Je suis l'auteur et je n'ai pas dix-huit ans

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Je n'ai pas dix-huit ans mais je n'en suis pas loin non plus. De toute façon, ce n'est pas le sujet qui nous intéresse !

Ceci est un commentaire à la fois subjectif et objectif. J'avais proposé de l'écrire il y a un bon moment maintenant et j'ai enfin franchi le pas. Mon avis en tant qu'auteur, mais aussi en tant que mon propre premier lecteur (@menou15 étant ma première lectrice, je n'oublie pas !). Je le fais pour exposer mon regard sur cette histoire qui me tient à cœur et pour vous donner quelques explications.

Ce n'est pas à prendre au pied de la lettre et, encore une fois, votre avis m'intéresse. J'écris ceci en espérant vos retours. N'hésitez pas à réagir !

IL EST POSSIBLE QUE VOUS NE COMPRENIEZ RIEN, OU QUE JE DISE N'IMPORTE QUOI.

Vous voilà prévenus.

La genèse d'Anton et de cette histoire

Au départ, Anton est un personnage que j'ai créé pour un jeu de rôle post-apocalyptique en ligne nommé « Leelh » prenant place à... Lille ! Ce jeu est aujourd'hui fermé (R.I.P) mais a sûrement marqué tous ses joueurs car fortement orienté vers le « roleplay » et le dialogue. J'y ai joué pendant environ trois ans, autant vous dire que j'ai eu le temps de m'amuser avec Anton. Je me suis attaché à ce personnage devenu une création de ma main, si j'ose dire, et j'ai eu envie de continuer de le faire exister encore un peu.

J'avais prévu d'écrire une histoire inspirée de ce personnage mais j'ai préféré tester la température au préalable. Cette histoire est d'ailleurs la prochaine que je vais écrire. On peut dire que « J'ai dix-huit ans et je... » est un spin-off avant l'heure. Je voulais savoir si j'étais capable d'écrire un livre du début à la fin. « J'ai dix-huit ans et je... » est mon premier livre. Oui, d'accord, une nouvelle. Je sais que c'est court, arrêtez de jouer avec les mots ! En tout cas, j'y suis parvenu d'une façon ou d'une autre et, en toute modestie, cet essai me satisfait. Je pense être prêt à passer à la suite.

Mon idée de départ pour cette histoire était beaucoup plus sombre et dramatique. Si vous voulez tout savoir, je pensais à un suicide ou un accident mortel pour la fin. Le segment « Course nocturne » dans mon anthologie aurait pu l'être. Je suis finalement parti dans une direction plus neutre.

Déroulement de l'histoire

Comme certains s'en sont sûrement rendu compte (ou pas, coucou @Karole_S), le récit représente une journée de la vie d'un lycéen dont chaque segment décrit un instant choisi. L'espacement dans le temps entre les différentes parties est équitable : quatre avant le repas de midi (lever, petit déjeuner, grilles, cours d'histoire), quatre après (course, parapluie, rêves, accident), voire cinq si on compte « J'ai dix-neuf ans » qui se présente plus comme un épilogue. Le poème d'Anton ne fait pas partie de cette journée, d'ailleurs je l'avais écrit comme une annexe après « J'ai dix-huit ans et je suis fatigué (bis) » car je considérais ce segment comme le dernier.

Malgré des différences de longueur et d'intensité, par exemple la brièveté du segment sur le petit déjeuner comparée à la longueur de la marche avec Éléa (bien aidée par l'usage des onomatopées), chaque segment se déroule en temps réel. Les actions se déroulent en temps réel tout du moins. Cette instantanéité peut être masquée par moments par l'interruption des pensées d'Anton qui se rapprochent plus d'apartés ou de monologues intérieurs.

Vous n'avez pas dû manquer la phrase « C'est une mauvaise habitude » qui revient dans tous les segments comme un leitmotiv et dont la seule variante est « c'est une habitude ». Ce n'est pas la seule phrase que j'ai utilisé à plusieurs reprises, mais c'est celle qui me permet d'ancrer dans le récit le principe énoncé dans la préface : c'est une journée comme les autres, ce qui signifie qu'Anton s'y comporte comme il le fait d'habitude. De cette façon, en décrivant « une journée », je décris « les journées » d'Anton, je vous fais entrer dans son quotidien.

Anton, son physique

Je vous vois sourire et vous avez raison, puisqu'en parlant de portrait... Eh bien je n'en ai pas fait. Une seule caractéristique physique d'Anton est décrite, et ce, par lui-même : ses yeux quand ils les regardent dans le miroir. Et encore, vous n'en connaissez ni la couleur, ni la forme. J'ai simplement utilisé ce trait pour mettre en lumière l'image qu'il a de lui-même. Sur le même procédé, j'ai décrit sa façon de se gratter les sourcils non pas pour les imager mais pour traduire son comportement.

Je ne vous ai pas beaucoup gâté, veuillez m'excuser !

Vous pouvez tout de même déduire autre chose : Anton jalouse, ou du moins apprécie la carrure du rugbyman qu'il sait lui être supérieur, mais finit tout de même en deuxième place à la course à pied, ce qui est loin d'être ridicule. Il est donc plutôt sportif.

C'est un personnage flou, peu voire pas décrit. Étant donné que vous n'avez pas de description pour l'imaginer, vous ne pouvez vous baser que sur le récit et ses pensées, ce qui en fait VOTRE personnage. Le mien, au départ, mais vous vous l'approprier et lui conférer l'apparence qui vous semble juste. Ou peut-être vous reste-t-il obscur au point de n'inspirer aucune image ?

Puisque je comptais émailler ce segment de quelques références et/ou inspirations, ce procédé est proche des livres « L'étranger » d'Albert Camus (bingo @Capucine17), « L'attrape-cœurs » de J.D. Salinger, ou « Le dernier jour d'un condamné » de Victor Hugo dans lesquels le personnage principal sur lequel l'histoire est centrée en permanence n'est pas dépeint. Je peux également mentionner « La route » de Cormac McCarthy dans une moindre mesure. 

Anton, ses habitudes

Anton, comme nous l'avons vu plus haut, a ses habitudes. Est-il maniaque (la série TV « Monk ») ? Est-il autiste (les films « Rain man », « Ben X ») ? Est-il simplet (le film « Forrest Gump ») ? Quelles qu'en soient les raisons, il a besoin de marques dans l'espace, de repères pour s'y retrouver, à la manière d'un pianiste lorsqu'il s'installe sur son tabouret, ou d'un Raphael Nadal avant de servir. Pourquoi ces comparaisons ? Parce que, bien qu'Anton ne semble pas être un maître dans son art, il partage avec eux ces rituels ; tout comme vous et moi. En décrivant les habitudes d'Anton, en montrant comment elles lui sont nécessaires malgré un intérêt peut-être difficile à cerner, je lui donne un fil conducteur qui le guide vers la suite de sa vie. Pour répondre à @Karole_S qui m'avait demandé si Anton était malheureux, ou @ShuShuMad qui trouvait triste sa situation, je dirais qu'Anton est en quête, à travers ses habitudes, sa routine, de la « suite ». Peut-être cherche-t-il, en répétant son leitmotiv, à se débarrasser de ses habitudes ? Peut-être cherche-t-il à parler à Éléa ? Peut-être cherche-t-il la reconnaissance des autres élèves grâce au sport ? Peut-être cherche-t-il à trouver son but, à exploiter les talents qui sommeillent en lui, comme la professeur d'histoire l'invite à le faire ?

En vérité, les réponses n'ont pas tant d'importance que cela. Ce qui m'importait, c'était le questionnement. Anton pose des questions et se pose des questions, il doute, il réfléchit. Et, encore une fois, je n'ai pas donné d'informations à ce sujet. C'est le lecteur qui doit y répondre par lui-même, et, ce faisant, ne pourra s'empêcher de chercher ses propres réponses, de s'identifier à Anton ou de rejeter ce qu'il représente.

Anton est un personnage et n'en est pas un. Je ne trouve pas mieux comme façon de le dire. Il est vous. Il est moi. Il est les autres. Ce qu'il est, ce qu'il cherche, ce qu'il trouve, ce n'est que du blabla littéraire pour vous pousser à continuer votre lecture ! Ce que je cherchais, moi, c'était l'être humain qui se cache derrière la carapace. Et j'espère que vous l'avez trouvé aussi.


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Merci d'avoir pris de ton temps pour me lire.

J'ai dix-huit ans et je...Where stories live. Discover now