Save me

XXVI/She loves him

Les bips constants de la machine envahissent mon esprit et détruisent peu à peu mon espoir. Les médecins me l'ont dit il est en vie, il va s'en sortir, son état est stable. Mais ça me crève de le voir dans ce lit. Il n'y a que moi pour l'instant qui soit au courant de la situation. Que vont en penser ses parents ? Quand ils rentreront dans la chambre, ils le verront, inconscient dans ces draps blancs. Je jette un regard furtif à l'horloge accrochée au mur, il est 3h, 3h du matin, cela fait près d'une heure que je reste à son chevet, combien de temps dois-je encore attendre pour qu'il ouvre ses yeux ou prononce ne serait-ce qu'une syllabe ? A chaque minute qui défile, je me dis que ça devrait être moi, dans ce lit, il n'a pas à avoir mal pour moi.
Quelqu'un toque à la porte et entre. Un homme vêtu d'une longue blouse blanche.

-J'ai averti la famille, elle arrivera d'une minute à l'autre.
-D'accord, merci, dis-je d'une petite voix.

Il ressort aussi vite qu'il est entré. Liam est dans une chambre simple, elle est seulement meublé, d'une table de nuit et d'une chaise pour les visiteurs. Je suis assise sur cette chaise, ma vision est fixée sur Liam, dans l'attente d'un signe, d'un battement de cils, mais rien. Soudainement, la porte s'ouvre avec violence, je me lève de ma chaise en vitesse, le père de Liam à l'air furieux, c'est compréhensible, sa mère est en pleurs. Tous deux prennent une des mains de leur fils. Ils lui parlent. Les médecins disent qu'il entend et comprend. Je lui ai bien répété une cinquante de fois mon amour pour lui. La mère de Liam, se retourne et me prend dans les bras. Je ne comprends pas trop... Elle pleure toujours. Je fais de mon mieux pour la consoler mais, c'est dur.

-Merci, merci du fond du cœur, me dit-elle.

Merci ? Votre fils à frôlé la mort par ma faute... Je ne comprends pas. J'ai certainement du faire quelque chose inconsciemment ...

-De rien...

Elle brise notre étreinte et m'offre un de ses plus beaux sourires. Elle essuie les larmes sous ses yeux à l'aide de ses deux index. Le père de Liam pose son regard sur moi, je ne l'avais jamais vu auparavant. Il m'adresse un faible sourire, ne prononce pas un mot.

-Je vais vous laisser avec lui, je reviens dans un petit quart d'heure... Dis-je avant de sortir de la chambre.

Je suis dans ce long et large couloir blanc, à son extrémité j'aperçois un distributeur de boissons et nourriture. Je me dirige vers lui. Je sors une pièce de deux pounds de la poche de mon jean et la met dans la fente du distributeur. Je sélectionne le numéro 23 faisant référence à une canette de Ice tea à la pêche. Alors que je m'abaisse pour prendre ma canette trois hommes en uniforme de police m'abordent.

-Vous êtes bien mademoiselle Connor ? Me demande l'un d'entre eux.

Je mens ? Je dis la vérité ? Peut-être qu'ils savent déjà la vérité...

-Oui, pourquoi...
-Veuillez-nous suivre s'il vous plait.

J'ai l'impression qu'il ne faut pas rigoler avec ces personnes là... Je suis deux hommes et le troisième clôture la marche. Nous avançons dans le couloir en revenant vers la chambre de Liam, nous la dépassons. Je ne sais absolument pas où nous allons, et je ne suis pas du tout rassurée. Nous nous arrêtons devant l'ascenseur. Il s'ouvre et nous entrons tous. Il y a un des hommes à ma droite, un à gauche, et un derrière moi. Je suis très mal à l'aise. Nous arrivons au rez-de-chaussée. Nous entrons dans une petite pièce, il n'y a qu'une table blanche avec un dossier sur le dessus et deux chaises, l'une en face de l'autre.

-Asseyez-vous, m'ordonne un policier avant d'asseoir en face de moi.

Les deux autres hommes restent debout devant la porte. Le policier prend le dossier entre ses mains et l'ouvre. Il met une photo sur la table, celle de mon père, inconscient sur le bitume.

-Vous connaissez cet homme ?
-C'est mon père.
-Il est mort, j'en suis désolé pour vous, dans son milieu il doit avoir beaucoup d'ennemi, je vous promets que nous allons faire de notre mieux pour retrouver...
-C'est moi.

Ses sourcils se lèvent, ses yeux s'agrandissent.

-Pardon ?
-J'ai tué mon père.
-Etes-vous sur que ça va mademoiselle Connor ?
-Parfaitement bien.
-Donc, si nous comparons vos empruntes à celles retrouver l'arme du crime, elles seront identiques ?

C'est aberrant l'intelligence de la police !

-Je l'ai tué, car si ce n'était pas lui, ça aurait été Liam et moi.
-Qui est-Liam ?

C'est là qu'a commencé, cette fameuse histoire digne d'un roman policier. Je leur ai tout raconté, dans les moindres détails. Je voyais sur l'horloge en face de moi, les minutes défiler au fil de mon discours. Une fois fini, j'ai pu rejoindre Liam. Me revoilà donc sur le chemin, marchant le long du couloir blanc. L'aube s'est levée, il est au alentour de 6 heures du matin. Dans mon élan pour ouvrir la porte de sa chambre, je m'aperçois qu'elle est déjà ouverte. Je regarde discrètement qui tient compagnie à Liam : Courtney. Elle est debout à ses cotés. Je rentre en toussant, pour l'avertir de ma présence. Elle lève les yeux et m'adresse un faible sourire. Les rideaux translucides laissent pénétrer les premiers rayons du soleil. J'observe par la fenêtre, Liverpool se réveille, les premiers salariés rejoignent leur travail, les premiers commerces ouvrent leurs portes.

-Je suis désolée Angel...

Ces quelques mots sortent de la bouche de Courtney, je n'en crois pas mes yeux. Je me retourne et lui fait face, toujours abasourdie par ses paroles.

-Pardon ?
-Liam m'a tellement parlé de toi, à chaque fois, il fallait qu'on parle de toi, toujours toi, Angel par ici, Angel par là, alors je suis désolée, mais Liam, il est à moi.

Je n'ai jamais aimé Courtney, pour de bonnes raisons. Mais là... Je ne sais pas ce qu'elle essaye de me faire comprendre. Je ne sais absolument pas si Liam lui a dit pour nous deux.

-Tu, Liam et toi vous êtes ensemble ? Je demande le plus naturellement possible.
-Non...

Bon. Je ne comprends plus rien...

-Mais je l'aime... Je l'aime tellement, m'avoue-t-elle.

Je ne sais pas quoi répondre. Rien. Ses mots me coupent la parole.

-Il est tellement gentil avec moi, c'est le seul qui me comprend, qui me connait vraiment, je suis aussi la seule à le connaitre vraiment... Je sais très bien qu'il t'apprécie, mais sache que c'est moi qu'il aime.
-Non !

Mes mots ont dépasser ma pensée.. J'aurais peut-être du rester muette.

-Comment ça « non » ?
-Courtney, tu es sa meilleure amie, rien de plus...
-Parce que tu crois que t'es quoi pour lui ?

Pendant notre discution, mon regard est braqué sur le visage angélique de Liam.

-C'est moi qu'il aime, je l'aime.

Je ramène mon regard au sien. Son teint vire au blanc, son visage se décompose.

-Tu l'aimes tellement, que tu viens après moi lui rendre visite à l'hôpital.
-Et lui, il m'aime tellement qu'il a prit cette balle pour moi, je l'aime tellement, que je lui ai tenu la main, pendant tout le long du trajet dans l'ambulance, que je l'ai accompagné jusqu'ici.

Elle reste muette. Son regard émeraude me transperce. Je vois ses lèvres tremblantes, je distingue ses yeux s'humidifier. Subitement, un long bip sonore aigu et perçant comble le silence. Brusquement, je remarque le cardiogramme n'afficher qu'une seule et même ligne droite.