anselme.unamourfroissé

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dans les lueurs de l'aube j'me suis souvenue d'avant, d'avant et de nos regards cassés qui fusaient à travers la pièce, d'avant et de ton souffle chaud juste à côté du mien, un putain de souffle chaud qui m'appelait et que je fuyais et que j'aurai bien fait de garder pour moi
j'ai revu les discussions, nos discussions au fond de la classe et j'me suis rappelée de ta voix et de ton ton doux, ton ton qui fusait dans le grave et ça me faisait rire, et tu souriais quand je riais, et oh avec ton sourire j'aurai décroché les étoiles, si tu savais comment je serai montée au ciel, avec toi je me serai endormie lovée sur la lune dans tes bras, ton petit sourire timide remonté sur le côté, tellement beau, tellement beau mais trop mélancolique
et ton prénom m'est revenu, ce prénom que j'épelais, chaque lettre était devenue un aveu et chaque aveu était une part d'amour, ton prénom était fait d'amour et j'aurai voulu te sauver, j'aurai voulu, je t'ai pas vu sombrer
trop normal, tes manières ouvertes et trop normales et banales, si j'avais pu me douter que tu serai parti vers (le ciel) je t'aurai embrassé, t'aurai pas fini là-bas, tu serai resté dans mes bras


ça m'est revenu j'ai rien pu faire j'ai entendu tous ces mots qu'on chuchotait, et moi qui repoussait l'espace entre nous qu'était si fin et que tu transperçait avec tes crayons (gris) (et) (bleus), et tes mains fines qui maniaient trop bien, beaucoup trop bien les crayons et tes dessins, et mon dieu tes dessins
et ces paroles qui me revenaient, nos paroles à nous, chuchotées comme dans un grand secret où on seraient tous les deux seuls et heureux, un secret bercé par les regards et les souffles chauds, chauds
maintenant il ne reste plus que la mélancolie, elle est imprégnée partout, dans tes yeux bleus que je croise parfois encore, dans les plis de mon amour, dans les étoiles que j'aurai pu décrocher, si j'avais su mon dieu si j'avais su, je l'aurai peint sur l'espace qui nous séparait, en grandes lettres pour ce grand mot, un (je t'aime) magnifique et, gris et bleu comme tes crayons et tes yeux
alors parfois quand je te croise dans mes rêves j'ai envie de me laisser bercer par ta voix et ton souffle chaud, j'ai envie de me perdre dans tes bras, et que tu sourie encore et encore, que tu sourie sans t'arrêter, je veux ton sourire auprès de mon regard stupide et triste

parfois encore, je rêve de toi, et ces nuits là sont tellement mélancoliques que je me réveille

un prénom (beaucoup) (trop) (beau), un prénom beaucoup trop triste, un prénom trop mélancolique, anselme.


en espérant que les lettres vont s'en aller,

passager chagrin, ce n'est qu'un refrain

en attendant le couplet

(même si) c'est à effacer

j'aurai voulu tenir ta main - et puis rester



anselme.

étoilesWhere stories live. Discover now