Lettre à Harry.

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Salut Harry

J'espère que tu vas bien, moi je ça va. J'aimerai bien que ce soit vrai tu vois, quand les gens me demandent si ça va, l'habitude fait que je réponds toujours oui. Et puis même à quoi bon répondre non, si ces gens ne pourront pas t'aider à surmonter une épreuve comme celle que je vis en ce moment. Il y a la distance oui en effet. La distance avec toi, avec ma sœur, avec celui pour lequel j'ai pleuré cette fameuse nuit, mon meilleur ami. Ouais, il semble bien que la distance fait parti de mon lot quotidien. Alors c'est vrai que je dirais toujours oui.

Je n'aurais jamais cru pouvoir dire ça un jour, enfin.. Ouais ne passons pas par quatre chemins.
Tu me manques Harry.

Tu me manques parce que je sais qu'on aurait pût vivre un truc toi et moi, j'ai l'impression d'avoir loupé un chapitre, où est ce moi qui me suit perdue avec toute cette distance ?

J'ai revu mon meilleur ami le lendemain de cette nuit là, il était mal, très mal même, au plus bas qu'il ne l'avait jamais été et je me suis demandé si les problèmes que j'avais étaient importants.

Tu aurais pût être important Harry, tu aurais pu sans doutes.
J'ai une chance, c'est que je n'aurais pas à te dire tout ça dans les yeux, le fait qu'un océan nous sépare n'aidant pas à la chose.

Bref, j'espère que c'est beau l'Amérique, la France c'est pas mal aussi quand il ne pleut pas, je pense que je ne t'en apprend pas grand chose. Ah et les cours sont géniaux aussi mais mes parents envisagent de déménager, non pas en Amérique bien que ça ne me déplairait pas mais je ne sais où encore, je m'en fiche un peu tu vois ? Avoir de la distance avec ce lycée, ça ne me dérange pas.

Tu m'énerves encore, tu vois ?
Je t'imagine très bien te remettre en couple avec une fille magnifique, tout droit sortie des pages de magazine, suspendre ton bras à son cou, et oublier que cette fille là ça aurait pût être moi. Je pleure pour toi maintenant, voilà autre chose.
Je ne devrais pas pleurer pour toi, tu es si stupide et arrogant, j'ai été si idiote de croire que tu aurais pût être quelqu'un d'autre, que tout ce qui tu faisais ne servait qu'à te donner cette image que les autres aimaient bien voir !

Je devrais arrêter de pleurer tu vois ? Tu es parti bien trop loin pour revenir en arrière, tu reviendras en France peut être déjà avec une famille, et je me dirais : " mince, c'est vrai c'est le gars qui m'a fait craquer en classe de seconde, qu'est ce que j'étais insouciante en ce temps là " puis ensuite on se racontera nos vies parce que on se sera croisé dans le supermarché du coin entre le rayon papier toilette et produit laitiers, après ce qui s'est passé cette nuit là, on fera semblant de l'oublier, ou peut être même l'aura-t-on déjà oublier et on retournera chacun de nos côtés, des mômes, peut être, dans les pattes.

J'ai ce goût amer dans la bouche, ce goût de frustration et d'inachevé, comme si la page qui aurait dût se tourner, avait été cruellement arrachée sous mes yeux et que tout le scotch du monde n'aurait pût réparé, et cette page, c'est toi.

La métaphore est fort symbolique en effet puisque j'ai moi-même arraché la dernière page de mon journal pour t'écrire cette lettre, cette page qui est la tienne et qui marque la fin de cette année, de toi et de moi.

Ouais j'avais un journal. Ringard hein ? Moque toi tant que tu veux, tes rires je ne les entendrai sûrement plus à présent.

Désolée de cette écriture maladroite et du papier mouillé, mais j'ai froid et tu me manques.

Foireusement,

Fanny

journal de pensées foireusesWhere stories live. Discover now