~ Partie VII ~

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mai 2013

J'avais soufflé mes vingt-sept bougies il y a maintenant une semaine. J'avais quitté la maison de campagne de grand-mère pour une grande ville afin d'étudier dans une bonne école. Pour la petite histoire, je fus prise dans un conservatoire assez réputé, non sans mal. J'avais doublé mon temps de pratique au violon, au point de tomber malade plusieurs fois. Pour mon plus grand bonheur, mon père était parvenu à faire son deuil, et m'écrivait deux à trois fois par semaine et en profitait pour me faire regretter d'avoir quitté la tranquillité de la campagne. Il était redevenu le papa qui me faisait tournoyer, et qui me lisait des belles histoires à l'heure du coucher. De même, je lui répondais, dès que les études me laissaient quelques minutes de répit. Il m'arrivait de lui envoyer en retour des photos de mes amis ou bien des piles de devoirs et d'autres fois, des clichés de mon appartement et de la vue qui s'offrait à moi chaque matin. Rien de très extraordinaire, mais ainsi, je ressentais sa présence à mes côtés, et cela me permettait d'être toujours optimiste et de garder le sourire.

Un beau jour, je reçus un courrier expédié d'un lieu qui m'était inconnu. C'est lorsque je parcourus les lignes des yeux que je réalisai qu'il s'agissait en effet d'un des plus beaux jours de mon existence. D'après ce que disait la lettre, mes professeurs avaient parlé de moi et de mon (je cite) « talent de jeune virtuose » à plusieurs orchestres. Il s'avérait que l'un d'eux me proposait de rejoindre leurs rangs après avoir fait mes preuves. J'eus pendant quelques minutes comme une mesure de silence, avant d'attraper mon portable et d'appeler mon père, puis mon frère le quart d'heure qui suivit. Je voulais que le monde entier sache que je me trouvais plus proche que jamais de mon rêve.

Par cette belle matinée de mai, je dédiais la "Sonate n°3 en ré majeur" de Bach à ma défunte mère, qui, j'en étais persuadée, m'écoutait depuis l'endroit où elle se trouvait.

Chanson d'une vieWhere stories live. Discover now