Chapitre 8

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« Don't you realize you shot this family a world of pain ? »

***

Je me réveillai en sursaut, juste après que Nathanael m'ait enflammé, dans mes rêves. Je transpirais comme victime d'une forte fièvre et je ne savais pas réellement si c'était dû à la chaleur ou à la frayeur, celle que je venais de m'infliger à moi-même inconsciemment. 

Je sortis du lit géant, positionné au milieu de la chambre, et pris le chemin de la salle de bain, après m'être emparée de mon portable. Le couloir était envahi d'une odeur alléchante. Moi qui avait perdu l'appétit depuis des années, j'étais prête à avaler tout ce que l'on me donnait à cet instant - mis à part la viande évidemment. J'entendis une voix féminine au loin et les rires d'un enfant... Tout en m'aspergeant d'eau, j'essayai de savoir si je devais les rejoindre ou si je devais plutôt me faire petite pour le moment. Je croisai rapidement mon reflet et restai à me contempler avec horreur. J'étais encore plus laide que d'habitude et j'avais presque honte de devoir me présenter à la femme de mon père ainsi. Alors je tentai en quelques minutes de me rendre un petit peu plus présentable, du moins un peu plus réveillée. 

Je me dirigeai finalement vers le salon mais arrivée à la fin du couloir, je constatai que la femme de mon père, dans une longue robe typique du pays, s'affairait dans la cuisine, pendant que Jery, assis au comptoir, était concentré à décortiquer des légumes. Aucune trace de mon père... La femme brune, à la peau foncé, posa ses yeux sombres, en amande, sur moi. Et comme pour contredire ou effacer les mots de mon père - "elle n'est pas dans ses meilleurs jours", elle m'adressa un grand sourire, identique à celui de son dernier fils. J'étais aussi forte pour faire semblant alors je lui souris en retour. Elle s'essuya promptement les mains et vint me faire une accolade, me laissant interdite. 

- Comment tu vas ? Me demanda-t-elle, l'air intéressée. 

- Je vais bien et toi ?

- Et bien, je suis contente de t'avoir parmi nous !

- Moi aussi. Dis-je honnêtement. Merci de me recevoir. 

- Me remercies pas, c'est tout à fait normal. 

Quand je regardai cette femme brune, à la peau foncée, et aux formes rondes, et que je la comparai à ma mère, je n'y voyais aucune ressemblance. Et heureusement d'ailleurs, car ça aurait été étrange qu'il prenne une copie de ma mère... Mais je n'arrivais pas bien à comprendre pourquoi c'était elle qu'il avait choisis, il l'aimait je ne disais pas le contraire mais comment l'avait-il rencontré ? Et lui qui aimait les femmes travailleuses que faisait-il avec une femme qui n'avait que pour seule occupation ses enfants et son potager ? En clair, Soa était tout le contraire que ce que mon père semblait aimer.

- Kenneth m'a dit que tu étais végétarienne, alors j'ai tout prévu ! M'annonça-t-elle presque avec fierté.

- Il ne fallait pas, c'est gentil. Tu as besoin d'aide ? 

- Non, non pas ce soir ! Repose-toi... Ton père et Judd sont dans le jardin, si tu veux. 

Je n'étais pas d'humeur à insister, et encore moins d'humeur à discuter avec ma belle-mère donc je passai par le salon, la baie-vitrée et tombai sur la terrasse, qui faisait face à une vaste pelouse. Sur la gauche, une piscine enterrée,  reflétait les lumières de la terrasse et sur la droite, je trouvai en effet mon père et Judd, autour d'une table en bois. 

- Joyce, papa m'apprend des gros mots en anglais, tu veux bien m'en dire ? M'appela-t-il.

Je levai les yeux au ciel, face au sourire gamin des deux. Je les rejoignis et pris place aux côtés de mon père. 

Let it burnWhere stories live. Discover now