Chapitre 25 - Chaos

4 1 0
                                    


À l'instant où le corps d'Isabelle s'écrasa au sol, tout se précipita. Samuel s'approcha pour me saisir par la taille et m'éloigner. J'enfonçai mes ongles dans ses mains et posai les bracelets en argent dessus. En cherchant à reculer, il trébucha dans la boue. Nous tombâmes l'un sur l'autre. Les convives commencèrent à se lever, pris de peur. Un vampire et une enchanteresse suffisaient à les déstabiliser.

— Il est seul ! cria Archibald.

Un silence de mort tomba sur la clairière. Alec releva le menton en jetant sa cigarette sur le sol.

— Le crois-tu vraiment ? Je ne suis pas stupide.

Une silhouette émergea des arbres, les mains dans les poches. Mon cœur se gonfla d'amour et de reconnaissance lorsque je reconnus Victor.

— Je suis venu te rendre ça, Archibald.

Sans plus de cérémonie, il jeta un objet sur le sol. Celui-ci roula jusqu'à nous. J'eus un haut-le-cœur en découvrant la tête presque momifiée d'un vampire. Ses dents trop grandes pour sa bouche dépassaient. Des veines noires ressortaient sur son visage. Il n'avait plus d'yeux.

Archibald se leva, l'air parfaitement calme. Il jeta sa canne inutile sur le sol et contempla le crime.

— Je suis sûr que tu y as pris beaucoup de plaisir, mais ce n'est pas mon seul héritier.

— Crois-moi, je prendrais le temps de m'occuper de chacun d'eux.

Toute la tendresse que je connaissais de mon ami avait déserté ses traits. Son regard pour l'autre vampire m'effraya, j'ignorais cette part sombre de lui. Peut-être n'avais-je jamais voulu la voir.

Samuel me repoussa. De son côté, Alphonse ne bougeait toujours pas. Livide, il recula contre la statue du Dieu cerf. Comme si cela pouvait le protéger. Je rampai pour m'extirper de ce bourbier, ma robe était lourde à cause de la boue. Adieu la blancheur immaculée. J'essuyai mes mains sur le tissu, un peu désolée pour Lucille.

Une explosion retentit. Cela venait de la ville.

— Oh, et vous avez énervé une fée. Un véritable exploit !

Lily était donc là aussi. Je ne pus m'empêcher de sourire, jamais je n'aurais imaginé qu'ils viendraient tous me chercher.

Sur un geste d'Archibald, les vampires se levèrent, certains se mirent autour de lui pour le protéger tandis que les autres se dressaient face à Alec et Victor. Je retins ma respiration. Le silence se fit dans le sanctuaire, le temps d'un ultime instant. La tension était palpable et étouffante. Les sorciers se levèrent, les uns après les autres, délaissant leurs femmes. Alphonse réagit enfin, bougeant pour donner des instructions aux autres.

Je reculai dans l'ombre. D'une main, j'essayai de retirer les bracelets à mes poignets. Sans l'argent, je pourrais utiliser ma magie de manière plus conséquente. Ce serait mieux que de la boue pour emprisonner les chaussures de quelqu'un. Quelque chose de pointu me chatouilla le bas du dos.

— Merde, jurai-je.

— Avance, ordonna Yann.

Décidément, ils ne lâchaient rien ces sorciers !

La pointe de sa lame s'enfonça un peu plus. Il y eut un cri, je me figeai.

Les sorcières se retournèrent contre leurs geôliers. Malgré les chaînes autour de leurs poignets, certaines parvinrent à faire usage de la magie, les autres utilisèrent leurs coudes et leurs pieds. Cela me donna une idée.

Ce(ux) qui nous tue(nt)Where stories live. Discover now