Chapitre 8

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Sonia


Un matin, il faisait particulièrement froid, le ciel était recouvert de nuage, plongeant alors la maison dans une lumière bleutée renforçant encore plus l'atmosphère glaciale. Il était dix heure du matin, l'horloge emplissait le salon de son tic-tac habituel, le plafond craquait et la pluie frappa sur le toit aussi fort que si chaque goutte d'eau était enfait une pierre. La télévision était allumée mais le mauvais temps créait des interférences. Dylan écoutait attentivement le peu de son que nous captions. La journaliste annonçait une tempête, une forte tempête. Les ampoules de la pièce ne cessaient de clignoter, certaines avaient rendu l'âme, les autres tenaient le coup. Dans le quartier, tout le monde évacuait pendant qu'il en était encore temps.


"La tempête.... dans quelques... évacuez maintenant..." la télévision recrachait ses derniers sons avant de nous lâcher.

"Dylan, il faudrait peut-être qu'on y aille aussi."

"Non, je ne prendrais pas le risque que tu t'enfuis."

"Non, écoute moi, on va y rester tous les deux si on ne part pas tout de suite ! Je te promets que je ne partirais pas."

"Comment je peux être sûr que ce ne sont pas des paroles en l'air ?"

Je commençais à prendre des affaires et à les fourrer dans un sac. "Je te le jure, fais moi confiance, je ne veux pas mourir ici."

"D'accord d'accord, je t'aide, on part dès que tout est prêt."

Il rangeait tout ce qu'il trouvait dans un gros sachet, puis il partait chercher des valises quand il n'y avait plus de places. Une fois la maison vide de tout effets personnels, il se dirigea vers une porte tout au fond de la maison, elle menait au garage. Il plaça chaque sac dans le coffre, puis jeta les valises qui n'y rentraient pas sur la banquette arrière. Il posa ensuite, dans un coin de la voiture, le coffre contenant tous mes souvenirs.

"On est bons ?"

"Oui, on y va."

Il démarra la voiture et je m'installa au côté passager.

"Mets toi ça sur a tête et enfile ça aussi" il me tendit un bout de tissus et une paire de lunettes de soleil. "Je ne veux pas que quelqu'un te reconnaisses."

"Personne ne me cherche, ça ne sert à rien..."

"Je t'ai dit de le faire, alors fais le."

J'attachai le voile autour de ma tête et mis les lunettes et nous sortîmes du garage.

La voiture roulait avec difficulté, une épaisse fumé noir se dégageait des pots d'échappement tandis que le moteur subissait des coupures courtes mais répétitives. Nous devions traverser un pont sur la route qui nous mènerait au refuge. Il y avait des embouteillages, on entendait le klaxon des conducteurs impatients et inquiets. Les pleurs incessant des enfants et le bruit monstre de la pluie. La radio de la voiture émettait des crépitements interrompus par quelques sons presque inaudibles. Ils annonçaient que la tempête avait ravagé la partie sud de la ville et se rapprochait peu à peu de nous.

Après quelques longues et infernales minutes, nous étions arrivés au refuge. Il était dédié aux habitants qui n'avait nul part où aller lors d'intempéries comme celui-ci, plutôt courant dans notre région. Nous sortions de la voiture prenant avec nous tous nos bagages.

"Par ici, prenez une bouteille d'eau et un pain par personne, c'est tout ce que nous avons pour le moment." criait un groupe de bénévoles.

"Maman..."

"Maria, vient par ici, on doit te cacher, ils te croient morte, tu t'en souviens ?"

Je n'arrivais pas à en croire mes yeux, ma mère, la femme qui m'avait mis au monde puis rejeté, ignoré, cette femme était volontaire dans le refuge. Elle n'a même pas été capable de s'occuper de sa fille, ni même de la porter disparue, comment peut-elle aider des inconnus alors qu'elle n'a jamais rien fait pour moi.

Je suivi Dylan, il nous installa dans un coin isolé de la foule. J'entendais le cliquetis de l'eau qui fuyait du plafond, la pluie était si forte qu'elle parvenait à traverser le toit tout neuf du refuge. J'observais la foule à la recherche d'un visage familier. Et, par le pur des hasards, Tasha. Elle se tourna vers moi, les yeux écarquillés, ouverts comme des soucoupes elle était aussi surprise de me voir que moi. Je la croyais morte, je pensais que Dylan s'en était débarrassé pour de bon. Mais non, elle se tenait devant moi, à quelques mètres, quelques pas, mais je ne pouvais rien faire. Il fallait que Maria revienne, il fallait qu'elle ait tout ce qu'elle avait voulu avoir, il fallait que je tiennes ma promesse, je ne devais pas partir. Je voyais Tasha s'avancer vers moi, je détourna mon regard, ses pas se faisaient de plus en plus rapide, jusqu'à ce que je l'entende courir.

"Excusez moi madame, je peux avoir une pièce d'identité s'il vous plaît ? Nous devons faire la liste des réfugiés et je ne crois pas vous avoir vu au poste tout à l'heure..."

Un doute s'installa en moi, elle ne m'avait alors pas reconnu ? Elle était seulement surprise de n'avoir pas pris mon nom ?

"Hum, je-je suis désolée, je n'ai pas pris de pièce d'identité avec moi."

"Votre nom alors s'il vous plaît."

Dylan arriva, ne sachant pas quoi répondre, je lui lança un regard.

"Dylan Stinson et Maria Bellini."

"Merci, au-revoir."

Elle repartit, elle ne m'avais donc pas reconnu. Je me demandais comment se faisait-il qu'elle soit en vie, et qu'elle n'ait pas dénoncé Dylan alors qu'elle savait exactement à quoi il ressemblait.

"Dylan, comment ça se fait que..."

"Tu sais, je ne t'ai jamais dit que je m'étais débarrassé d'elle dans ce sens. Je l'ai battu, menacé, et presque noyé. En gros, assez pour qu'elle efface cet épisode traumatisant de sa mémoire, ah et je l'avais aussi drogué à la limite de l'overdose."

Il me racontait tout ça comme si de rien était, la routine pour lui, juste une chose banale.

Il s'assit près de moi, il prit ma main et posa un baiser sur ma joue glissant au passage une bague sur mon annuaire gauche. Ce n'était pas vraiment ainsi que j'avais imaginé le jour où on me mettrait un anneau au doigt.


Maria, celle qui était morte, justement est censée être déclarée morte, alors comment Dylan comptait-il me réintroduire dans la vie courante en tant que Maria Bellini ? En fait, Bellini n'était pas son nom, et aucun papier n'était d'ailleurs au nom de Maria Bellini, mais il avait prévu que l'on se mari vite, alors ça ne posera aucun problème. Il avait préparé des faux papiers pour Maria Stinson et attendait un certificat de mariage. Et quand
je serais devenue sa femme, je pourrais vivre la vie que nous voulions.

"Sonia ? C'est bien toi ?"






Une fois de plus je m'excuse d'avoir pris autant de temps à publier ce chapitre, j'espère que vous l'avez apprécié !
Comme toujours, n'hésitez pas à donner votre avis et vos conseils

StockholmWhere stories live. Discover now