Nucléaires 1 : Effacée

Chapitre 17

Je suis réveillée toute la nuit par mes cauchemars. Quand vient le matin, je renonce à essayer de trouver le sommeil. Mais la fatigue doit se lire sur mon visage car tout le monde me regarde bizarrement. 

Après le petit déjeuner, je me dirige rapidement vers les salles d'entraînements, le demandait. Je croise Nor plusieurs fois, mais elle se contente de quitter mon champ de vision. A chaque fois que je la vois, j'ai l'impression de voir son visage exprimer la souffrance, comme si le simple fait de me voir lui rappelait trop de mauvais souvenirs. Aujourd'hui nous nous entraînons au combat, et je remarque que malgré ma fatigue, je suis plutôt douée.

La sonnerie de midi retentit enfin et je pose mes mains sur mes genoux, épuisée du duel que je viens d'effectuer. Je regarde avec fierté le garçon assis en face de moi, le nez en sang. L'hologramme indique son nom, Alan. Je lui tends la main d'un geste orgueilleux pour l'aider à se relever.

– Besoin d'aide ?

Il me regarde et me jette un regard amusé.

– Ça ira. Merci. Me dit-il amicalement en se relevant seul et en s'essuyant le sang qui perle au bout de son nez.

Je pouffe et me retourne pour sortir de la piste. Korty me tend la main et je la frappe amicalement.

– Bien joué ! S'écrie-t-il.

Je suis souri et m'assois à côté d'Ana, regardant Alan sortir de la piste sous certains rires moqueurs. Étrangement, j'ai une pointe de regret. J'ai un peu exagéré mes coups et n'aurait pas dû lui donner ce coup au nez. Il s'était bien battu, même mieux que presque tous ceux contre qui j'ai gagné, et je n'aime pas voir les autres se moquer.

Je suis tirée de mes pensées par Ana, qui me parle. Je fais aussitôt semblant de l'avoir écoutée.

– ... et puis surtout, si on n'en prend pas, on sera contaminés.

– Désolée, tu disais ?

Elle pousse un soupir exaspéré, puis reprend.

– Je disais que le professeur avait précisé que pour aller à l'extérieur, il faut avoir un masque de filtration.

– Ah... C'est vrai. Dis-je, ne comprenant pas pourquoi elle me parlait de ça.

Je reporte mon regard sur le combat de Toons et un autre garçon. Pour l'instant, c'est l'autre qui a le dessus, il le frappe aux flancs et le plaque au sol tandis que la foule commence le décompte du temps. Le jeune homme pousse un soupir de rage une fois le temps écoulé et sors de la piste en traînant les pieds.

Les cris incessants du général Singer nous indiquent soudain que nous pouvons aller à la cantine pour manger. J'attends devant la porte Ana et Korty, et on se rend à la cantine ensembles. Prenant un plat de pomme de terre sautées et de sauce je réserve une table pour nous tandis que la cantine se remplit, au fur et à mesure que les recrues et les effacés arrivent. Je m'assois sur le banc et commence mon repas, plongée dans mes pensées depuis mon réveil. Ana, Korty, Toons et Luri me rejoignent vite, mais je n'y prête pas vraiment attention.

Ça fait seulement quelques jours depuis l'incident, et j'ai l'impression que le calme revient peu à peu. Je sais que ce n'est que passager, que je m'habitue simplement à la situation et qu'un jour ou l'autre ce que j'ai appris me rattrapera. Mais j'ose espérer que les choses vont s'arranger, que cet incident restera secret. Je me sens tellement épuisée par toutes ces nouvelles choses que mon esprit en est obnubilé, j'y pense jour et nuit.

Me rendant soudain compte que je suis en train de laisser mon repas refroidir dans mon assiette, je retourne à la réalité et attrape ma fourchette pour finir mon repas. Une main me donne soudain une pichenette sur la joue, et je remarque enfin le regard soucieux que mon amie me jette.