DE SANG ET D'ARGENT T6 Once given never forgotten [Terminée]

Épilogue

NANA

Springfield, Illinois,

Demeure de Pharell Sandoval, Alpha d'État.

Sept mois plus tard.

— C'est une... allergie.

Ma phrase fut ponctuée d'un puissant éternuement qui me secoua les méninges, au sens propre. Ça m'arracha la gorge aussi, mais de toute manière, au point où j'en étais, ça de plus ou ça de moins, ce n'était pas grand-chose. Je tâtai la table basse à la recherche de la boîte de mouchoirs, mais Flinn fut plus rapide que moi. L'Eros de la meute me tendit le mouchoir et je me redressai légèrement :

— Berci.

J'avais la voix enrouée au maximum et ma langue avait du mal avec les consonnes, c'était une évidence à ce stade. De façon générale, mon cerveau avait beaucoup de mal avec trop de choses, ce qui faisait que je ressemblais à une sorte de baleine échouée sans énergie et sans aucun désire de bouger ma carcasse du canapé. Heureusement pour moi, Flinn qui passait le plus clair de son temps avec moi semblait trouver cela excessivement drôle.

Il s'installa à côté de moi et souleva mes jambes pour les poser sur ses cuisses. Flinn était une personne très prévenante, mais qui savait aussi dire les choses comme il se devait, quitte à bousculer un peu la personne en face. Moi, cette honnêteté teintée de brusquerie me plaisait énormément, même si j'étais incapable d'être ainsi.

— Tu répètes ça depuis des jours, Nana, mais là, je vais finir par croire que tu es en phase terminale d'une quelconque maladie.

Je secouai la tête et me laissais retomber contre les coussins. Ils avaient pris la forme de mon corps. C'était assez drôle. Même si Wayan n'arrêtait pas de répéter que j'avais plutôt intérêt d'être d'attaque pour le fameux marathon Disney. Et surtout que j'avais intérêt à arrêter de squatter le canapé, empêchant quiconque d'y aller. Pour l'heure, c'était mon territoire. Et croyez-moi, j'avais tendance à mordre quiconque voulait me déloger. Pharell y compris. Non mais qu'est-ce qu'ils croyaient, tous ? Même Dyklan n'avait jamais réussi à avoir quoi que ce soit de moi dans cet état, alors ça montrait à quel point c'était une cause perdue.

— Du barles, hormis aboir les yeux éclabés et aboir de la borve bardout, je vais bien.

Je soupirai. Autant arrêter de parler. Mes allergies avaient toujours eu le don de me mener la vie dure à une certaine période de l'année. Comme quoi ; les loups n'étaient pas immunisés contre tout. Ça aurait été trop facile, bon sang. Je tenais ça de papa. Entre autre chose. J'aurais préféré écopée d'un truc un peu plus cool, mais je pouvais toujours courir.

Flinn éclata de rire et me tapota la jambe. Sa douce aura m'enveloppa et me donna un peu moins mal à la tête, me faisant me sentir mieux, même si ce n'était que l'espace d'un court instant, c'était toujours bon à prendre.

Flinn était l'Eros de la meute et son rôle principal était d'apaiser. Il était une présence vers laquelle on n'avait pas forcément besoin de se tourner. Il agissait dès qu'il sentait qu'il le fallait et parfois, même sans que nous ne nous en rendions compte. C'était ça, un Eros. Tellement plus que nous pouvions le penser. Sa place au sein d'une meute était primordiale et il était un pilier important au même titre que le Second ou la Main, mais dans une mesure totalement différente. Flinn n'avait pas eu autant de mal que les autres à accepter ma présence ici. À accepter que je sois liée à Pharell et aujourd'hui, que je sois liée à la meute. Il avait toujours été un allié pour moi et aujourd'hui, même si cela faisait moins d'un an que j'étais parmi eux, je pouvais dire que c'était un ami. Au-delà du fait qu'il soit mon loup, il était un confident vers qui je n'avais aucun à priori à aller voir. Peut-être parce que d'une certaine façon, il me rappelait papa. C'était un raccourci rapide, mais se confier à un Eros était presque naturel dans des meutes saines ou ce dernier était tourné vers les autres. Tous ne l'étaient pas et bien des Eros ou Eranthe avaient leur propre façon d'être et alors, la meute devait composer avec en quelque sorte.