Chapitre 5

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Il nous fallut beaucoup plus de temps que mon premier voyage astral pour arriver au restaurant. Dante lâcha un long soupir de satisfaction.

– Enfin un restaurant bien de chez moi !

– De chez toi ?

– Oui ! Tu te trouves dans l'un des plus fameux restaurants des enfers. Ils font les meilleurs milkshakes au vers que je connaisse.

– Au vers ?!

– Oui, et leurs tripes marinées dans du sang de crapaud, « c'est à se damner un ange ».

Après cet aperçu culinaire, je commençais à douter d'avoir vraiment faim. Nous entrâmes donc dans le restaurant et prirent place à une table au fond à côté des cuisines, où les odeurs de graisses finir par me couper l'appétit. Une serveuse s'approcha de nous. Elle était un peu plus vieille que moi, la vingtaine, elle avait de courts cheveux noirs, un visage anguleux où ressortaient ses yeux totalement noirs. Elle portait un petit uniforme typique des serveuses américaines, blanc et noir.

– Bonsoir, vous avez choisi ?

Je ne fus pas surprise de l'entendre parler français, puisque Dante m'avait expliqué que tous les êtres magiques se comprenaient d'instinct. Une sorte de don de traduction. Dante, qui avait autant d'appétit pour la nourriture que pour les jambes de la serveuse, avait bien entendu déjà choisi.

– Oui, bien sûr ! Pour moi, ce sera un hamburger spécial carnivore avec double ration de pattes de pigeons, un milkshake fond d'égout et des beignets à l'arsenic.

– Très bien, et pour vous mademoiselle ?

Je ne savais pas vraiment si je voulais encore manger, après cet énoncé d'horreur culinaire mais je tentais quand même le coup.

– Une omelette avec des frites et un coca, ça serait possible ?

– Bien sûr ! Une sauce pour les frites, nous avons : crème d'acide ou...

– Non merci, ça ira...

– Je vous amène ça de suite !

Et elle partit avec un clin d'œil charmeur pour Dante, qui lui rendit son sourire spécial dragueur. Quand la commande arriva, je fus soulagé que cette dernière soit tout à fait ordinaire, et même plutôt bonne. J'avais tout de même un peu de mal à croire que j'étais là aux Etats-Unis dans un restaurant typiquement américain. Même si nous étions venu pour consulter les Tantes, ça me passerais irréaliste.

– Qui sont exactement tes Tantes au juste ?

Dante avala sa gorgé de milkshake avant de répondre.

– D'abord, ce ne sont pas mes Tantes à moi, mais celles de tous les diables et démons. Elles sont aussi vieilles que le monde. Elles ont accumulé toutes les connaissances des êtres magiques du monde d'en bas.

– Mais comment peuvent-elles nous aider ?

– Et bien, s'il y a un moyen d'échapper aux chasseurs, elles doivent le connaître, et ainsi pouvoir te sauver la vie. Mais il faut que tu saches qu'il y a des règles à tenir face à elles. Tout d'abord, tu ne dois jamais les regardais dans les yeux. Ensuite, seuls les êtres du monde souterrain peuvent les interroger. Tu devras donc rester à l'écart. Compris ? Si tu respectes ça, tout devrait bien se passer... en théorie, du moins.

– Et si ça se passe mal ?

– Vaut mieux que tu ne le saches pas.

Je ne sais pas pourquoi mais ses déclarations n'avaient rien pour me rassurer. Après avoir fini de manger, je regardais les allés et venus des gens dans le restaurant. Comme j'étais assise face à la porte d'entrée, je voyais tout le monde. Il y avait deux gros camionneurs assis au comptoir, ces deux-là avaient tout d'humain normal mais ils étaient les seuls représentants de leur race. Assis à la table d'à côté un couple avec une peau grise roucoulait du peu que j'entendais de leur conversation, ils étaient en voyage de noce. Un groupe de jeunes était assis à l'opposé du resto, ils avaient tous un troisième œil au milieu du front. Un officier de police buvait un verre au comptoir. A première vue, on aurait pu penser qu'il était humain mais la queue qui dépassait de son dos prouvait le contraire.

Mon diable d'ange gardien !Where stories live. Discover now