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  Mon cœur fit un bond, décidément, ce n'était pas ma journée. Je me retournai presque immédiatement. D'abord, je crus avoir affaire à une créature poilue, mais je compris vite que ce n'était que la chevelure blonde et emmêlée de Jji. Elle leva les yeux vers moi et dit :

  << Tu fous quoi dans ta salle de bain à cette heure ?

  - Mais regarde par terre, dis-je en désignant les traces de sang sur le sol.

  Elle pencha sa tête pour voir, puis elle répondit :

  - Tu es folle, ma parole, il n'y a rien !

  Je fis volte-face. Les mots tracés avec du sang avaient disparu. Je regardai partout dans la salle, comme pour vérifier qu'ils n'avaient pas changer de place. Mais ils n'étaient nul part.

  - Je te jure qu'il y avait quelque chose à l'instant, insistai-je en ne précisant que j'avais vu du sang.

  - Et moi je te jure que tu as vu un film d'horreur. Allez, viens remonte et arrête de faire l'andouille. >>

  Je ne répondis rien. Elle ne me croyait pas. C'est vrai que ça fait un peu gros comme ça mais je suis sûre de ce que j'ai vu. Je suis prête à me faire tripoter la cervelle pour le prouver. Je me remis sous la couette. Mon cœur battait toujours vite. Au fond, j'avais peur de ce que j'avais vu, mais aussi de ce que je pouvais ne pas avoir vu.

  Focalisée par les mots de sang, je n'avais en aucun cas fait attention au reste. J'aurais peut-être dû. Mais la seule idée de sortir pour me balader dans une maison où il y avait quelqu'un de pas forcément gentil, me donnait des frissons.

  Je commençai à trouver le sommeil, quand une ombre passa devant la porte. Vous savez, l'espace entre le sol et la porte, véritable nid à screamer et autre dans les films d'horreur ? Eh bien, maintenant je me rends compte que, pas que dans les films d'horreurs. Sauf si ma vie est en train de devenir un film d'horreur. Ce qui est fort possible. On rêve tous un peu que notre vie devienne intéressante et incroyable, qu'au fil des temps, elle devienne une légende. Mais en fait, c'est le plus affreux. On ne se rend jamais compte de ce qu'ils vivent, les héros. Ils sont souvent courageux et combattent le danger avec fougue, mais nous, avec notre courage, on en est bien incapable, mais on ne s'en rend pas compte. On est bien con.

  Je finis par m'endormir. Un sommeil assez peu semé d'embûches.

  Un bruit me réveilla. Un bruit sourd. Je me levai vite, et m'apprêtai à sortir de la chambre, mais avant, je jetai un regard vers Jjia. Un regard qui se perdit dans le vide, car elle n'était pas là. A l'endroit où elle aurait dû être, il n'y avait qu'une couette retournée, à la rache.

  Je sortit en trombe de la chambre. Je détestais avoir la sensation d'être seule dans un endroit où je savais pertinemment qu'il y avait quelqu'un. Je descendis les marches lentement, privilégiant le silence. Un cri perçant me terrifia.

  << Enaya !

  - Jjia ! répondis-je.

  - Enaya... >>

  Cette fois, ce ne fut pas un cri mais plutôt ce genre de voix grave, avec les voyelles qui semblent vibrer. Mais cette voix était toujours celle de Jjia. Impossible de se tromper là-dessus. Alors, je priai pour que ce ne soit qu'une illusion due à la peur. La salle de bain était allumée. Alors je me reposai cette question, pourquoi toujours la salle de bain ? Il y a plein d'autre salle qui font peur, la cave, le grenier, le sous-sol. Mais non, il faut que ce soit la salle de bain. J'approchai lentement de la porte. Je passai la tête par le trou de la porte. Jjia était là, de dos. Sa chevelure blonde brillait dans la lumière blanche de la salle.

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