchue et dénigrée pour les atrocités d'un seul.

Oui, je refusais catégoriquement qu'on me blâme personnellement pour un acte que je n'avais jamais commis.

Ding.

J'atterris dans un lieu étrange. L'orée d'une grotte aux roches sombres, assez étroite. Remarquable tout de même, à quel point le siège de la Guilde s'étendait au-delà d'un simple building. Une brève pensée pour ces humains, là-haut, qui ne soupçonnaient même pas cette immensité fantastique juste sous leurs yeux.

On m'attribuait une heure de passage bien précise pour mon test et dans le doute, je venais en avance. Le lieu de rendez-vous se situait dans la salle du Grand Conseil, supervisée ce jour par le conseiller Destrier, le chef de Famille des Templiers, et cette fameuse capitaine tant redoutée par Dany.

Je m'avançai sur le sol, terreux, éclairé par des torches accrochées par-ci par-là. Je m'engouffrai avec détermination, quand je rencontrai sur mon chemin un homme adossé contre la roche.

Il portait cet uniforme pourpre. Un costard soigné, avec sa cravate assortie aux couleurs de sa tenue. Il arborait l'insigne du Rempart et celui des Angaros.

Un type de la Garnison, remarquai-je.

Une motivation supplémentaire pour ne pas terminer à sa place. Hors de question de passer mes jours et mes nuits, comme lui, à patienter éternellement dans ce lieu sombre et lugubre.

– C'est quoi ton nom ? me demanda-t-il toujours adossé sur la paroi.

– Hernandez, répondis-je.

Il me scruta de la tête au pied, puis extirpa un petit parchemin de sa veste.

– T'es en avance, souligna-t-il après avoir jeté un coup d'œil à son document.

Evidemment que je suis en avance, pensai-je. Il s'agissait de mon avenir que je jouais dans quelques minutes.

– Oui, répondis-je finalement par bienséance.

Il se gratta la tête.

– Bon, reprit-il. Tout au fond, patiente à côté de la porte. Mais t'attends bien qu'on t'appelle, d'accord ?

J'acquiesçai et repris ma route, plus tranquillement cette fois.

En poursuivant mon chemin un peu plus loin, je perçus des bruits de pas allant à ma rencontre. Je me figeai, reconnaissant entre mille la silhouette qui se dessinait progressivement devant moi. C'était une jeune femmes à la longue tignasse blonde, qui me scrutait de ces pupilles enveloppées par cette couleur bleu saphir.

– Ariana ! m'exclamai-je avec une immense stupéfaction.

Était-ce... un fantôme ? Pourtant, non. Elle stoppa net sa marche, effleurant un long pommeau de katana accroché à sa fine ceinture en cuir. J'entrouvris la bouche, déconcertée, et me hâtais à chercher son pin's rattaché à sa veste en tailleur beige.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant