27. Tapis dans l'ombre

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A LIRE AVEC LA MUSIQUE

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A LIRE AVEC LA MUSIQUE.

ETHAN

J'affectionne tout particulièrement les soirées d'été. L'épais nuage de chaleur des tumultes de la journée plane encore malgré le calme de la nuit. Tout a l'air si paisible maintenant, comme si cette pesanteur dissipait le vacarme du jour tandis que la nuit revêtait sa cape étoilée. 

Confortablement installé dans ma voiture j'attends patiemment que Matt me rejoigne. En un clic discret et solitaire, j'actionne mon briquet et accompagne la flamme jusqu'à ma cigarette.  Lentement, j'inspire une grande bouffée. Seul le bruit de mon souffle se fait distinguer dans l'habitacle. 

Le public est toujours à l'intérieur, la rue est déserte. Je jette un coup d'oeil à ma montre, 22h23, le spectacle ne devrait pas tarder à toucher à sa fin. Sans tendre l'oreille, je peux discerner très distinctement le cliquetis des aiguilles , et dans ma tête je visualise tout le mécanisme. Les engrenages et leurs rotations millimétrées, le ressort du barillet et le sursaut des flèches. C'est comme ça que mon cerveau fonctionne , c'est comme ça qu'il a toujours fonctionné. Chaque son, chaque objet est méticuleusement détaillé, étudié, et même si ce fut épuisant au départ , c'est maintenant devenu une habitude dont j'arrive à tirer bien des avantages.

Je tire une seconde fois sur ma cigarette et examine l'opaque nuage de fumée blanche qui emplit tout l'habitacle . Dessinant de légères courbes qui dansent gracieusement, je fixe le brouillard opaque qui, peu à peu, me laisse entrevoir mon regard concentré dans le rétroviseur. Le temps me parait bien long, trop long face à ce qui se joue en ce moment même en ces lieux. Je fais rouler  le petit briquet entre mes doigts, impatient. Je l'actionne encore une fois devant mes yeux, faisant danser la flamme ardente. Elle me rappelle quelqu'un. Là encore s'offre à moi tout le mécanisme de l'objet, le roulement de la molette, les étincelles qui crépitent et le gaz qui s'embrase, libéré, intense.

L'élégante brume  s'éloigne en un tourbillon vertigineux et  lorsqu'elle se dissipe je peux enfin discerner mon frère qui avance d'un pas rapide vers la voiture. Son visage est crispé et je comprends alors qu'il est furieux. À son enjambée je détermine précisément le temps qu'il mettra à atteindre la portière. Je savoure les dernières secondes de répit et actionne le décompte.

Quatre, trois, deux, un.

Et en un bruit vif  et sourd à la fois, Matt fait son entrée à mes côtés.

— Putain , Ethan c'était quoi ça ?

J'avais raison, sa respiration est rapide, saccadée et son regard me fusille littéralement. Afin de ne pas le contrarier davantage, je décide de m'exprimer en signant.

— Calme-toi Matt.

— Que je me calme ? Mais enfin, si tu avais vu son regard quand elle a sorti le masque de sa poche.

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