Chapitre 3

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Le calme après la tempête. Voilà exactement ce que ressentait Antoine en ce moment. Le combat contre le démon avait certes été bref, mais il savait qu'il aurait des conséquence sur leur vie à tous. Il ne pouvait s'empêcher de lorgner vers Aldus. Mais il dut remettre la conversation qu'il allait engager avec lui à plus tard, quand il entendit les gémissement de la jeune femme. Aldus l'avait assise contre un arbre en dépliant sa jambe, lui arrachant un effroyable cri de douleur. L'Elfe semblait perturbé de voir ainsi ce jeune être souffrir, aussi le moine préféra-t-il l'écarter, en lui demandant d'aller chercher des baies ou du gibier pour le repas du soir. Ralen s'était de lui-même écarté, et commençait à rassembler du bois pour le feu. Le mage et le moine s'accroupirent autour de la jeune fille. Cette dernière pleurait à chaude larme. Sans doute une fille de paysan au vu de ses habits rustiques et de ses mains calleuses. Mais un long bâton de bois gisait à côté d'elle. Equipement atypique pour une jeune fille qui n'était vraisemblablement jamais sortie de son village. Il était aussi curieux qu'elle se trouve ainsi seule dans la forêt à une heure aussi avancée. 

"Bonjour."

Ce fut Aldus qui prononça les premiers mots. Sa voix grave avait quelque chose d'envoûtant, et la fille calma aussitôt ses pleurs pour regarder vers lui. Elle semblait plongée dans son regard de suie. Soudain sa tête dodelina et tomba brusquement sur sa poitrine. En levant les yeux vers son ami, Antoine compris à son regard concentré que le mage avait préféré endormir la victime de l'attaque. 

"Tu penses que c'est grave ? demanda-t-il au mage. En effet ce dernier avait accumulé à l'école de sorcellerie et au cours de ses voyages de nombreux savoirs médicinaux et était le plus apte à porter secours à une jeune fille attaquée par un démon.

- Je n'ai pas encore pu bien observer la plaie, mais vu l'abondance de sang, j'ai bien peur que ce soit très profond. 

- Et tu conseilles de faire quoi ?

- En y regardant mieux, je vois que l'entaille est déjà gangrenée. L'arme du démon avait sans doute été enduite de poison. Je ne vois que deux solutions : ou j'essaie de cautériser la plaie pour brûler les corps étrangers, mais je risque de faire énormément souffrir notre jeune amie et de la tuer sans être sûr du résultat, ou on choisit de l'amputer.

- Une solution paraît bien plus sûre que l'autre.

- Oui, mais avant de priver cette paysanne d'un membre, ce qui risque de l'handicaper fortement pour ses travaux aux champs et influencera toute sa vie, je préférerai que nous lui demandions son avis.

- Bien sûr. Réveille-la s'il te plaît."

D'un geste de la main au dessus du visage de la jeune fille, Aldus la délogea des bras de Morphée. Elle eut un brusque sursaut et tenta de se relever mais les deux hommes l'immobilisèrent.

"Calme-toi, commença le mage. Comment t'appelles-tu ?

- Mon nom d'baptême c'est Suzanne, mais ici t'l'monde m'appelle Suzon, répondit-elle avec un accent à couper au couteau et des sanglots dans la voix. 

- Merci Suzon. Vois-tu nous sommes confrontés à un choix que nous aurions préféré éviter ...

- Viens-en au fait Antoine, le coupa le pyromancien.

- Eh bien, tu as été attaquée par ce démon, reprit Antoine avant de se voir encore une fois couper la parole.

- Oh oui, c'était un très gros monstre ! J'était en route pour Navel, j'allais voir ma cousine qui s'marrie la s'maine prochaine. Mais alors que j'm'arrêtais ici pour faire un p'tit somme, v'là t'y pas qu'un jeune homme vint m'voir. Ah, ça, des gars comme lui on n'en croise pas souvent par chez nous ! Et tout d'un coup, j'le vois qui commence à changer de tête, et avant que j'ai le temps de dire "ouf", j'était projeté contre c't'arbre. Heureusement que vous êtes arrivé !

- Ecoute-moi bien Suzon. Ce démon t'as fait une grosse blessure, et on pense que le mieux pour toi serait que l'on t'ampute la jambe. Ne t'inquiètes pas, on ferait en sorte que cela te fasse le moins mal possible. Mais on a besoin de ton accord pour le faire."

La jeune fille les regardait avec des grands yeux. Elle ne semblait pas bien comprendre ce qui lui arrivait, encore sous le choc. Elle opina lentement du chef.

"Très bien. Maintenant on va t'endormir, et on ne te réveillera que quand ce sera terminé et quand on sera chez toi."

Sans attendre sa réaction, Aldus refit partir la jeune fille dans le pays des rêves. 

"Je vais essayer de la maintenir endormie, mais il y a quand même un risque qu'elle se réveille. Tu veux bien la tenir avec Ralen ?"

Le moine et le mercenaire se placèrent derrière la jeune fille et la tinrent chacun par le bras. Aldus fixa un garrot juste au dessus de la plaie, et sans ciller, donner un grand coup avec son couteau.



La Quête de Nal TenderNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ