Chapitre 4 : Les toits

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Je sors du lycée. Il est 18h. Le soleil est en train de se coucher, le ciel est orange/rosé, avec quelques taches blanches, un vent frais balaye mes cheveux. Je marche, lentement, chaque pas me semble lourd, je n'en reviens pas d'avoir réussi à lui parler. Un simple mot "merci " . Je le sais. C'est banal et pourtant, qu'est ce que ça fait plaisir.

J'ouvre la porte de chez moi, et la referme délicatement. Je laisse tomber mon sac à dos au sol, puis va à la cuisine. Sur le frigo, un mot laissé par ma mère : " Je ne rentrerai pas ce soir, je compte sur toi pour te faire à manger. Bisous, je t'aime ma chérie. " . Un soir de plus, seule. J'ai l'habitude vous me direz. Je monte dans ma chambre, silencieuse, puis m'assois sur mon lit. Je pense. Que fait-il ? À quoi pense-t-il ?
Je reste là, et lui ? Lui, il passe devant chez moi. Pardon ?! Il passe devant chez moi !
Je cours prendre le paquet de cigarette de ma mère et descend pour le rattraper. Je lui dis essoufflée :
" - Tu.. Tu veux une .. Une cigarette ? J'ai un briquet cette fois-ci ..
- ...
- ..Tiens.. Je te la donne, lui dis-je en lui tendant mon bâtonnet de nicotine. "
Il me regarde avec ses yeux bleus, bleu azur, bleu sublime, bleu océan, bleu malheur, bleu amour. Il prend ma cigarette, l'allume et réfléchie. Il sourit légèrement puis me propose de fumer ensemble, dans un coin qu'il aime bien. Que " justement il est seul ce soir et qu'il aimerait bien être avec quelqu'un de nouveau " .

J'accepte tout en rougissant. Il me demande de le suivre, on marche quelques instants, puis on arrive dans une ruelle, finissant en cul-de-sac. Il tire une poubelle allongé au sol, la releve et la colle contre un mur. Il me dit qu'il faudra grimper un peu, mais qu'il m'aidera. La clope au bec, il me fait la courte échelle en montant sur la poubelle, puis lui, d'un bond, grimpe sur le mur. Vu sa facilité à le faire, ça se voit qu'il vient souvent ici. Si c'est son squatte, je me permettrai de venir plus souvent ici.
On monte de toits en toits, puis enfin on s'installe sur le haut d'un immeuble ancien , qui se trouve juste face de l'autoroute. Je regarde, j'apprécie ce paysage médiocre. Et lui ? Lui il fume.

Jordan, Le MagnifiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant