3.

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Après l'annonce de la maladie de Rose, Alex resta silencieuse durant de longues minutes. Elle réalisa qu'elle en voulait à une malade. Et dans bien des cas, la maladie adoucissait la rancœur.
Après tout, elle ne pouvait pas vraiment blâmer Rose d'avoir rendu Adam comme ça ; c'est qu'il l'avait accepté.

- Donc... elle était malade..., reprit Alex.

- Hum, hum.

Adam acquiesça, mais ne la regarda pas pour autant.

- Elle faisait des crises, souvent. Et les médicaments ne l'aidaient pas.

- Quel genre de crises ?

- Rose souffrait d'une schizophrénie paranoïaque. Et elle avait des épisodes psychotiques assez fréquents. Les médicaments ne l'aidaient pas, l'alcool ne l'aidait pas, prier ne l'aidait pas...

- Qu'est-ce qu'elle faisait quand ça arrivait ?

- Elle... elle était sûre que quelque chose voulait la tuer. Le seul moyen de faire taire la voix de ce quelque chose, c'était qu'elle se fasse saigner.

- Elle le faisait ?

- Ouais, parce que la voix la laissait, après.

- Comment tu as réagi, la première fois ?

Rose se mit à pleurer.

- Il... il a dit qu'il allait me tuer si je ne lui offrais pas du sang...

- Mais Rose, il n'existe pas !

- Si ! Si je passe devant un miroir, je le vois. Et il va en sortir pour venir me tuer !

Alors que Rose se mit à s'agiter, Adam attrapa ses bras.

- Du calme, dit-il en la regardant dans les yeux.

- Adam !

La jeune fille se débattait, angoissée. Elle finit par échapper à Adam et se réfugia dans la salle de bain pour pouvoir se faire saigner un peu.
Pendant ce temps, Adam tambourinait à la porte, mort de peur. Il ne savait pas ce que c'était, après tout.

- Et elle a perdu beaucoup de sang ?

- Pas vraiment. Elle s'était entaillé le bras, mais elle n'avait presque pas saigné, comme si c'était une habitude encrée dans sa peau, comme si plus rien ne réagissait.

- Tu as eu peur pour elle ?

-Ouais. Et pourtant, j'en avais rien à foutre de la souffrance des gens.

Alex regarda attentivement le visage d'Adam.

- Dis, je peux te poser une question ?

Adam se tourna vers elle et acquiesça.

- Tu... tu vis où ?

- Ici.

- Sur un banc ?!

Le jeune homme haussa les épaules.

- Je suis à l'aise, ici. Personne ne m'emmerde, je suis seul.

- Et tu trouves ça bien ?

-Ouais.

L'étudiante ne dit rien, se contenant d'observer le visage abîmé d'Adam.

- Tu sais, il commence à faire froid...

- Je vis sur un banc, évidemment que je le sais !

Le visage du brun se fendit d'un sourire.

- Tu peux venir chez moi. Enfin, au moins pour aujourd'hui.

- Non.

-Pourquoi ?

- Je n'aime qu'être ici. Et puis on ne se connaît pas. Je pourrais essayer de te tuer dans ton sommeil.

Un rictus mauvais déforma la bouche du jeune homme.

- Tu ne ferais pas ça, non, répondit Alex.

-Qu'est-ce que tu en sais ?

Elle haussa les épaules à son tour.
Adam prit une cigarette et la coinça entre ses lèvres avant de l'allumer.

- Explique-moi encore.

- T'expliquer quoi ?

- Ta vie avec Rose.

- Rentre chez toi, on verra demain.

- Demain ? Mais...

- Demain, répéta-t-il plus durement.

RoseDonde viven las historias. Descúbrelo ahora