Chapitre 12

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Lorsque Lisa revint du pré après avoir rentré Soldat ce soir-là, elle trouva David, assis sur la barrière, en train de regarder le marais.

- Tout va bien ? demanda-t-elle.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? répliqua-t-il du tac au tac.

Elle soupira, monta à côté de lui et lui attrapa le bras pour qu'il fasse face... mais s'empressa de le lâcher lorsqu'il tourna la tête et la foudroya du regard.

- Ecoute, David, ça fait deux jours que tu as l'air ailleurs. Je sais que ce qui se passe chez toi ne me regarde pas, mais je ne crois pas que ce soit ça. Alors, qu'est-ce qu'il y a ?

- Depuis quand est-ce que je te raconte absolument tout ?

Il ne semblait visiblement pas disposé à parler, et pourtant elle continuait d'avoir l'impression qu'il en mourait d'envie.

- Je ne te demande pas de tout me raconter, mais même si on ne s'entend pas, ce n'est pas humain, que je m'inquiète ? Et tu ne parles jamais à personne alors, pourquoi pas à moi. En plus, d'ici peu de temps, tu n'auras plus besoin de rien me dire.

Il soupira de nouveau, l'attrapa par le bras, l'emmena jusqu'au parking, la lâcha sur le siège passager de sa voiture et mit le contact. Elle tenta d'ouvrir la portière mais il la verrouilla.

- Eh, c'est quoi, ce plan ? Tu me kidnappes ?

- Bien sûr que non, jamais de la vie, répondit-il avec dégoût. Attache ta ceinture.

Elle tenta de le défier du regard mais s'aperçut rapidement que c'était inutile, alors elle obéit.

Il sortit du ranch, et s'engagea sur une route sinueuse, en terre. Le trajet fut long et le silence qui régnait dans le véhicule devenait lourd.

- Où est-ce qu'on va ? finit-elle par demander, n'y tenant plus.

- Tu ne veux pas continuer de te taire ? Je préfère le silence, en fait.

- Pas moi. Réponds à ma question, ou j'appelle la police.

Etrangement, sa réplique le fit sourire.

- Détends-toi, Lisa. Je n'ai pas l'intention de te violer, et encore moins de te garder avec moi. Patience, on y est presque. Et puis, c'est toi qui m'as demandé de t'expliquer ce qui ne va pas.

Elle fut encore plus étonnée qu'il lui réponde sur un ton aussi calme, et même... aussi doux.

Ils roulèrent pendant encore cinq minutes, et le jeune homme arrêta la voiture dans une petite cour, devant une maison délabrée. Il fit signe à Lisa de le suivre et l'emmena derrière, où se trouvait un petit pré, dans lequel deux chevaux tentaient désespérément de trouver quelques brins d'herbe sur le sol sec et dur. Elle s'arrêta net, et les regarda quelques instants, très sceptique. Ils étaient maigres, et avaient quelques blessures. Nul doute qu'ils s'étaient battus... Voir des animaux, ou même des gens affamés la révoltait, elle ne supportait pas l'idée qu'on ne puisse pas se nourrir. Malheureusement, les seuls qu'elle pouvait aider, c'étaient les chevaux.

- Qui sont ces chevaux ? finit-elle par demander en le rejoignant à la barrière.

Il hésita un moment avant de lui expliquer :

- Ce sont ceux de mon oncle. Le bai s'appelle Vampire, et le noir, Sultan. C'étaient de très bons sauteurs jusqu'à ce que ce qu'il décide de se tirer à Paris pour trouver un « vrai » travail, comme il disait. Il m'a demandé de les vendre mais... qui voudrait d'eux ? Ils ont la peau sur les os, ils étaient à peine nourris et ça ne va pas en s'améliorant... Je viens ici dès que je peux, et c'est de pire en pire. Ils se laissent mourir ; de toute façon ils savent bien qu'il n'y a plus d'espoir. Et moi aussi.

Lavende Ouest T1 : EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant