~ Chapitre 2

320 40 4
                                    

Je me réveille très tôt le lendemain matin, principalement à cause du décalage horaire. J'en profite pour prendre une longue douche chaude qui a pour avantage de décontracter mes muscles et mes mains tremblantes, même si je sais que le léger tremblement reprendra dans quelques minutes. Puis j'enfile une robe grise toute simple avec mes collants à tête de chat, mes préférés, et mes sempiternels Dr Martens. Je tente de faire un trait d'eye-liner sur mon œil droit, en vain. Ma main tremble trop. D'énervement je balance le crayon à l'autre bout de la pièce. Bon, on dirait que ça va être un jour sans. Avec un soupir je termine mon maquillage et me contente de mascara. Je fais chauffer mon café et en boit les premières gorgées avec délectation. Je sais que mon addiction à la caféine n'est pas la meilleure solution à mes maux, mais bon ...

Je reçois à ce moment là un sms de June m'annonçant qu'elle va apporter toutes ses affaires aujourd'hui. Je lui réponds en lui disant que le double des clés sera sous le paillasson et que je compte sortir pour la journée. Participer à son emménagement est bien la dernière chose que je souhaite. Avec un peu de chance, elle aura tout terminé en fin de journée et je pourrai faire semblant de regretter de ne pas lui avoir filé un coup de main. Quoique, rien que tout son stock de maquillage doit déjà prendre deux jours. Sois sympa, Victoria. Je prends donc mon perfecto en cuir noir, prends mon argent et avale au passage mes médicaments avant de sortir dans l'air saturé d'œstrogène de Capitol Hill. Je décide de repérer les boutiques qui m'intéressent pour après entrer dedans. Je craque dans la papeterie pour des livres de cours, des classeurs, des carnets et autre. Je dépense rien que dans cette boutique près de 150 dollars.

Je n'ai jamais vraiment fait attention à l'argent ; non pas que je sois snob ou autre. C'est juste que cela m'a toujours semblé naturel. Charles est PDG d'une grosse entreprise danoise, il a donc un salaire mensuel à 5 chiffres. Je n'ai jamais manqué de rien et avoir une carte bancaire avec un grand plafond ne me choque donc pas.

Je me calme un peu plus à la boutique KMJ et opte pour une paire de boots en daim. Je finis par quelques achats futiles styles plantes en pots et cadre à photo pour que mon appartement soit plus personnel. Je passe devant le bar à ongle en me disant que j'aimerai bien pouvoir me mettre du vernis toute seule plutôt que d'aller à la manucure ... Tu joues dans le mélo là ; tu pourrais ne pas avoir les moyens d'aller à la manucure et là tes ongles seraient pourris !

Je m'arrête sur le chemin du retour prendre un café et me rend compte que je n'ai rien mangé de la journée. Le soleil décline doucement sur le Capitol Hill et je me sens tout à coup complètement déboussolée. Je n'arrive pas à croire que je suis ici, aux Etats Unis, dans mon propre appartement, et que lundi prochain je vais commencer les cours à la fac. C'est tellement incroyable.

En arrivant à l'appartement, je m'attends à une pagaille pas possible mais en réalité June est dans le salon en train de disposer quelques affaires personnelles. Debussy joue en arrière fond. Elle est habillée comme hier, et est toujours autant maquillée. Elle se retourne et me lance un grand sourire.

-Hello Vic ! Ca te gêne pas que je t'appelle Vic ? J'ai installé tout mon matériel de peinture ici car la chambre ne peut pas tout contenir et surtout c'est ici qu'il y a le plus de lumière. Et comme j'ai jeté un coup d'œil à ta chambre et que j'ai vu qu'elle était genre, super immense, je me suis dit que tu ne passerai pas tellement de temps dans le salon et j'ai pris mes aises, ça te va ?

Je crois que ta coloc tourne à la caféine, à la théine et aux substances illicites sous forme de poudre blanche me chuchote ma conscience, terrifiée. Je dépose vite fait mes achats sur le plan de la cuisine.

-Ouah, tu es en forme dis donc. Et non ça ne me gêne pas du tout. Au contraire je n'y connais rien en art et je suis même ... curieuse.

Elle m'adresse un grand sourire comme si je venais de lui adresser un compliment.

Manibus RetortaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant