VI.

2.5K 367 144
                                    

Sans doute

Ne voulait-il pas

Retomber dans les

Méandres d'un passé obscur.








Les pneus noirs avalent l'asphalte, sur des kilomètres de routes étendues. Dans la voiture, la tête penchée vers la vitre, HoSeok essaye de ne pas penser. A côté de lui, YoonGi a sa main tout près de la sienne. De temps en temps, elles s'effleurent discrètement.

Ils sont partis tôt ce matin, alors que les lueurs de l'aube peinaient à réchauffer la ville. Ils sont montés dans un grand fourgon, avec les quatre autres hommes de l'équipe du devin. Il y a aussi un deuxième fourgon qui les suit, avec une équipe de sept hommes. Et depuis, ils roulent.

YoonGi parle quelque fois, mais HoSeok n'écoute pas vraiment. Il sait où ils vont et il sait ce que le devin espère. Ce qu'il ne sait pas, c'est s'il sera capable de lui donner.

Mais voilà que déjà le bâtiment gris s'élève au bout de la route, tandis que la lumière du soleil ne parvient pas à l'atteindre. NamJoon, qui conduisait jusqu'alors, arrête la voiture sur le chemin de terre battue.

Les étoiles subsistent dans le ciel bleu au dessus de leurs corps.

L'entrepôt troue l'horizon, passif au milieu de la forêt désordonnée. Exposé aux bribes de l'obscurité et à l'humidité ambiante, HoSeok frissonne. Il entend les hommes de l'autre fourgon descendre, puis le cliquetis des armes qu'on charge et des ordres secs donnés par une voix froide. L'homme brun sent la présence YoonGi à sa droite avant de le voir ; se détend quand la grande main blanche se pose sur la sienne, dans sa poche.

Ils ne parlent pas, silence placide, et YoonGi l'entraine vers les autres.

Une poignée de secondes plus tard, ils entrent dans le vieux bâtiment, entourés par les hommes de l'équipe de sécurité, armes au poing. Le devin ne lâche pas la main du brun, ni dans la première pièce, ni dans le couloir, ni dans une salle plus grande que les autres. Mais quand HoSeok se tourne vers lui, pâle comme la mort, les yeux révulsés mais pourtant debout, ses doigts retombent contre sa hanche.

HoSeok écarte les hommes qui l'encerclent, s'avance au milieu de la pièce et se tapit dans un coin, les bras autour de son corps. YoonGi retient SeokJin qui essaye de s'approcher. Le sang battant dans ses tempes, il regarde l'amnésique s'accroupir, se rassoir, se relever, se griffer les poignets, les joues, le mur. Puis, il court vers l'étage, comme s'il savait d'instinct où étaient les escaliers. Il monte les marches à la volée, tombe et se relève, les genoux en sang. Derrière lui, tout le monde le suit. Ils sont suspendus au moindre de ses geste et YoonGi a le poing crispé de peur.

Peur de l'état dans lequel il va le retrouver quand il sortira de sa transe.

HoSeok monte encore un étage, traverse les salles poussiéreuses, et s'arrête précipitamment dans une pièce sans fenêtre. Des murs troués sortent des câbles électriques arrachés et sur le sol, les lattes sont détachées. Il s'avance jusqu'à un coin moisi, s'abaisse vers la plinthe et l'arrache en se cassant les ongles. Derrière, il y a du sang, des cheveux et des morceaux de peau.

Les yeux toujours blancs, les mains fébriles et le visage en sueur, HoSeok se tourne vers le groupe, qui, sur le seuil de la porte, le regardent avec des yeux immenses.

Sa voix tremblante résonne dans le silence et les particules de saletés :

« - C'est là que mon père me laissait quand il venait ici. »

La Ligne Sacrée | YoonSeokWhere stories live. Discover now