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Je suis recroquevillée contre le rebord de ma fenêtre. Des éclairs traversent régulièrement le ciel et le tonnerre gronde de plus en plus fort. Avant, j'avais peur des orages mais bizarrement ça ne me fait plus rien. Au contraire, j'admire la façon dont le ciel se révolte, comme s'il cherchait à déverser sa colère sur quelque chose. J'ai parfois l'impression qu'il est comme moi. C'est vrai, la météo change tous les jours tout comme mes émotions. Aujourd'hui par exemple, je suis en colère mais triste aussi... Quelques gouttes glissent sur le carreau de la fenêtre, d'autres sur mes joues.

Niall n'est pas venu me voir depuis deux jours, je ne sais pas pourquoi. Sa présence me manque, je suis toujours rassurée quand il est là. Hormis l'infirmière, je n'ai vu personne. Elle est venue déposer mes plateaux repas et elle est repartie sans dire un mot. Depuis la dernière remarque de mon psychologue, elle fait comme si je n'existais pas ; elle s'occupe de moi car elle n'a pas vraiment le choix.

Les visites sont autorisées aujourd'hui et je sais très bien que les seules personnes qui vont venir sont mes parents. Je ne suis pas sûre de vouloir les revoir, ils n'ont pas été très tendre avec moi la dernière fois qu'on s'est vu, le jour où ils m'ont déposés ici. Et quand on parle du loup, mes parents font leur entrée soudaine sans même frapper à la porte. Ma mère me détaille en posant son sac à main sur le fauteuil.

- Tu fais peine à voir, soupire-t-elle.

Sympa l'accueil... Ils ne m'ont pas vu depuis trois semaines et c'est tout ce qu'ils trouvent à me dire. Mon père s'avance vers moi, les sourcils froncés et les mains sur les hanches.

- L'infirmière nous a dit que tu ne prenais pas tes médicaments. J'espère que c'est une plaisanterie, s'énerve-t-il. Tu sais combien on a payé pour te mettre dans ce centre ?!
- Tu exagères, ajoute ma mère. Tu ne fais vraiment aucun effort.

Je me lève en les ignorant et pars m'installer sur le lit. Je savais qu'ils allaient me passer un savon. Ils n'en n'ont rien à faire de comment je vais, ils ne se sont jamais souciés de moi. C'est à se demander s'ils m'ont un jour aimé.

- Arrête de te comporter comme une enfant. Tu nous fais honte, crache ma mère.

J'essaye de retenir mes larmes. Ils me l'ont déjà dit, je devrais avoir l'habitude. Je n'ai jamais été assez bien pour eux. Il ne faut surtout pas que je me mette à pleurer, ça ne ferait qu'aggraver la situation. Mon père m'attrape le bras violemment et me lance un regard noir.

- Écoute-moi bien, tu vas arrêter cette comédie immédiatement ! Tu as intérêt à te comporter comme une adulte, que l'on règle ce problème une bonne fois pour toute.

Il me lâche et se retourne vers ma mère alors que je frotte mon bras douloureux.

- Tu comprends pourquoi j'avais espéré qu'on ait un garçon.

Ses mots me font l'effet d'une gifle. Je baisse la tête et laisse les larmes glisser lentement sur mes joues. Mon père sort et claque la porte alors que ma mère reste à me regarder et attend que je réagisse. Tout ce qu'elle trouve à dire avant de rejoindre mon père c'est :

- J'ai vraiment honte de t'avoir pour fille.

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