Chapitre 11

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Lorsque je repris connaissance, je sentais les rayons du soleil sur ma joue. La journée devait être bien avancée. J'étais allongée sur une surface dure, j'avais dû m'endormir dans le jardin comme ça m'arrivait parfois. Quel drôle rêve que je venais de faire. Quand je voulus ouvrir les yeux, une atroce douleur m'en empêcha. Pourquoi n'arrivais-je pas à les ouvrir ? Ah oui, ça me revenait. Le chasseur, le combat, les coups, il m'avait eu alors. Avec tout le mal du monde, je parvins quand même à les ouvrir. Tout était flou autour de moi, ma vision revenait petit à petit. A côté de moi, une masse noire était étendue. Dante ?! Non, ce n'était pas lui. Il était à l'abri dans le champ de force où nul ne pouvait entrer ni sortir. Une fois ma vue totalement revenue, la mémoire fit de même. Ce moment où j'avais totalement perdu le contrôle de moi et cet étrange rêve n'en était pas un. J'avais vraiment vaincu ce tueur sanguinaire.

Il fallait que j'aille voir Dante, lui dire qu'il était hors de danger, que tout était fini. Le moindre de mes mouvements me faisait atrocement souffrir. C'était comme si on m'enfonçait des milliers de lame de rasoir dans les côtes, ma tête était sur le point d'exploser et mon bras droit devait être en miette. J'arrivais avec beaucoup de mal et plusieurs chutes douloureuses, qui n'arrangeaient rien, là où j'avais laissé Dante.

– Dante, ça y est. Je l'ai fait. C'est fini ! Il ne te fera plus de mal.

Dante était allongé sur le dos, derrière le champ de force. Il ne réagissait pas à ce que je venais de lui dire. On aurait dit qu'il dormait. Je désactivais le bouclier et m'accroupis, avec beaucoup de difficultés, à ses côtés. Pourquoi ne bougeait-il pas ? Une idée angoissante me traversa l'esprit. Non, il ne pouvait pas être mort. Je saisis sa chemise et l'entendit gémir. Bizarrement, je trouvais ce bruit rassurant.

– Dante, réveille-toi ! C'est fini ! C'est plus le moment de dormir !

Il ouvrit de petits yeux timides. Ses yeux étaient bleus, cette couleur que le rendait atrocement humain et si vulnérable. J'eus droit à un petit sourire qui exprimait toutes ses douleurs. Alors je compris, le poison faisait son effet, il m'avait encore mentit. Je sentis des larmes couler sur mes plaies encore ouvertes, même si cela faisait mal, ce n'était rien comparé à la blessure qui venait de s'ouvrir dans mon cœur. La tristesse et la colère me submergeaient, formant en moi un curieux mélange.

– Espèce de menteur ! Tu m'avais dit que le poison ne te tuerait pas. Tu ne peux pas partir comme ça. Tu n'as pas payé tes dettes envers moi. Si tu t'en vas comme ça, c'est trop facile. Si tu t'en vas...

Dante posa la main, de son bras valide, sur ma joue. Son sourire était mélancolique maintenant.

– Désolé Princesse, tout ça est de ma faute. Laisse-moi juste réparer mes derniers dégâts.

La main de Dante devint plus chaude, une chaleur qui s'infiltra dans ma joue puis le reste de mon corps. J'étais submergée d'une douce et apaisante brûlure. Je n'avais jamais ressentis une aussi grande sérénité. Mes blessures qui ne m'avaient pas quittée me laissaient en paix. Quand la chaleur s'atténuât, toutes mes blessures avaient disparu. Toutes, non. Pas toutes. Le bras de Dante tomba sur le sol. Son regard commençait à se voiler. Ces paroles étaient un simple murmure.

– Ma Princesse ! Pardonne-moi. C'est vrai que j'ai voulu te faire du mal mais tout a changé après ce baiser, sur l'île. Je ne suis pas censé ressentir quoi que ce soit mais tu es arrivée à ressusciter l'humain qui se cachait en moi. J'ai voulu piéger ton âme mais finalement c'est toi qui as fait réapparaître la mienne et qui l'as emprisonnée. Les enchanteresses sont vraiment des êtres hors du commun. Non, tu es une personne hors du commun. Pardonne-moi mais je ne regrette rien car si tout cela n'était pas arrivé, je n'aurais jamais pu ressentir ce sentiment pour toi. Ce sentiment qui avait quitté ma vie de diable. Grâce à toi, j'ai retrouvé un cœur. Tu es mon cœur ! Ne sois pas triste, même s je te quitte, je pars rempli d'amour pour toi.

Puisant dans ses dernières forces, Dante attira mon visage vers le sien. Le contact de ses lèvres si douces me donnait l'impression de caresser les nuages. Je ressentis dans ce contact toute la douceur dont il était capable. Sa langue si fine glissa entre mes lèvres. Emporté par mille et une émotions, mon cœur s'emballa. Le mouvement délicat de nos lèvres, l'une contre l'autre, le goût suave da sa langue, cette chaude sensation de bien-être. C'est dans ce moment d'extase que je compris enfin pourquoi mon cœur saignait ; que je compris ce sentiment contradictoire que je ressentais depuis qu'il était près de moi.

Mettant fin à un doux rêve, les lèvres de Dante désertèrent les miennes. Il me fit son ultime sourire spécial Dante, un sourire qu'il ne réservait qu'à moi en réalité. Puis sombrant dans le néant, il clos les yeux. Ces yeux que je ne verrais plus. La blessure dans mon cœur s'ouvrit encore plus. J'avais l'impression qu'en fermant les yeux, il venait de l'emporter avec lui. Je laissais libre court à mon chagrin, pleurant toutes les larmes de mon corps. Je posais la tête sur son torse immobile.

– Moi aussi... Moi aussi je t'aime mon Ange !!

Faisant échos à mes paroles, un vent violent et chaud se leva. Le corps de Dante disparut en milliers d'étoiles emportés dans les airs, m'abandonnant seule avec mon chagrin. Le chagrin d'avoir perdu l'être qui avait changé ma vie, qui avait été : MON DIABLE D'ANGE GARDIEN !


Mon diable d'ange gardien !Where stories live. Discover now