07. Flashback

493 22 19
                                    

Lénaya, 14 ans


-Voilà fini, soufflais-je fière de moi.

Le rangement de ma chambre est enfin terminé, j'ai passé l'après-midi à le faire.

Il est dix-neuf heures d'après mon réveil quand je me laisse tomber sur mon lit. Les draps que j'ai changés tout à l'heure sentent la lessive propre.

J'ai dû passer quatre heures à ranger ma chambre, je pense. Elle a beau être petite, le bordel est quant à lui énorme.

Je la parcours du regard, l'examinant comme si c'était la première fois que je la voyais. Un tapis beige à froufrou est placé au milieu, créant une distinction avec le parquet en bois foncé. Les murs jaune pâle qui avec le temps, ont récolté quelques fissures, apportent de la chaleur à la pièce. La fenêtre ouverte ramène la chaleur étouffante du Mexique dans la pièce.

Mon bureau blanc est en face de mon lit. Sur le côté droit, proche de la porte, se trouve ma bibliothèque dont les livres sont rangés par couleur ainsi que mon armoire, où sont rangés mes vêtements cachés par un rideau blanc.

Des photos et des dessins de moi et de ma famille sont aussi scotchés au mur.

Et enfin un coffre en bois marron foncé sur lequel repose un tissu en dentelle fait par ma grand-mère, contient tous mes doudous et mes journaux intimes. J'ai arrêté d'écrire dedans il y a deux ans, lorsque nous avons subitement quitté le Brésil pour le Mexique.

Heureusement, j'ai la chance d'avoir une chambre pour moi toute seule comparé à mes frères qui dorment ensemble.

-Lénaya !! crie ma mère.

-Oui mamãe (maman)?

-Viens m'aider s'il te plaît, minha filha (ma fille).

-J'arrive.

Je me lève de mon lit et sors de ma chambre. La maison est étrangement calme, mais c'est normal puisqu'il n'y a que ma mère et moi aujourd'hui. Mes frères sont partis avec leurs amis et mon père est sorti faire du bateau.

Je descends les escaliers qui, comme d'habitude, grincent. Arrivée en bas, je pénètre dans la pièce qui sert de salon. Un canapé deux places en cuir marron couvert d'un plaid fait main par ma mère, occupe la place principale. Il y a une table basse en bois marron devant. Et, accrochée sur le mur, la télévision est allumée sur une chaîne locale d'informations. Je regarde attentivement et remarque le titre :

« Une guerre de cartel sans précédent est en cours dans les rues de Veracruz ».

Je ne suis plus surprise, déjà quand nous étions au Brésil, il y en avait régulièrement, mais après notre déménagement au Mexique, cela a augmenté.

Selon les journalistes, Veracruz occupe la cinquième place en termes de mortalité dans le pays.

Je lève les yeux sur la croix posée au-dessus de la télé. Je fais le signe de croix, priant Dieu pour que ces guerres s'arrêtent.

Ma mère m'appelle à nouveau. Je sors donc du salon, et passe par l'encadrement qui permet d'arriver dans la cuisine typiquement Mexicaine. Le sol en carrelage rouge contraste avec les placards jaunes et le plan de travail bleu. La plupart des étagères sont remplies de bols, de saladiers, d'ustensiles.

Ma mère est devant la gazinière, en pleine préparation du repas de ce soir. Elle porte un haut blanc accompagné d'une jupe rouge vermillon à motifs blanc, rappelant la couleur de son haut. A mamãe é a mais bela. (Ma maman est la plus belle). Je m'approche d'elle, en sentant l'odeur de son plat. Je reconnais immédiatement l'odeur du chilaquiles. C'est l'un des seuls plats mexicain que ma mère cuisine, il est concocté à base de tortillas craquantes et accompagnées de viandes, de légumes, d'un œuf et d'une sauce à base de piment puis parsemé de fromage.

SILENCIOWhere stories live. Discover now