Let's Break the Ring

• 41 •

— Donc si je comprends bien, Denzel, récapitula Maureen alors qu'ils se dirigeaient vers la fameuse boutique. Tu as 24 ans, bientôt 25, Grumpy en a 24 et Fafou 20. Mais vous vous êtes tous rencontrés au lycée ?

— Exactement ! confirma Jeremy.

— Fafou, t'as sauté combien de classes ?

— Ah non, pas moi ! répliqua Raphaël. Daryl a sauté une ou deux classes mais j'étais encore au collège, moi.

— Ah ouais, il était en 8e année, la dernière année de collège et nous en derniere année de lycée, la 12e, expliqua Jeremy.

— Commennnt ? s'étonna Maureen. Je veux dire, nous on s'approchait pas des lycéens dans les écoles que j'ai fréquenté si je me rappelle bien.

— J'étais courageux, moi, affirma fièrement Raphaël.

— Tu t'es presque fait pipi dessus, sale mytho, objecta Jeremy.

— Même pas vrai !

— Tu tremblais !

— Il faisait super frais !

—  Tu bégayais !

— Il faisait méga frais !

— T'arrivais pas à lever les yeux !

— Il faisait hyper frais !

— On était en automne, bro !

— Bah il faisait deux fois ma taille, Daryl, et il regardait trop trop mal putain ! avoua finalement Raphaël en déclanchant le rire général.

Jeremy expliqua plus tard que Raphaël  était venu les voir après un entraînement de basket et que Daryl — alors âgé de 17 ans — avait intimidé le petit Raphaël de 13 ans par son regard ou son comportement qui lui exprimait sa totale désapprobation concernant sa présence constante, cette manière de les suivre partout — fin, c'était surtout Jeremy qui l'invitait tout le temps.

— Oh donc il a toujours été comme ça, Grumpy ? remarqua Maureen. J'ai toujours pensé que c'était quelque chose qui avait pu le changer comme ça.

Jeremy se gratta la nuque d'un regard fuyant avant de se racler la gorge.

— Ce serait pas ton magasin là ? fit-il remarquer en pointant un magasin au loin.

— Ouiii ! s'écria joyeusement Maureen en pressant le pas.

Amusés par cet enthousiasme, ses deux amis la suivirent, souriants.

Ils rentrèrent dans le magasin où résidait plusieurs accessoires et commençaient à choisir leurs porte-clés tandis que Maureen faisait connaissance avec le propriétaire, un japonais d'une cinquantaine d'années.

— J'aime bien celui-là, fit Jeremy en prenant deux porte-clés sur lesquels il y avait des ballons de basket.

— Pourquoi tu en prends deux ? le questionna Raphaël.

— Daryl.

— Oh, tiens je vais en prendre une pour mamie aussi !

Maureen de son côté réglait un compte — pas sérieux — avec ce propriétaire qui lui avait demandé pourquoi elle n'était pas au lycée à cette heure-ci juste avant d'évoquer une de ses fugues de sa vie de lycéen à l'époque alors qu'il avait "son" âge. C'en était suivi de menaces de Maureen comme quoi si il ne trouvait pas son âge exact, elle n'allait rien payer du tout.

Bien-sûr, des éclats de rire se faisaient entendre. Le cinquantenaire semblait maussade lorsqu'elle et ses amis avaient mis pieds dans le petit magasin alors en jetant un coup d'œil à tous les articles, elle voulait sûrement faire de ce magasin un endroit habituel mais cela n'était pas possible si le propriétaire des lieux n'était pas agréable. C'était ainsi qu'à tous les endroits qu'elle fréquentait habituellement, on la reconnaissait comme une cliente fidèle, voire une amie — à part un café au Genesis Town où la propriétaire n'avait jamais changé son expression renfrognée malgré ses blagues, rendant ainsi l'ambiance du café morose, du point de vue de notre protagoniste.

Elle choisit finalement deux porte-clés respectivement en forme d'avocat souriant et d'un qui représentait 'Hello Kitty'.
Pendant que Raphaël et Jeremy allaient voir d'autres articles que proposait le magasin, Maureen se décida à appeler sa mère un peu plus loin.

— Maman ! Tu es où ? Tu es avec papa ?! fit-elle dès que celle-ci avait décroché.

— Euh oui, je suis avec ton père, pourquoi ? répondit Mme. Elena, surpris par son enthousiasme.

— Parfait ! J'ai besoin de vous voir tous les deux et tout de suite, bougez pas !

— Ah oui ? Pourquoi ?

— J'arrive dans...20 minutes !

— On peut t'envoyer un chauffeur, où est-ce que tu es ? Chez Leeloo ?

— N-..euh, oui !

— D'accord, très bien alors.

— Merciii !

Elle raccrocha puis retourna voir ses amis et ce qu'ils avaient choisis. Elle paya ensuite et ils sortirent en continuant de discuter après l'avoir chaleureusement remerciée.

— Maintenant on fait quoi ? les interrogea Raphaël.

— On retourne voir ce petit morveux ? proposa Jeremy en levant la tête pour regarder le bâtiment de l'entreprise dont ils s'approchaient.

— Ce sera sans moi malheureusement, annonça Maureen alors qu'ils arrivaient sur la rue de l'entreprise. Je dois aller mettre mon plan à exécution avec mes parents.

— Oh tu rentres déjà ? se plaignit Raphaël en s'arrêtant brusquement.

— Oui mais je reviendrai sûrement demain, répondit Maureen en le décoiffant.

— Tu nous tiens au courant ? s'informa Jeremy.

— Bien-sûr ! promit-elle avant de remarquer la voiture qui venait d'arriver. Ah, je vais y aller !

Elle prit amicalement ses deux amis dans ses bras à tour de rôle avant de partir vers la voiture, le petit sachet contenant ses porte-clés.
Les deux amis regardèrent la voiture disparaître en lui faisant des signes de main.

— Elle est tellement cool ! déclara Raphaël.

— Oui oui..., fit Jeremy en plissant des yeux.

— Tu penses à quoi ?

— À ce que manigance Baba Yaga avec elle, c'est pas normal.

— Comment ça ?

— Elle est adorable, Maureen, et c'est pas pour être vexant mais c'est pas vraiment le genre de fille que Baba Yaga aurait choisi pour Daryl, tu vois ce que je veux dire ?

— Oui j'avais remarqué, on dirait d'exacts opposés, Daryl et elle.

— Mais elle et Baba Yaga aussi, c'est le problème. La connaissant, elle aurait choisi quelqu'un qui lui ressemblerait pour continuer de contrôler son fils. Ma tante ne fait jamais rien par hasard..

— J'avoue... Mais on ne peut pas rentrer dans la tête de cette femme alors, essayons juste de découvrir ?

— Mmh..

— Tu viens ? reprit Raphaël en le devançant.

— Ouais, j'arrive !