Chapitre 48

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À la fin de la tournée océanienne mi-mars, le besoin désespéré de Louis de voir Rose s'amplifia, les photos et les vidéos ne lui suffisant plus désormais. Presque deux mois s'étaient écoulés depuis qu'il l'avait tenue pour la dernière fois dans ses bras et cette pensée le déprimait. Il perdit de nouveau le sourire et se tourna, sans presque s'en rendre compte, vers l'alcool pour combler ce manque. Il ne pouvait s'empêcher de rajouter du whisky ou de la vodka dans son café et ses sodas. Mais il réalisa qu'il avait un problème lorsqu'il se mit à les boire purs, cachés dans des gobelets à café au couvercle fermé. Il se comportait normalement sous l'emprise de l'alcool, et personne ne se rendit compte de rien, à l'exception de Gabriel.

Début avril, ils se trouvaient à Singapour, partageant un dîner juste tous les deux dans le restaurant de l'hôtel. Louis fit signe au serveur en levant son verre vide pour lui faire comprendre qu'il en voulait un autre. Gabriel l'observa avec inquiétude, essayant de se convaincre qu'il avait juste besoin de temps pour s'adapter à sa nouvelle vie loin de sa fille. Comprenant ce qu'il endurait, il décida de ne pas faire de commentaire. Cependant, quand il le vit commander son troisième whisky en moins de vingt minutes, il ne put plus garder le silence.

« Louis, je sais qu'elle te manque, mais tu ne dois pas te laisser aller. »

« Qu'est-ce que tu sais de ma douleur, as-tu déjà été père ? » rétorqua Louis froidement en terminant sa boisson et en faisant ensuite bruyamment tinter les glaçons.

Gabriel resta silencieux, le regard triste, et Louis sentit une vague de culpabilité déferler en lui. « Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça. » Il s'apprêtait à lui prendre la main lorsqu'il se rappela qu'ils étaient dans un lieu public, même s'il était quasiment désert à cette heure tardive.

« Tu es toujours désolé, Rose me manque aussi je te signale. Et tu me manques aussi. Tu es peut-être là physiquement mais ton esprit, lui, ne l'est pas, » accusa-t-il en lâchant ses couverts tout en essayant de contenir son irritation.

« Je sais que je ne me suis pas occupé de toi, » concéda Louis, bourrelé de remords.

Gabriel le dévisagea d'un air glacial. « Nous sommes peut-être mariés, mais si tu as l'intention de passer tes nerfs sur moi à chaque fois que tu es contrarié, je n'hésiterai pas à partir. » Il recula sur son siège et croisa les bras. « Nous n'allons pas recommencer les mêmes erreurs. »

Le pouls de Louis s'accéléra. « Je sais, tu as raison, mais je suis fatigué de ne pas avoir ce que je souhaite. Je veux être avec ma fille, la voir grandir, je veux te tenir par la main en public et montrer que tu m'appartiens, mais je ne peux rien faire de tout ça, ce qui me rend fou. Je veux être libre. »

« C'est ce que nous voulons tous. »

« Je t'aime et encore une fois je suis désolé de ne pas te donner ce que tu mérites. »

Gabriel jugea les excuses de Louis acceptables et passa à un autre sujet. « Nous devrions partir en lune de miel, » proposa-t-il. L'idée semblait merveilleuse, ils avaient besoin de passer du temps que tous les deux.

« Mais quand ? »

Gabriel attrapa son téléphone et fit défiler leur emploi du temps. « Nous avons quatre jours de break la semaine prochaine après le concert à Hong-Kong. Nous pourrions aller aux Fidji, » suggéra-t-il avec un sourire.

« Encore ? »

« Je n'étais pas avec toi quand tu y es allé », riposta Gabriel en lui jetant un regard meurtri.

Louis sentit sa gorge se nouer en se remémorant ses vacances avec Grace. Il s'était ennuyé à mourir avec elle. Pour des questions d'assurance, il n'avait pas eu le droit de faire de la plongée sous-marine ou toute autre activité aquatique jugée dangereuse et, du coup, il ne lui restait plus grand-chose pour s'occuper. Fidji était paradisiaque, parfait pour les couples, ce qui l'avait d'autant plus contrarié. Il savait que Gabriel rêvait d'y aller.

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