~ Chapitre 3

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June m'explique que nous allons prendre son scooter pour nous rendre à son ancien appartement, qui est à environ 10 minutes d'ici. En voyant son moyen de transport, j'hésite quelque peu. Je déteste les deux roues, je les trouve particulièrement dangereux mais j'imagine que je n'ai pas vraiment le choix alors j'enfile mon casque et m'accroche à elle. Pendant le trajet, je me demande si je vais rencontrer beaucoup d'homosexuels ; après tout, Capitol Hill est reconnu pour ça. Ça peut être marrant.

Nous arrivons donc devant un bâtiment imposant qui de toute évidence n'est pas aussi récent que le mien ; celui-ci doit dater des années 80. Mais il est pas mal du tout. J'entends déjà de la musique s'échapper des fenêtres ouvertes. June me prend par la main pour m'entraîner au deuxième étage où, devant la porte, la musique devient vraiment assourdissante. June ne prend pas la peine de frapper et entre directement. De toute évidence elle considère toujours cet endroit comme sa maison, ce que je peux comprendre tout à fait. A peine arrivée dans le vestibule, June me laisse en plan et s'en va à toute vitesse. Je suis d'ailleurs au passage étonnée de la vitesse à laquelle elle parvient à se déplacer avec ces chaussures là. Sympa l'amie ! grogne ma conscience.

Elle revient deux secondes plus tard avec les deux traditionnels verres en plastique rouge. Elle a un grand sourire aux lèvres, et semble ravie d'être ici. Elle me tend un des verres et je renifle ce dernier, quelque peu inquiète.

- Ici on appelle ça un "Absolut Godmother" : de la vodka et de l'amaretto, m'explique-elle.

- C'est pas un peu trop fort pour moi qui ne savait pas ce qu'était un Cosmo il y a environ deux heures ?

Elle éclate de rire et secoue la tête.

- Bois ! m'ordonne-elle en criant à mon oreille pour couvrir le son de la musique.

Puis elle me prend par la main et m'entraîne à travers le long couloir où des portes de chambres se succèdent. Il y en a beaucoup. Je ne sais pas combien ils sont à vivre là dedans, mais on dirait un sacré paquet. Quelques couples s'embrassent dans les coins, d'autres dansent, chantent, ou jouent à des jeux que je ne connais pas. L'appartement semble quelque peu miteux, mais c'est probablement parce que les jeunes ici ne l'entretiennent pas correctement. June me présente brièvement à quelques personnes qui ne semblent pas avoir beaucoup d'importance pour elle. Nous débouchons sur l'énorme salon où toutes les surfaces plates sont couvertes d'alcool à profusion. Un groupe de cinq personnes rigole très fort. June leur gueule dessus en leur demandant de l'écouter et tous me dévisage. J'ai l'impression d'être à mon premier jour de classe.

- Les amis, je vous présente Victoria, ma colocataire.

Elle lâche un petit rire ravie et siffle la moitié de son verre. Je serre la main des gens pendant qu'elle m'énonce leurs noms uns à uns.

- Voici May ...

Je serre la main à une petite Chinoise, ou Japonaise qui m'arrive à l'épaule et qui a un petit tatouage et forme de lys juste au dessus du sourcil droit. Sinon elle m'a l'air très simple.

- Et là c'est Shiraz.

De nouveau je serre la main à une autre jeune fille dont le nom me donne envie de rire. Shiraz c'est un nom de vin. Elle a succombé à la mode des cheveux arc-en-ciel et ils sont assemblés en un joli chignon artistiquement décoiffé sur le sommet de sa tête. Son oreille gauche et remplie de piercing en argent et elle ne porte quasiment aucun vêtement sur le dos, ce qui est vulgaire mais rend le tout assez fascinant. J'ai du mal à détacher mon regard d'elle.

- Voici Darwyn.

Un jeune homme à la chevelure rousse m'adresse un petit signe de la main plutôt discret et m'envoie un sourire encourageant. Son visage porte les stigmates d'une acné très sévère.

Manibus RetortaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant