5 sens

Chapitre 3

La nuit, sombre et remplie de gros nuages noirs, venait de tomber. Hanna attendait Louisa, elle était en retard comme d'habitude.
Elle lui envoya un message, puis regarda par la fenêtre. Elle se plongea dans ses pensées.

Le silence régnait dans le petit studio.

Bien que ce soit illégal, puisqu'elle était encore mineure, Hanna vivait seule.
C'était son second secret.

"Il commence à pleuvoir, on est bien au mois de novembre.
Je déteste la pluie, plus que tout.
Ah, non, ce que je déteste le plus en fait, c'est d'être seule."

Ses parents étaient morts lorsqu' elle avait 9ans, elles ne savait même pas comment. Personne ne lui avait dit et elle avait eu trop peur de demander.
Elle était " trop jeune pour savoir et pour comprendre". Tels étaient les mots qu'elle avait maintes et maintes fois entendus lorsque des adultes parlaient en sa présence.
Même si elle gardait très peu de souvenirs de cette sombre époque, elle se rappelait tout de même du vieux monsieur. Il l'avait fait monter dans sa voiture pour l'emmener dans une famille d'accueil alors qu'elle pensait retrouver ses parents.
"Avoir une voiture verte, c'est très bizarre..." avait-elle pensé.
A ce moment-là, elle ne s'imaginait pas vivre une pareille vie.
Sa famille d'accueil horrible, elle avait fuguée et personne n'était partie à sa recherche, c'était ce qui lui avait fait le plus de peine : personne ne prenait soin d'elle, tout le monde s'en fichait...
Ses préoccupations étaient passées de quel parfum de glace prendre à comment dormir dans la rue s'il venait à pleuvoir.
Elle avait 11 ans.
Elle avait 11 ans et elle vivait dans la rue, seule.

A chaque fois qu'il pleuvait comme ce soir-ci, Hanna regardait par la fenêtre et repensait a ces terribles nuits passées dehors, au vieux monsieur, à la solitude, à l'horrible voiture et au fait qu'elle devrait découvrir ce qui est vraiment arrivé à ses parents. Car, maintenant, elle en avait besoin. Elle avait besoin de savoir. Elle avait trop longtemps refoulé cette question au fond d'elle, et ce depuis des années, parce qu'elle avait peur. Peur de l'inconnu et peur de souffrir pour rien. Mais aujourd'hui, le désir de savoir dépassait sa peur.

La sonnette la sortie de ses pensées, elle alla ouvrir la porte :
-Pizza, orientale avec supplément sauce pimentée pour personne ayant des tendances suicidaires, tellement ça pique ?!
-Oui c'est pour moi, répondit Hanna en se forçant de ne pas de rire.
Louisa se tenait dans l'encadrement de la porte.
Hanna la laissa entrer.
-Non mais franchement, comment tu fais pour manger ça ? Tu peux pas prendre une quatre fromages comme tout le monde ?
-Nan, c'est pas bon, ça pue, alors que dans la pizza orientale y'a du goût, des merguez, des oignions, des poivrons et dans celle-ci t'as de l'huile de tournesol, même si je préfère les pizzas avec de l'huile d'olive ! répondit Hanna
-Parce que t'arrives à sentir la différence entre une pizza orientale avec de l'huile d'olive et une pizza orientale avec de l'huile de tournesols ? se moqua Louisa
-Et bien oui, ma chère !

Tout en continuant de bavarder, elles s'assirent et commencèrent à manger leur pizza.

Hanna aimait bien ces petites soirées avec Louisa, à manger de la pizza, à regarder des séries américaines et à se moquer des gens de leur lycée.
Louisa était sa seule amie. Elle était toujours souriante, drôle et dynamique.
De plus, c'était la seule personne à savoir qu'elle vivait seule.