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A la pause de midi, je me rendis dans la cour pour prendre un peu l'air. Qu'est-ce qu'il m'avait gonflé avec ses histoires, le prof... Le chapitre ne m'intéressait pas, et pour couronner le tout il était malade alors j'eus un mal de chien à prendre des notes.

― Tu m'évites ?

Je sursautai en reconnaissant la voix de Charlie et me retournai pour lui faire face. Un garçon lui tenait la main en souriant. Cette vision me donna envie de vomir.

― Pourquoi ce serait le cas ?

― Je ne sais pas. Je t'ai fait un signe de main mais tu as tourné le dos.

― Mince, j'avais pas vu. Tu comptes faire les présentations ou on se débrouille ?

Elle sembla remarquer la présence de son petit-ami puisque son visage, d'abord déconcerté, s'éclaira.

― Emma, voici Loïc, mon copain, et Loïc, voici Emma, une camarade de classe.

Il échangea avec moi un sourire complice face à tant de maladresse de la part de notre connaissance commune, puis une sonnerie parcourut les bâtiments.

― J'ai cours avec elle, je file. A plus tard.

Elle l'embrassa tandis que je détournais le regard, le cœur palpitant. Pourquoi est-ce que ça me faisait cet effet-là ? Cela ressemblait en tous points à de la jalousie, mais c'était impossible. Pourquoi en ressentirais-je ?

Durant le cours de littérature, Charlie entreprit de dessiner sur ma feuille. Selon elle, ça rendait la leçon plus jolie, et ça me donnerait une occasion de penser à elle. Comme si j'avais besoin d'un graffiti pour ça... Je me perdis un peu à l'observer, concentrée dans son dessin. Ses mèches ondulées tombaient sur la feuille et elle se mordait légèrement la lèvre pour s'appliquer, plissant quelques fois ses yeux noisette. Mon estomac se tordait, et je résolus de détacher mon regard d'elle à moins de vouloir faire une attaque. On passa les deux heures à discuter, et je ne pus m'empêcher de remarquer à quel point les choses semblaient naturelles entre nous. Moi d'ordinaire si réservée, je n'éprouvais aucune difficulté à lui raconter ce qui m'avait poussé à prendre LLCE, ni à lui fournir des anecdotes sur mon enfance, ni même à lui offrir des dossiers à mon sujet. A vrai dire, je crois que j'étais prête à beaucoup pour entendre son rire. Si seulement vous pouviez l'entendre. Je ne suis même pas capable de le décrire. Imaginez un rire d'enfant, rajoutez-y de la maturité, de la sensualité, un magnifique sourire, un regard pétillant, et c'était à peu près ça. Une explosion de sensations dans mon estomac.

Le cours suivant était de la phonétique écrite, et j'étais vraiment ravie que Charlie soit à côté de moi dans ce cours pire qu'assommant. Elle m'étonnait par son savoir, son merveilleux accent et son regard plein de vie.

Pour moi, la journée s'arrêtait là, et je la laissai avec un sourire alors qu'elle déposait ses lèvres sur ma joue droite pour me saluer. Une vague de frisson envahit ma peau et je m'efforçai de ne rien laisser transparaître.

Allongée dans mon canapé, les yeux au plafond, je me lamentais intérieurement. J'éprouvais des sentiments pour Charlie. Il n'y avait que ça pour expliquer ce qu'il se passait dans mon corps et dans ma tête chaque fois qu'elle était aux alentours, et même lorsqu'elle ne l'était pas. Je ne savais pas quoi faire à ce propos, l'idée d'aimer une fille ne m'avait jamais traversé l'esprit. De plus, elle était en couple, que pouvais-je faire ? Rien, absolument rien. Il allait falloir couper tout contact avant que j'en tombe réellement amoureuse, parce que je n'avais aucune envie de recoller les morceaux. Je me rendais bien compte que ma décision allait être difficile à lui expliquer, mais c'était la chose la plus raisonnable que je puisse faire.

I can love you better than he canOù les histoires vivent. Découvrez maintenant