Welcome to England

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La nuit s'abat sur l'Angleterre. L''orage foudroie les arbres environnant, créant une harmonie sombre à la ville. Les éclairs ne cessent de tourner autour de nous. Je peux voir dans les yeux des gardiens qu'ils ont peur. Un petit sourire narquois se forme sur mes lèvres, ils en frissonnent.

-Assez plaisanté Lauren ! C'est l'heure du transfère. Monte !

Le ton roque qu'il a utilisé m'excite plus qu'il ne m'effraie. Je m'exécute et monte dans le camion en direction des enfer. Ils bougent sans cesse, leurs veines ressortent sous la pression du voyage. Il ne manque plus qu'un petit chamboulement et je suis libre. Le temps se fait de plus en plus mauvais et les voitures moins nombreuses. Désormais, il ne reste plus que nos pauvres âmes solitaires sur la route, le moment est venu de mettre un peu d'ambiance.

-Qu'allez-vous faire une fois mon transfère effectué ?

Ils me fuient du regard, je les fixe. Le conducteur cède le silence.

-Tu n'es pas autorisée à parler.

-Pourquoi vous laisserez-je vous ennuyer ?

-Je rentre chez moi et je regarde un film, dit le gardien à mes côtés.

Les autres répondent plus ou moins la même chose sauf le premier.

-Et toi le chauffeur, dis-je en me penchant à l'avant. Raconte moi comment tu vas rentrer chez toi déprimé et sombrer une nouvelle fois dans l'alcool en espérant l'apparition miraculeuse de ta femme défunte.

Il se crispe sur le volant, se demandant comment je sais tout ça sur lui. L'un des gardien de l'arrière me met une muselière. Ce n'est pas ça qui m'empêchera de les déstabiliser. Mes yeux le feront, ils le font toujours.

Le camion s'arrête devant une énorme battisse lugubre dont les cris des démons ressortent sous la pleine lune. L'orage épargne étrangement ce lieux. La forêt environnante est brûlée, toute la végétation sauf celle de la cour. Je sors de la voiture et un vieil homme en blouse blanche me reçoit. Il feuillette son dossier et dénigre me regarder droit dans les yeux. Aucune expression n'altère son visage, il fait très bien son métier. Ça mérite un compliment.

-Je suis ravie de tomber sur quelqu'un qui sache enfin comment faire son métier, m'exclame-je.

-Gardez votre salive pour les cours avec vos médecins. Suivez-moi.

Il nous fait traverser de long en large cet hôpital. Je n'ai distingué aucun humain depuis que je suis rentrée seulement ce vieil homme et moi... Toutes les lumières blanches indiquent un chemin à suivre. Les visages squelettiques aux portes des chambres attristent ceux de l'extérieur. Les personnes qu'on appelait autrefois les "fous" m'observent sans un mot. Il arrêtent leurs activités pour le regarder. Ils ont compris que nous n'étions pas sur le même pied d'escale. Au loin, une brune vêtue d'une blouse entre par une porte, sans doute dérobé, pour nous autres résidents. La pauvre petite semble perdue, personne ne la regarde hormis moi. Nos regards de croisent, je la sens se figer sur place. Un plaisir immense de l'avoir près de moi me prend. Je l'aurais tôt ou tard. Ce n'est qu'une question de temps.

Au bout du couloir, trois portes nous font face. Celle du milieu s'ouvre automatiquement. On continue de m'escorter jusqu'à l'intérieur, puis on me laisse face à du blanc et un lit. Même pas un wc ou un lavabo.

-Tu ne pensais tout de même pas que tu allais avoir accès à tout ça ?, résonne cette même voix vieille d'un siècle.

-Je ne savais pas que nous étions autorisés à porter de longues blouses blanches.

-Que dis-tu ?

-Une stagiaire peut-être ?, insinue-je.

-Camila ?, demande-t-il.

Camila, voilà le nom de ma prochaine sortie. J'ai beau la désirer, ma sortie est propriétaire. Quoique, un petit plaisir contrôlé ne fait jamais de mal.

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Petit Incipit pour annoncer la couleur, vous aimez ?

Strange Love /CamrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant