Amour interdit 「𝒏𝒂𝒍𝒖」

Chapitre 25 : the Rock City Boy contest

Elles allaient gagner. Elle y croyait.

La clameur qui montait de la salle devenait de plus en plus forte chaque minute, au fur et à mesure que les spectateurs entraient. On entendait, mêlés, les bruits des sièges qui claquaient en se dépliant, les conversations animés, les rires, les popcorns croqués, les papiers froissés, et les cris d'excitation du public.
Tout cela se fondait en un grondement sourd, un bruit de fond.

Cachée derrière un rideau, la main de Lucy se crispa sur le tissu de velours. Elle observait discrètement les silhouettes qui déambulaient dans les gradins, cherchant leurs places, qui s'asseyaient, ou qui parlaient avec animation à leur voisin. Son coeur battait la chamade. Ses yeux faisaient des mouvements mécaniques d'un bout à l'autre de la salle, son cerveau tentait en vain de compter le nombre de personnes. Il y avait tellement de monde !

-10 000, lâcha une voix derrière elle.

Lucy sursauta et se retourna. Elle se détendit en voyant Megumi, son sourire chaleureux plaqué sur le visage. Aujourd'hui, elle portait un tee-shirt noir avec son jean et des Converse rouges. Ses cheveux tombaient sur ses épaules, pour une fois coiffés. Sa mèche bleue tranchait le blanc immaculé si semblable à celui de sa cousine.

-Tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu dis ?

Megumi rejoignit la blonde à côté du rideau et jeta un oeil à la salle.

-Ça impressionne, pas vrai ? Le Domus Flau compte 10000 places, donc 10 000 spectateurs. 

-Waouh... murmura Lucy. Je commence à avoir le stress là...

-T'inquiète, une fois sur scène, t'oublie tout. Tu ne penses ni aux spectateurs, ni à l'endroit où t'es, il y a juste l'instant présent qui compte et tu le vis à fond !

-Tu sembles t'y connaître, remarqua la blonde en remettant le rideau en place.

-Aha ! Je faisais du théâtre avant, c'est pour ça.

Lucy tenta de s'imaginer Megumi déguisée en costume d'époque, s'accoudant à un balcon tandis qu'un homme lui déclarait sa flamme, agenouillé en contrebas. L'idée était assez comique. Mais pourquoi pas après tout ? Elle était ouverte et extravertie, et cela lui aurait très bien convenu.

-C'est vrai ? Je t'imagine pas faire ça.

-Il ne faut pas juger sur les apparences, rétorqua malicieusement son amie.

-Ça, j'en sais quelque chose, soupira Lucy. Tout mon enfance, on me prenait pour une petite bourgeoise à cause de mes robes et mes affaires de marques, et parce que j'avais une gouvernante qui venait me chercher à la sortie des cours. Mon père était certes propriétaire d'une compagnie de trains, mais je n'avais pas pour autant un comportement de riche. Mais quand j'avais une bonne note, on me disait que mon père payait le professeur, et on m'accusait de tricher. J'étais rejetée à cause de ça...

-C'est stupide, fit remarquer Megu.

Lucy haussa les épaules.

-Les gamins sont stupides et méchants entre eux. Bah, ça m'importe peu maintenant. Ça s'est arrêté en cinquième. Et ça aurait pu être pire.

-Il y aura toujours des idiots pour juger sur les goûts et les couleurs de toute manière, déclara Megumi en mâchouillant une de ses mèches blanches.

- Oui, c'est sûr. Bon, on ferait mieux d'y aller, non ? À quelle heure ça démarre ?

La blanche plissa des yeux comme si elle tentait de se souvenir de quelque chose.