Rose

9.

Au milieu de la nuit, Alex se réveilla. Elle ne se souvenait même pas s'être endormie sur ce banc, la tête contre l'épaule d'Adam. Lui fumait toujours, regardant dans le vide.

- Quelle heure est-il ? demanda-t-elle en se relevant.

- Je pense qu'il va être quatre heures.

- Il fait si froid...

- Je ne t'ai jamais obligée à rester là.

- Je sais. Mais je voulais le faire.

Adam ne répondit pas. Il se sentait un peu coupable de la voir trembler comme ça, à côté de lui.

- Tu n'as toujours pas faim ? demanda la jeune femme en prenant son sachet de pâtisseries.

- Donne-moi quelque chose.

Alex sourit et lui tendit un beignet en souriant.

- C'est au chocolat. Tu aimes ?

- Je n'en ai jamais mangé.

- C'est l'occasion.

- Sans doute.

Il attrapa la pâtisserai de ses fins doigts, et croqua dedans.

- C'est pas mauvais, finit-il par dire.

Alex sourit à nouveau.

- Je savais que ça te plairait.

- Merci d'y avoir pensé.

- Qu'est-ce que tu manges, habituellement ?

- Tout ce qui ne coûte pas trop cher. J'ai un peu d'argent, mais pas de quoi manger correctement. Alors je me contente d'acheter des snacks à des marchands ambulants.

- Ce n'est pas très équilibré.

- Et c'est la fille qui mange un éclair au chocolat à quatre heures du matin qui dit ça...

Elle rit.

- Et... et pour prendre ta douche ?

- Tu vois une douche quelque part ?

Alex resta silencieuse.

- Nous n'avons pas tous la chance ou l'envie d'avoir une vie parfaite, Alex. Moi, je choisis de rester ici parce que ça me convient.

- Tu ne crains jamais qu'on vienne t'agresser, la nuit ?

- Non. C'est le dernier de mes soucis.

- Pourquoi ne pas retourner chez ta mère ?

- Parce que c'est encore moins humain que de vivre dans la rue.

- Pourquoi ne veux-tu pas venir chez moi quelque temps ? Ma mère n'y verrai pas d'inconvénient, j'en suis sûre.

- Tu es gentille, Alex. Mais je préfère rester ici.

- Est-ce que Rose restait avec toi, la nuit ?

- La plupart du temps, je dormais chez elle. Mais si j'avais envie de sortir, elle restait à l'appartement et me laissait faire. Tant que j'étais revenu pour son réveil, je ne me sentais pas coupable de la laisser seule. Mais peut-être que j'aurais dû...

Alex l'observa en silence.

- Et tu as dormi, cette nuit ?

- Non.

- Il fait tellement froid.

- Oh, mais ça n'a rien à voir avec la température.

- Comment ça ?