Chapitre 8

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Lisa alla directement voir Espoir après avoir nourri les chevaux le lendemain. Il sembla content de la voir arriver avec des granulés et trottina vers elle.

- Eh bien bonhomme, on dirait que tu as faim, s'enquit-elle en lui gratouillant l'encolure.

Elle posa le seau à terre, et il se jeta dessus comme s'il n'avait pas mangé depuis des mois. Lorsqu'il eut terminé, elle lui enfila un licol en cuir et passa la longe par-dessus son encolure. Puis elle ramassa le bouchon avec lequel elle l'avait brossé la veille pour le désensibiliser et le lui présenta. Il pointa ses oreilles vers l'avant et bloqua sa nuque en hauteur, manifestement pas très rassuré. Lorsqu'il rapprocha son museau, elle passa doucement l'objet dessus pour l'embêter un peu. Il se leva de quelques centimètres, et elle comprit qu'il avait surtout envie de jouer. Elle lui gratouilla la joue avec insistance, et remonta jusqu'à son museau - généralement, les chevaux n'aiment pas trop qu'on y touche exagérément, cela dit c'est un bon moyen de provocation - puis comme il s'énervait un peu, lui donna un petit coup de poing sur l'épaule. Il se leva et partit au galop. Elle le rattrapa et s'amusa à lui faire peur après l'avoir caressé. Il finit par partir à faire ses bêtises tout seul. Fit des bonds dans tous les sens, piqua un galop, s'arrêta, fit demi-tour, quelques foulées de trot, se cabra et décocha une ruade derrière, puis revenait vers la jeune fille, secouait son encolure et relevait la tête, la regardait, repartait faire l'andouille, revenait... Elle le coursait un peu, lui demandait de la suivre, de faire quelques figures... Il semblait s'être fait rapidement à la vie à Lavende Ouest - ce qui n'était pas très compliqué, il faut le reconnaître. Finalement, il avait juste besoin d'un peu d'affection. C'était un étalon proche des hommes, aussi étrange que cela puisse paraître. Elle lui demanda de la rejoindre, et après quelques gratouilles pour le détendre et lui faire comprendre que le jeu était terminé pour le moment, elle ramassa le bouchon et entreprit de le brosser. Dans la bataille, il s'était roulé dans un trou encore humide à cause de la rosée et avait le dos et la croupe pleins de boue. Elle la lui présenta et il essaya d'arracher les pics avec ses dents.

- Non, non, on ne mange pas ça Espoir, c'est une brosse !

Elle la lui passa doucement sur la tête. Il se recula brusquement mais elle s'avança en tirant légèrement sur la longe. Quand il s'arrêta, elle arrêta de tirer et lui représenta la brosse. Il la sentit en soufflant fort dans ses naseaux. Elle la repassa sur sa tête en lui caressant doucement le chanfrein. Elle attendit qu'il se détende avant de recommencer une dernière fois l'opération. Il ne réagit plus la troisième fois et sembla même aimer ça. Toujours en tenant la longe, elle se déplaça et passa la brosse sur son encolure. Il tressaillit, mais pas plus. Elle continua sur son dos, sa croupe, puis ses jambes, et elle termina par le ventre. Il sembla adorer. Elle commença doucement à le brosser. Il ne réagit plus, et il lui sembla qu'il faisait du cinéma, parce qu'il avait l'air de savoir parfaitement ce que c'était. Décidément, c'était un sacré numéro. David arriva enfin alors qu'elle terminait de nettoyer son antérieur gauche.

- Qu'est-ce que tu faisais ? demanda-t-elle. Il est dix heures !

- Je parlais avec Mélanie. Tu vois, quand on a une relation, on passe du temps avec cette personne, on ne l'abandonne pas.

Elle préféra ne pas réagir, mais elle eut une folle envie de le gifler. Il ne savait pas qu'elle avait des problèmes familiaux. Il était même plutôt certain que sa vie était inexistante, alors il ne se gênait pas pour lui faire des réflexions à ce sujet.

Elle ramassa le tapis, et passa une main sur le dos d'Espoir avec l'objet dans l'autre, le contourna et fit la même chose de l'autre côté. Quand elle fut revenue au niveau de sa tête, elle lui mit le tapis sur l'encolure. Il ne réagit pas. Elle demanda à David de reprendre la longe, et fit glisser le tapis jusqu'à son dos. Il rua et essaya de partir. Elle détendit un peu la longe, et siffla doucement. Il arrêta de tirer. Elle récupéra l'objet et le replaça doucement sur son dos. Il souffla un grand coup. Elle le gratouilla, lui caressa le dos par-dessus le tissu, et il se calma un peu ; puis elle le retira et fit la même chose de l'autre côté.

Lavende Ouest T1 : EspoirWhere stories live. Discover now