Rose

12.

Après avoir brièvement parlé de l'enterrement de Rose, Adam redevint silencieux. Il n'était pas prêt à parler plus longtemps de la mort de Rose.

- Tu te sens coupable de sa mort ?

Il acquiesça en allumant une nouvelle cigarette.

- Pourquoi ?

- Une autre fois, s'il te plaît.

Alex ne dit rien de plus.

- Au fond, je n'aime pas que tu restes silencieuse, Alex.

La jeune fille releva la tête et regarda Adam. Il se tourna à son tour vers elle et lui sourit.

- Pourquoi ?

- Le silence est brisant, tu ne trouves pas ?

- Brisant ?

- Oui. Il est triste, et à la fois, il fait tellement de bruit...

Elle ne dit rien.

- C'est le pire des appels à l'aide, non ?

- Sans doute, oui.

- Rose était silencieuse. Et maintenant, elle est morte.

- Rose, silencieuse ? J'ai du mal à y croire quand je t'entends parler d'elle.

- Je t'assure qu'elle l'était, parfois. Et c'était ce qui me faisait le plus peur. Quand elle faisait une crise, elle pouvait rester de longues minutes en silence. Elle respirait fort et s'arrachait presque les cheveux de la tête, mais elle était silencieuse. Ça ne durait que quelques instants, mais ça me faisait trembler à chaque fois.

- Dis, Adam, tu avais déjà eu une petite amie avant Rose ?

- Ouais. Mais j'ai réalisé que ce n'était pas la même chose. Pas parce que Rose était malade, non, ça, ça ne changeait rien pour moi. Mais pour la façon dont elle me faisait sentir...

La brune sourit tendrement.

- Je n'ai jamais entendu une personne parler d'une autre de cette façon, ajouta-t-elle.

Adam sourit à son tour.

- On ne peut pas parler de Rose comme on peut parler d'une autre personne, c'est tout.

- Et pourquoi tu restes seul depuis sa mort ?

- Je ne suis pas seul, là.

- Tu comprends ce que je veux dire, Adam.

- En vivant avec elle, je me suis rendu compte que j'avais été mal entouré toute ma vie. Et contrairement à ce que croient les gens, rester seul vous rend moins solitaire que de rester avec des personnes qui vous font sentir seul. Voilà.

Alex soupira.

- Pourquoi soupires-tu ?

- C'est étrange de parler avec toi. J'ai envie de t'aider à te sortir de là, mais tu sembles toi-même bien décidé à y rester.

- C'est comme ça.

Il haussa les épaules.

- Alex, est-ce que je peux, à mon tour, te poser une question ?

- Ben... oui.

- Tu as un petit ami ?

- Tu penses vraiment que je passerais autant de temps avec l'épave que tu es si j'en avais un ?

Le jeune homme explosa de rire, ce qui fit sursauter Alex.

- Ah, excuse-moi, je me suis rarement fait qualifier d'épave.

Elle sourit.

- Pourquoi n'en as-tu pas ?

- Je n'en sais rien, moi. Peut-être que les garçons ne me trouvent pas assez jolie.

- C'est une mauvaise raison, ça. La beauté n'existe que dans ta tête, Alex.

- Ça, c'est le genre de choses que disent les garçons qui ne veulent pas paraître méchants.

- Je m'en fous complètement, de paraître méchant, tu le sais. Mais tu sais, pour moi, appeler une personne belle ou beau pour son physique est une insulte comme une autre.

- Tu trouves ?

- Je n'ai jamais dit à Rose qu'elle était belle. Et je ne dirai ça à personne. Je préfère dire intelligente, drôle. Mais pas belle. C'est dégradant.

- C'est intéressant comme façon de voir les choses... Mais ce n'est pas en accord avec la société actuelle.

- Encore une fois ; j'en ai rien à foutre.

- Est-ce que Rose fumait ?

- Oui, parfois. Pour elle, ce n'était rien d'autre qu'un bâton de tabac, ce n'était pas important, mais elle aimait ça, répondit-il en haussant les épaules. Elle... elle n'avait pas la notion de vie ou de mort. Enfin, ce n'était pas comme nous. Déjà, elle était sûre qu'il y avait quelque chose dans sa cigarette qui allait rentrer dans sa bouche et la tuer. C'était fou.

Il marqua une pause.

- C'était comme un enfant, Rose. Et je crois que j'aimais cette insouciance. Surtout quand elle n'essayait pas de me tuer.

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