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Je suis en train de voler. Pas avec l'équipement tridimensionnel, je suis vraiment en train de voler comme un oiseau ! Le sol devient de plus en plus petit sous mes pieds, j'aperçois les 3 murs derrière moi. Des formes blanches arrivent en face de moi, des cygnes immenses et d'un blanc pur qui décrivent des arcs de cercle avec majesté.

Je change ma trajectoire et me dirige vers le Sud. C'est une merveilleuse sensation de liberté. Alors que je continue de survoler les immenses plaines, je vois soudain le soleil grossir à vue d'œil et se rapprocher de moi à une vitesse folle. J'essaie de m'arrêter mais je ne contrôle plus mon corps. Il y a une lumière, une grosse lumière blanche puis...

Je me réveille en sursaut. Ce n'était qu'un rêve. La pièce est éclairée par la lumière de la Lune, c'est cela qui m'a réveillé. Je soupire et me frotte les yeux en baillant, mais quelque chose me perturbe : je suis sous mes draps alors que je suis persuadée de m'être endormie directement sur mon lit. Je regarde autour de moi. Tout est presque normal...mis à part une silhouette endormie sur mon bureau. Je pousse la couette et me lève pour voir de qui il s'agit, mais des cheveux châtains me font vite deviner que c'est Jean.

Il dort profondément. Il n'a pas cet air sérieux sur le visage, on dirait qu'il est encore un enfant. Je comprends qu'il s'est occupé de me border, ce qui me fait sourire et me rend heureuse. Mais je perds très vite mon sourire : il doit être vraiment mal sur ce bureau. Je devrais le mettre dans mon lit sinon il risque d'être fatigué à l'entraînement à cause de moi. Pleine de bonne volonté, je commence à lui relever la tête pour essayer de le porter sur moi, mais son visage vient tomber lourdement en arrière...il laisse échapper un grognement assoupi mais ne se réveille heureusement pas.

Je tente une deuxième fois de le déplacer sur mon lit en poussant la chaise et là, c'est le drame. A l'instant où je lâche ses épaules pour me rééquilibrer, sa tête vient s'écraser sur mon bureau. Il se réveille en sursaut et se lève brusquement, complètement paniqué, pour enfin se prendre le pieds dans mon sac et s'écraser finalement lourdement par terre. 

Je m'insulte intérieurement et lui jette un regard désolé. Il sera fatigué demain pour l'entraînement, avec une bosse sur le front en plus. Je ne me félicite pas. Alors qu'il se masse la tête en grognant, je chuchote :

« Désolé... »

Il lève les yeux vers moi et les écarquille brusquement, ce qui provoque mon incompréhension. J'ai un mouvement de recul lorsqu'il se lève d'un coup en me fixant :

« Tes yeux ! Ils sont...ils sont quasi gris la nuit !»

C'est donc ça qui le perturbait.

« C'EST QUOI CE BOUCAN ?! »

Je sursaute et me tourne vers l'origine de la voix. Le capitaine Livaï se tient debout dans l'embrasure de la porte, en pyjama, les sourcils encore plus froncés que d'habitude. Il nous observe, ses yeux s'écarquillent, puis il lâche un "Oh!" plein de sous-entendus. Il garde la bouche entre ouverte un moment puis referme la porte comme si de rien n'était, imperturbable. Jean se lève d'un coup et court pour le rattraper en criant :

« Caporal-chef, ce n'est pas ce que vous croyez !»

Le capitaine est au bout du couloir, il s'arrête et se tourne vers nous visiblement dans l'optique de nous dire de la fermer. Jean est à quelques mètres de lui quand la porte s'ouvre brusquement en plein dans son visage. Mikasa sort de sa chambre énervée, puis à la vue de Jean par terre, complètement dans les vapes, nous demande avec une voix encore endormie :

« Qu'est ce qu'il s'est passé ?»

Le capitaine et moi répondons en même temps et d'un même ton :

Emily UnderhillUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum