13 | YARA

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SONG : Back to Black – Amy Winehouse


🕯


La souffrance dans ses yeux. 

Le regret qui immerge dans chacun de ses pores lorsqu'il pose le regard sur moi. 

Il ne pleure pas, mais je les vois, ses larmes qui n'ont rien de doux. Elles sont aiguisées et lui tranchent un peu plus les joues chaque fois qu'elles coulent. 

La lueur d'espoir ne brille plus dans ses yeux, elle est remplacée par de la désillusion. Tous les souvenirs du passé, les bons comme les mauvais, il ne garde que le pire pour se renfrogner dans une bulle de rage qui attend d'exploser et de ravager le monde sur son passage. 

Il me rappelle une personne qui s'est mis sa famille à dos pour vivre de ses rêves. Et chaque fois qu'elle montait un niveau, les gens la traitaient de fille errante. 

Pas de maison, pas de parents, juste son agent. 

Et j'ai eu le cœur rempli de chagrin quand j'ai su qu'il ne reviendrait jamais après l'erreur que j'ai faite. Alors je me suis terrée dans le déni et j'ai continué à sourire au monde bien que ça me rendait malade de faire semblant. 

Oui, tout va bien en apparence, mais celui qui me connaît réellement, verra à quel point je suis brisé. À quel point les mots ont un impact si fort qu'ils vous enterrent vivant, sans que vous n'ayez le temps de réaliser ce qui se passe autour de vous. 

Je ne sais pas à quel point il a pu souffrir de mon départ, de sa nouvelle vie, de ses nouvelles conquêtes, de la violence et de la peur de se faire surprendre, et de la mort de son frère... 

Je ne sais rien parce que je l'ai abandonné au lieu de lui faire confiance. 

Aimer quelqu'un plus que l'on s'aime soi-même, ça fait peur et je n'étais pas prête à me perdre dans les bras d'une autre personne que moi. 

Et dans le cas où je ne lui avais pas lâché la main, que serait-il devenu ? Ce serait-il engouffré lui-même dans les ténèbres pour de l'argent et de la reconnaissance ? 

Le proverbe de Sarqan fait part de la peur de l'oubli avant de mourir. Il faut que l'on sache qui a marqué cette époque et à quel point ça à bouleverser le monde. 

« J'aimerais laisser une trace de moi avant de mourir. Parce que oui, la mort ça fait peur, mais... L'oubli, c'est pire. » 

Et quelque part, c'est comme si j'avais vécu avec ce proverbe tagué sur chaque mur après le braquage, moi aussi. 

Assis en face de moi, dans le jet privé pour rentrer à New York, je ne peux m'empêcher de tracer des yeux chacune des courbes brutales de son visage. Quelques mèches rose saumon au bout de ses cheveux qui disparaîtront au prochain rafraîchissement de coupe. Son nez paraît si tranchant, mais personne ne sait à quel point il est si doux. 

Personne excepté moi. 

Et j'ai envie de m'enfouir dans sa vie pour éplucher chaque passage qui lui a fait du mal. Je veux le comprendre plus que je ne désire vivre. 

Il est devenu une énigme, la seule qui m'est impossible de résoudre. La seule qu'il m'interdira de franchir.

─ Yara, intervient Gabriella à mes côtés, la tablette sur ses genoux. Nous n'aurons pas le temps de rentrer au penthouse pour y déposer les affaires. On ne peut pas retarder le shooting photo.

𝐒𝐀𝐑𝐐𝐀𝐍 | 1 et 2 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant