Fatalités.

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Les doux rayons du soleil caressèrent mon beau visage bronzé, et Ann, la servante chantonna d'une voix claire et pure.
"Debout dame Marthe, le soleil brille et le Roi vous a fait mandée pour quinze heures."
Cette dernière phrase a le don de me faire bondir de mon lit. Le Roi n'est pas un homme à faire patienter. Du moins pas quand on tient à sa vie.

Ann, la petite brunette qui tout les matins depuis mon arrivée au palais royal me coiffe et m'aide, me tends un plateau ou reposent deux quartiers de pomme, trois biscuits et un verre de lait.
Délaissant la pomme, je bois le verre d'une traite. Et tout en grignotant un biscuit, me plonge dans le baquet d'eau fumante où flottent sur l'eau blanche et parfumée quelques fleurs odorantes.

Pendant que la servante nettoye et démêle mes longs cheveux blonds, je réfléchis aux raisons possibles de ma convocation. Parce qu'après un an passé à la cour, je peux affirmer et jurer sur le Dictant lui-même que le Roi ne fais jamais rien sans raison.

Perdue au milieu des senteurs de jasmin et de la douceur du lait de Manta, les mains d'Ann font des merveilles, elles massent mes épaules et la base de ma nuque, ce qui me fait soupirer d'aise.

Après de longues minutes, Ann entreprends de me déshabiller de ma chemise de nuit et de me frotter le corps avec une pâte lavante. Elle n'omet pas une parcelle de mon corps.
Tout y passe des pieds à la tête.
Ensuite, je me lève, l'eau dégoulinant de mon corps aux formes affirmées en une cascade.
La servante apporte une étoffe douce et absorbante, me sèche délicatement avant de poudrer mon corps d'un mélange d'argile, de poudre de riz et de jasmin.
Elle sèche aussi mes cheveux, les démêle et y applique une huile reprenant la senteur de la poudre.

Elle me vêtit d'une jupe prune aux brodures de lys et d'un corsage ivoire dépourvu de manches, court à la taille et ceinturé de prune. Mes pieds furent quand à eux chaussé de mules douces et moelleuses en satin ivoire.

Assise à ma coiffeuse, je mordille le second biscuit du bout des dents pendant que la brune remonte mes cheveux en chignon au moyen de rubans et d'épingles chargés de fleurs.
Un baume rosé est passé sur mes lèvres et du kôhl brun souligne mes yeux selon la dernière mode.

Je suis magnifique.
Je le sais.

Peu après que la cloche du château ait sonné la huitième heure du jour, je quitte mes appartement, et me dirige vers la grande salle d'audience du Roi. Comme d'habitude, deux malissins en uniforme noir me suivent dans chacun de mes mouvements.
Malgré la foule dans les couloirs, les deux soldats me font une place et c'est sans encombre que j'atteints l'immense porte de la salle du trône.

- L'on m'attends pour la neuvième heure du jour, annonçais-je froidement.

L'homme en face hocha la tête gravement et fit signe à sont coéquipier d'ouvrir les grandes portes.

Ces immenses portes presques aussi haute que la salle elle même s'ouvrirent devant moi. Je rentrais dans la salle, au son des cloche annonçant la neuvième heure, la tête haute, sans regarder personne, les mains jointes devant moi et les malissins m'encadrant un peu à l'arrière.

J'aime me dire que mes entrées sont impressionnantes et inoubliables. C'est en tout cas le cas de celle-ci.

Je rentre dans le silence le plus complet, tout les hypocrites et les manipulateurs de la cour se taisent et me fixent. Espérant secrètement que je trébuche ou que quoi que ce soit que je fasse leur donne matière à jaser.

Parce que la vie au chateau se résume à ça : les ragots. Tout se sait et tout est matière à critique.

Certain en jouent et leurs dernières frasques sont toujours plus folles que les précédentes, il y a aussi les "aventuriers", ces imbéciles qui plutôt que colporter les potins de la cour narre ceux du royaume tout entier. Et enfin il y a ceux qui, comme moi, sont parfaits, ce qui mettent un point d'honneur à être aussi lisses que la surface d'un lac en hiver.

Les Innombrables Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora