La Quête de Nal Tender

Chapitre 4

Les quatre aventuriers passèrent la nuit au chevet de la jeune fille, se relayant à tour de rôle tout le long de la nuit pour vérifier qu'elle ne se réveillait pas. Elle dormait paisiblement, le souffle lent et lourd, sa poitrine se soulevant avec régularité. Le feu de camp brûlait dans un crépitement doux et tranquille. Antoine, même quand ce n'était plus à lui de faire le guet, préférait rester en alerte. L'état d'Aldus l'inquiétait. Il avait déjà entendu parler de cas de possession de ce genre. Et ces yeux ... Il devait impérativement avoir une discussion avec le mage. Mais il ne voulait pas inquiéter les autres. L'Elfe semblait déjà assez sonné comme ça. Il se tenait contre un arbre, les yeux écarquillés. Le moine s'approcha de lui.

"- Comment ça va ? demanda-t-il au jeune Elfe

Celui-ci sembla sortir d'une réflexion très profonde.

- Oh, euh ... merci ça va. C'est juste que ... j'ai de mauvais souvenirs avec les démons de feu.

- Ah bon ? Tu veux en parler ?

- Nan ... non merci. Je préfère être seul."

Antoine le laissa seul. Tout compte fait, il s'avait très peu de choses concernant son compagnon de voyage. Il n'avait rejoint le groupe que depuis peu, et il ne s'était jamais montré très loquace. 

Un Elfe, en général, n'est pas très locace. Ce sont des créatures taciturnes, ombres dans le bois. Des maîtres pour le vol ou l'assassinat. Antoine hésitait encore à faire confiance au jeune Elfe. Il retourna auprès d'Aldus

"- Je peux te parler ?

-Bien sûr, de quoi veux ... ?

- En privé.

Le mage plissa les yeux et suivit le moine jusqu'au bord de la clairière.

- Que se passe-t-il, demanda Aldus.

- Il se passe, mon ami, que je m'inquiète pour ton état. J'ai vu ce que tu as fait. Je sais ce c'est. Je me demande s'il ne serait pas plus judicieux que tu ...

- Que je quoi ? Dis le moi !"

Les yeux du magicien étincelaient. Sa voix s'était élevée d'un coup, pleine et puissante.

Antoine recula d'un pas. Sa main s'était naturellement posée sur la garde de son épée. Il jeta un regard vers le feu de camp. L'Elfe était retourné auprès de la lumière rassurante du foyer, et le mercenaire ronflait toujours à réveiller les morts. La poitrine de la jeune fille se soulevait à intervalle régulier. Seuls les bruits de la forêt venaient troubler le silence qui avait suivi l'éclat de voix. De petits bruits de pas dans les bois. Sûrement des animaux.

Antoine se retourna vers son ami, la main toujours prête à dégainer. Celui-ci soutenait toujours son regard, mais il semblait s'être calmé. Une branche craqua parmi les arbres.

- Ecoute Aldus, je suis ...

- Chut ! Tu as entendu ?

- Oui, c'est sans doute un animal ...

- Baisse-toi !"

Sans laisser le temps à son ami de réagir, Aldus envoya d'un coup le mage au sol. Une flèche se planta à l'endroit exact où se trouvait la tête d'Antoine quelques instants plus tôt. Suivi d'une pluie qui s'abattit bientôt sur le camp.