XXV/It's over

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Nous marchons tous deux, main dans la main vers ma maison. Personne n'ose rien dire. Le silence règne, un silence tellement agréable. Se taire en dit énormément. Liam me l'a prouvé en m'embrassant précédemment. C'était tellement réconfortant de sentir ses lèvres sur les miennes à nouveau, son corps contre le mien.
A quelques pas de ma demeure, des phares de voiture nous éblouissent violemment. La voiture, une berline noir, se gare à quelques mètres de nous en vitesse. Les phares s'éteignent, le moteur se stoppe. Je ne peux voir le conducteur de par les vitres teintées du véhicule. Je serre la main de Liam un peu plus. Je recule de quelques pas. Tout ça ne m'inspire pas confiance. La portière s'ouvre, une main se pose à son sommet, à son poignet le conducteur possède une Rolex en or, la même que mon père. Tout d'un coup, je comprends.

-Liam, cours !

C'est à ce moment que nous entreprenons un sprint effréné pour nous éloigner au plus loin de la pourriture qui me sert de père. Sans trop réfléchir j'enlève mes chaussures le plus vite possible et continue de courir. Liam court beaucoup plus vite que moi, mais il me tire par la main, nous courons, toujours tout droit, au plus loin. Je sais que je ne vais pas tenir longtemps. Mais je ne m'arrêterai jamais. Pas pour lui. Mes pieds heurtent le sol goudronné, ne me facilitant pas ma course. D'un coup, un bruit éclatant et sourd nous parvient aux oreilles, nous nous retournons brutalement, il est armé. Nous traversons la route pour aller sur l'autre trottoir. Nous courons, toujours plus vite, toujours avec cette même adrénaline. La seule pensée qu'il puisse faire du mal à Liam me bouleverse. Les émotions me débordent, je pleure. A bout de souffle nous nous rabattons dans une ruelle sombre. J'entends les bruits de pas se rapprocher, un peu plus à chaque seconde. Je respire frottement, mon rythme cardiaque est élevé, quand les pas se font plus proches, je coupe ma respiration. Je vois mon père passé sans nous remarquer. Un soupire de soulagement s'échappe de moi. Nous attendons, de longues secondes avant se sortir de cette ruelle lugubre. Nous sortons, regardant à droite à gauche. Nous traversons la route en marchant.

-Je tue lequel en premier ?

Cette voix glace mon sang. Je presse la main de Liam fortement. Je tremble. Nous nous retournons. Sorti de nulle part. Il est là, à une dizaine de mètres de nous. Nous pointant son arme dessus. Son regard est froid et enragé. Il me terrifie.

-Il faut que l'on se sépare, me chuchote Liam d'une voix presque inaudible.
-Pourquoi ?!
-Il ne sera pas sur qui tirer en premier, il est très fragile, et certainement ivre.
-D'accord.
-A trois. Un. Deux.

Je jette un dernier regard à mon père.

-Trois.

Je lâche la main de Liam. Je pars. Loin. Je cours. Je m'enfuis. Oui, pour la première fois, je fuis. Je suis libre. Toutes ces années de souffrances. Je vais lui rendre, de n'importe quel moyen. Des larmes chaudes ravages mon visage, des larmes de haine, d'amertume. En un coup d'œil, je découvre la voiture de mon géniteur. La portière est toujours ouverte. Il n'est pas derrière moi. Je pense à Liam. J'espère de tout mon cœur qu'il n'aura rien. Qu'il touche à un seul de ses cheveux ; il payera le triple de ce qu'il me doit. Je m'approche du véhicule. S'il a une arme sur lui, il en a peut-être une autre. Je fouille et farfouille dans tous les recoins ; sous les sièges, la banquette arrière. J'ouvre la boite à gant brutalement : une arme. Je ne perds pas une seconde et prends le revoler. Déterminée à lui faire payer. A peine sortie de la voiture, je mets l'arme contre l'élastique de ma jupe et ma peau, et la recouvre de mon débardeur. Il faut maintenant que je retrouve Liam au plus vite. Je saisie son cellulaire en espérant qu'il puisse répondre. Les sonneries s'accumulent, mon espoir s'évapore à chaques secondes passées.

-Cache-toi, sauve-toi, je t'aime Angel.

Ceux sont les seuls mots qui sortent de mon portable. Il a répondu et raccroché aussi tôt. Je suis désemparée, je ne sais pas où il est, et je sais malheureusement que les limites de mon père sont inexistantes. Je retourne dans la voiture, et me souviens que dans tous les gadgets inimaginables que mon père a pu acheté à prix d'or, il y a cette fameuse fonction pour découvrir en temps réelle où sont les individus grâce à leur téléphone portable. Je compose le numéro de Liam grâce au clavier juxtaposé à l'écran. Mais je me rappelle que ce n'est pas lui que je cherche mais mon père. J'efface les chiffres et les remplacent par ceux de mon géniteur. Deux points s'affichent sur l'écran un bleu et rouge. Je suis le bleu. Le rouge bouge constamment. Je regarde le volant. Je ne réfléchis pas plus d'une seconde, ferme la portière et mets le contact grâce aux clés restées sur la voiture. Je ne sais absolument pas conduire. Je découvre par hasard la marche à arrière et me voila en plein milieu de la route. J'appuis sur une pédale, mais rien. Ça doit certainement être le frein. J'essaie celle d'à côté. La voiture démarre à une allure fulgurante. Je perçois furtivement que je me rapproche dangereusement du point rouge qui est mon père. Je presse le volant avec insistance, je dois tourner à gauche, je décélère et tourne le plus vite possible. J'allume les phares. Je vois deux hommes courir. Liam qui est devant et l'autre. J'accélère pour me trouver à la même hauteur que mon père. Vingt mètres les sépare. Instinctivement, je rabats le volant à droite, lui bloque la route, et freine violemment. Mon père a heurté sa propre voiture, voici l'ironie du sort. Je descends du véhicule en vitesse et rejoins Liam. Il est à terre, sur le dos. Une main sur son épaule.

-Liam ! Qu'est qu'il t'a fait ?! Dis-je horrifiée.
-Rien, ça va... Arrive-t-il à peine à articulé.

Son épaule est en sang. Son visage est crispé de douleur. J'ai mal pour lui.

-Derrière toi, balbutie-il avant de perdre connaissance.

Je suis saisie d'effroi. Je prends l'arme dans ma main, et me lève, restant dos à lui.

-Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai attendu ce moment, se réjouit-il.
-Je n'en doute pas. Mais tu es faible à ce point ?
-De quoi parles-tu ?!
-Tu es faible au point de me tuer avec une arme alors que tu pourrais utiliser tes mains comme tout au long de ta vie ?

Il ricane. Un objet heurte le sol. Je tourne la tête de quelques degrés et aperçois son arme posée au sol. Je me retourne, pointe l'arme sur lui.

-C'est fini, je déclare avant d'appuyer sur la détente.

La balle atterrit en plein cœur. Il s'effondre au sol. Il est toujours conscient. Je m'accroupis à ses cotés et approche ma bouche de son oreille.

-Dans l'enfer où tu seras, c'est bien toi le meilleur dans le pire, tu as voulu me rendre la vie impossible, tu as réussi, tu as voulu me faire mal, tu as réussi. Mais ce que tu ne voleras jamais, c'est ma vie. Car je te l'ai dérobé. Tu as voulu joué, tu as belle et bien perdu. Bon voyage au pays des morts, cher père.

Je saisie mon téléphone et compose le numéro des urgences. Je les informe de ma position, et des conditions. Je m'assois en tailleur aux cotés de Liam. Je vérifie son poul, il est toujours vivant. Je prends sa main, elle est glacée.

-Liam ? Tu m'entends ?

Aucune réponse. J'ai un pincement au cœur. Une larme s'échappe de mes yeux. Sans moi, rien ne lui serrait arrivé...
Les sirènes des ambulances ne parviennent aux oreilles. Les médecins portent Liam et le dépose avec délicatesse sur un brancard.

Save meWhere stories live. Discover now