Désespoir chronique

Les Riens Anonymes

Batman conduit vite, et super bien. Même Patrick le caillou ne peut le nier.

Du coup, on arrive en ville en moins de temps qu'il n'en faut pour citer la liste totale du maquillage que j'utilise. Je rappelle à ce propos que je ne me maquille pas trop, hein.

Finalement, Batman se gare dans un parking à moitié vide. Juste à côté, je vois un entrepôt. Une affiche se décolle à moitié d'un des murs: j'y lis « Les Riens Anonymes ».

Moi: Où on est?

Batman: Chez les riens anonymes.

Moi: C'est vrai?

Batman soupire et marmonne quelque chose comme « elle est vraiment bête ». Patrick veut le frapper mais je l'en empêche, j'aime bien Batman. J'attends.

Batman: Bon, tu y vas?

Moi: Moi?

Il soupire encore, ouvre la portière, me pousse dehors et s'en va. Je souris en lui faisant coucou avec la main jusqu'à ce qu'il disparaisse. Bon, je vais faire ce qu'il me dit, mais c'est juste parce qu'il m'a sauvée.

Je rentre dans l'entrepôt. Comme je suppose aussi que vous savez ce que c'est, je ne vais pas le décrire, parce que je préfère parler de moi.

Au centre, il y a un cercle de chaises, avec des gens assis dessus (normal les chaises, c'est fait pour). Ils sont tous moches. Je les regarde, et ils me regardent. J'attends.

Femme flippante et inconnue: Bienvenue. Nous t'attendions.

Moi: Moi?

Femme hyper flippante et toujours inconnue: Assieds-toi.

Elle a une voix calme. Patrick m'encourage à faire ce qu'elle dit et comme je n'ai aucune personnalité je trouve subitement que c'est une bonne idée.

Femme sympa au final: Bien, nous sommes au complet. Bonjour à tous, je m'appelle Bérangère.

Tout le monde sauf Patrick et moi: Bonjour Bérangère.

J'ai compris! Nous sommes dans une sorte de groupe de soutien! Chic, ça a l'air génial! En plus Bérangère fait un peu gourou de secte, et j'adore les sectes!

Moi (hurlant): Bonjour Bérangère !!!!

Elle sourit et s'il n'y avait pas Patrick, je trouverais ça flippant.

Bérangère: Nous sommes ici pour partager nos expériences et tenter de trouver le chemin vers la lumière. Chacun parlera à son tour pour partager dans la paix et la bonne humeur. Et nous espérons qu'un jour tout le monde ici accèdera à la béatitude. Des questions?

Un type trop moche, pas comme Tibulle: Pourquoi les « Riens Anonymes »?

Bérangère: Cela nous est tous déjà arrivé de vivre des moments marquants, qui nous ont fait nous sentir mal. Nous sentir vide, nous sentir rien. Nous sommes là aujourd'hui pour accéder à la paix intérieure.

C'est beau ce qu'elle dit.

Bérangère: Quelqu'un veut commencer?

Une fille trop moche lève la main. J'ai envie de lui faire un doigt d'honneur (elle me fait penser à Fraise).

Fraise 2.0: Je m'appelle Marie-Stessy.

Tout le monde sauf Patrick: Bonjour Marie-Stessy.

Marie-Stessy: J'ai été abandonnée à la naissance par mes parents, et j'ai été recueillie par un drogué. Un jour, je lui ai demandé de me resservir des pâtes, et il m'a cassé le bras.

Moi: Ouais, on s'en fout, à moi de parler.

Je lui vole le bâton de parole et la frappe avec pour qu'elle se taise. Elle s'évanouit. Bérangère sourit gentiment.

Moi: En fait je suis tombée amoureuse d'un Badboy trop beau et (Ce troisième monologue étant tout aussi long, inutile et sans intérêts que les deux autres, mot du jour: mithridatiser: s'immuniser contre un poison en en ingérant des doses croissantes quotidiennement).

J'attends leurs conseils mais soudain, Marie-Stessy se réveille et se met à pleurer. Alors ils vont tous la consoler et plus personne ne s'occupe de moi. Je pleure. Je m'en vais en cassant toutes les chaises.
Franchement, les Riens Anonymes, ce n'était pas une bonne idée.