Chapitre 25

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PDV Colin

- Comment elle va ?

Je lève la tête et croise les yeux inquiets de Matt. Nous sommes assis dans la salle d'attente à poireauter tandis que les médecins se chargent de Mia. Matt est arrivé un peu avant qu'elle se réveille, mais il a préféré attendre dans la salle d'attente au lieu de rentrer dans la chambre, pour ne pas déranger. Après qu'elle se soit réveillée, je l'ai signalé à sa famille qui a débarqué ici pour la voir. Ils étaient... heureux, tout simplement. Les larmes coulaient à flots et les visages n'étaient plus en proie à une douleur terrible mais à un tas d'émotions puissantes, dont la tristesse, évidemment. Perdre la capacité d'enfanter est je crois l'une des pires choses auxquelles une femme puisse avoir droit. Et Mia... Mia y a eu droit. Et j'ai putain de mal.

- Elle est en état de choc je crois. Mais elle est réveillée alors...

- Je suis tellement désolé mec, sérieux c'est terrible ce qu'il lui arrive. Ce qu'il vous arrive.

- Ouais.

Je ferme les yeux et lutte contre les tas de sentiments qui m'oppressent. Je me sens coincé, enchaîné et bâillonné alors que j'aimerais agir, et surtout hurler, hurler Pourquoi ? à cette vie de merde. Je veux dire, pourquoi elle et pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça et pourquoi aussi douloureusement ? Mais je crains que je n'obtiendrai jamais de réponses à mes questions.

Après que j'aie annoncé cette nouvelle horrible à Mia, elle a juste cessé de parler, de pleurer, et depuis lors, elle n'a prononcé aucun mot, rien. C'est comme si elle refusait de croire en cette réalité en se refermant sur elle-même, pour se protéger. Mais les choses font que tôt ou tard, la réalité nous rattrape, et le coup qu'elle nous met en pleine gueule est encore pire. Et je sais de quoi je parle. C'est pourquoi je ne rêve en cet instant que de la ramener à la maison et de la chérir du mieux que je peux, dans l'espoir de faire taire ces douleurs qui la tuent et la mènent au silence. Ou au moins les atténuer.

Je n'ai jamais vraiment discuté avec mon père, mais je me souviens d'une phrase qu'il disait très souvent à ma mère, les rares fois où je me trouvais dans la même pièce qu'eux : « Tu ne dois jamais donner la chance à la malchance de ruiner ta vie, de la même manière que tu ne dois jamais laisser l'obscurité prendre possession de ta lumière. ». Ce connard n'était certes pas un bon père, mais c'était un putain de poète qui trouvait toujours une phrase ou une citation débile pour chaque situation. Et je n'en reviens pas de le citer en ce moment. Je dois vraiment être dans un sale état mental.

- Tu crois qu'elle va pouvoir sortir de là quand ? me demande Matt, toujours assis en face de moi avec une mine dépitée.

- Aucune idée, au moins le temps qu'elle se rétablisse de ses blessures corporelles... je sais pas.

Parce que ses blessures mentales, elles, ne risquent pas de guérir de si tôt. Voire même jamais. Mais j'y travaillerai, c'est le moins que je puisse faire pour la sortir de là, quitte à y laisser ma propre âme de dépravé. Quand je pense à tout ce que nous avons traversé, je trouve ça douloureusement ridicule que ça soit une personne comme Andrew qui soit parvenue à nous abattre aussi violemment.
Je pose ma tête contre le mur derrière moi et ferme les yeux, exténué et triste à en crever. Je crois que je n'arrive toujours pas à réaliser tout ce qui vient de me tomber dessus ces derniers jours, entre l'accident de Mia et les conséquences de cet accident, puis tous ces secrets scabreux déterrés et ressassés... J'ai l'impression de perdre la tête.

C'est probablement pour cette raison que j'ai fait ce cauchemar terrible où Mia était secouée de spasmes étranges avant de mourir sur son lit d'hôpital tandis que j'assistais impuissant à sa mort, le son du bip continu qui perçait mes oreilles. Je peux encore entendre ce son si morbide et strident dans ma tête, ce son si révélateur de la mort et du malheur. J'ignore ce que je ferais si jamais elle venait à mourir, mais je n'ai pas de mal à m'imaginer mourir à mon tour à ses pieds, la suppliant de m'attirer à elle pour ne pas souffrir ici, seul au monde. Car elle est mon île au milieu de l'océan, sans elle je me noie, je meurs et coule dans les abysses d'un océan de solitude et d'obscurité. Je ne veux pas, je ne peux pas vivre sans elle.

Ne m'oublie pas~~~Tome 2 de Ne me quitte pasWhere stories live. Discover now