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  Il est actuellement 3h13, et mes yeux s'ouvrent doucement, sortant d'un court sommeil. J'ai rêvé que l'avion s'écrasait. Très rassurant.

Je regarde Harry, qui joue à son téléphone. Il appuie sur le bouton pause de son jeu et me regarde. La faible lumière de son téléphone éclaire la partie droite de son visage.

  -Tu n'arrives pas à dormir?

Je m'étire et lui souris.

  -Non, d'un signe de tête, je pointe son téléphone, et toi ? Ça fait longtemps que tu es réveillé ?

Il verrouille son téléphone.

  -Je n'ai dormi qu'une heure, deux heures, tout au plus.

  -Oh... je dis.

Kyle s'agite avant d'ouvrir les yeux.

  -Salut tout le monde, on est bientôt arrivé?

Les lumières de l'avion lui agressent visiblement les yeux puisqu'ils les plissent.

  -Pas avant quatre heures, rétorque Harry.

Le blond soupire et s'affale dans son siège.

Les lumières de l'avion clignotent rapidement.

Je me redresse et fronce mes yeux, alertée. Je ne sais pas ce qui se passe, et mon cœur commence à s'emballer. Une jeune hôtesse de l'air arrive devant nous.

  -Ne vous inquiétez pas, juste un problème électrique au niveau des lumières.

  Pour accompagner ses paroles, elle nous offre un grand sourire avant de repartir dans une autre salle. Je regarde autour de moi, et la centaine de jeune. Ils n'ont pas l'air au bord de la crise de panique. Mais les lumières continuent de clignoter, et une secousse s'en suit. S'élève alors des paroles, du stresse qui commence, enfin, à se faire ressentir. Mes yeux glissent lentement entre l'accoudoir gauche, l'accoudoir droit, et ensuite, je lève lentement la tête pour regarder tout ces sièges qui commencent à se secouer.

Harry tourne sa tête vers moi, et je peux voir que son expression moqueuse s'est transformée en une expression paniquée. Je déglutis, envisageant le pire, et regarde autour de moi, tentant de trouver une hôtesse de l'air. Les lumières qui clignotent toujours, rendent un peu plus difficile la vision. Une secousse, cette fois-ci, un peu plus grande, se fait ressentir. Je sens les accoudoirs de mon siège trembler. Des cris se font entendre. Je lève les yeux et une femme se plante devant nous, s'accrochant à je-ne-sais-quoi.

  -Nous allons traverser une zone turbulente, rien de bien grave. Un autre sourire. Veillez tout de même à rester assis et à attacher vos ceintures.

Je vois sur son visage bronzé, qu'elle n'est pas totalement calme. Ses yeux verts sont pleins d'inquiétude.

  -Tout va bien se passer, hein, Hannah ?

  Je tourne ma tête vers Harry, mes yeux totalement grands ouverts tant je commence à paniquer. Je ne le corrige même pas sur mon prénom. Mais je n'ai pas le temps d'acquiescer que les lumières s'éteignent définitivement. Les cris redoublent alors. Je ne cris pas. Un noeud commence à se former dans ma gorge. La panique grandit. Mon coeur continue de battre la chamade, ma poitrine se gonfle et se dégonfle de plus en plus vite. Plusieurs secousses se succèdent. Tout nos sièges tremblent désormais. Les placards au-dessus de nos têtes s'ouvrent, laissant s'échapper quelques sacs. La visibilité n'est pas parfaite, mais on peut quand même apercevoir ce qui se passe autour de nous. Le chariot de l'hôtesse de l'air qui était déposé au bout de la rangée de droite glisse désormais, venant se cogner d'un siège à l'autre. Une énorme secousse, qui vient de retentir, finit de renverser les sacs par terre, et l'avion se penche sur le côté. 

C'est la fin. 

On entend des cris, des pleurs. Il m'est impossible de réagir. Malgré mon cœur qui s'emporte dans ma poitrine, l'adrénaline, mêlée à l'inquiétude et la peur, j'analyse la situation, regardant autour de moi. Mes mains sont cramponnées d'une part et d'autre de mon siège. La main gauche d'Harry recouvre la mienne, puisqu'il tente aussi de s'accrocher à l'accoudoir.

  -Bordel de merde, il se passe quoi ?! lance Harry. C'est pas des turbulences ça !

Je regarde Kyle, qui s'accroche, serrant ses paupières pour les garder fermées.

Les masques d'oxygène tombent violemment devant nous, et tous ici, nous précipitons pour les porter à nos bouches. Ma poitrine se gonfle et se dégonfle, tant mon cœur s'emballe.

  Je sens l'avion se pencher, sentant alors que nous nous dirigeons à toute vitesse vers la terre ferme, traversant les nuages. Nos voix ne forment qu'un seul cri, et chacun d'entre nous nous agrippons à nos sièges. Je respire à grande lampée dans mon masque, et je sens la main d'Harry se serrer sur la mienne. Je le regarde alors rapidement, avant de reporter mon attention devant moi.

  Les secousses sont de plus en plus fortes, plus en plus violente. L'avion ressemble à un champ de bataille : une multitude de sacs glissent dans les allées, entre les sièges, nos plateaux de nourriture volent à travers la salle dans des bruits sourds. Même à l'intérieur de l'engin, on sent qu'on est en train de prendre de la vitesse. Le nez de l'avion pique vers la terre, et nous sommes penchés sur nos sièges.

Je regarde rapidement autour de moi, mais l'obscurité due à l'absence de lumière complique ma vision.
Je repense alors à mes parents, qui sont sans doute en train de dormir, ma petite sœur, Honey. Tout mes amis, mon lycée, ma famille. Mon esprit passe alors de manière extrêmement rapide les images de ma vie. Je suis spectatrice de ma propre vie. Mon cœur, qui bat si vite que je m'étonne qu'il soit encore dans ma cage thoracique, me fait mal. Je ne peux plus m'empêcher de contenir cette peur affreuse qui me prend les tripes. Je serre mes yeux bruns légèrement maquillés d'un mascara noir, laissant alors des perles salées s'échapper. Je reste alors cramponnée sur mon siège, le masque d'oxygène collé sur mon visage, les yeux fermés. Aucun cris ne sort de ma bouche. J'attends seulement le moment décisif.

Des secousses extrêmement violentes secouent les sièges, quelques hublots explosent, et d'un coup, l'impact. Tout ce passe extrêmement vite. Si bien que je n'ai pas le temps de réagir. Je ne peux seulement dire qu'il y a un énorme bruit sourd, que les parois de l'avion s'arrache, décortiquant cet engin massif. Nos sièges se décrochent du sol en acier, et la main d'Harry se retire de la mienne, puisqu'il est emporté d'un côté et moi de l'autre.

Puis d'un coup, plus rien.

Escape || T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant