Chapitre 12 : Les vacances étaient géniales, merci.

89 5 1
                                    

Je ne peux m'en empêcher, malgré la peur, je lui demande pourquoiil est toujours devant chez moi. Il me répond très gentillement qu'il veut s'assurer que tout va bien. Je lui répond que je ne peux l'être plus, je suis entre 4 murs, en sécurité, au chaud. Je lui conseille de rentrer chez lui, pour éviter qu'il ne tombe malade. (Je m'abstiens de lui dire que ça ME rend malade de savoir que ça doit faire depuis 4h qu'il reste planter face à ma maison. ). Ilsourit, me remercie pour mon inquiétude, puis s'en va. Je le vois disparaître au fur et à mesure qu'il s'éloigne. Je vois une étincelle vers sa silhouette. Il s'est allumé une cigarette. La fumée l'encercle et le camoufle.

Il est parti.

J'ai le cœur qui est prêt à s'arracher de mon torse. J'ai eu peur. Très peur. Je n'ai pas l'habitude d'exprimer mes sentiments,surtout lorsqu'il s'agit de quelque chose qui me déplaît. Demanderde disposer, à une personne, est une épreuve de qualité, à mes yeux. Surtout lorsqu'il s'agit de quelqu'un dont je commence à douter de son état mental. Je ne me comprends pas. Il y a quelques semaines, j'aurai donné ma vie pour qu'il m'adresse ne serait-cequ'un regard. Et là, il m'inquiète, il m'angoisse. Je respire puis réfléchie. Peut-être que je psychote de trop ? Peut-êtrequ'il est beaucoup plus protecteur que je ne le pense ? C'estsûrement ça. Je me fais du soucis pour rien. Je retourne me coucher.



C'est le lendemain matin.

J'ai passé une nuit horrible. J'ai rêvé d'être poursuivi par une personne dans une immense forêt. Et qu'elle m'attrape. Et son sourire était exactement le même que celui de Jordan, la veille. Je crois que ça a marqué mon cerveau à ce point. Mais après réflexion, ce n'était rien d'autre qu'un sourire. Il faut que je décompresse. Je ne dois pas oublier que mon état mental s'est aggravé après mon viol. Je dois me ménager. C'est normal que les hommes puissent m'effrayer. J'essaie de me rassurer, de me comprendre et c'est la seule explication, pour le moment, que je peux donner àmes réactions disproportionnées face à Jo'.

Je prépare mes affaires, malgré mes ennuies, la vie continue et le lycée aussi. Je sors de chez moi, et me déplace vers mon établissement. Des élèves dans ma classe me demande si tout va bien, car j'ai loupé beaucoup de cours, ces derniers temps. Je leurs réponds d'un sourire, et va m'asseoir. Le professeur fait l'appel,puis en remarquant ma présence, ne peut s'empêcher de faire uneremarque déplacée : « Vous êtes de retour ?Alors, les vacances étaient bien ? », quelques élèves rigolent, mon cœur s'accélère. Je n'ai pas l'habitude d'être le centre de l'attention. Mes poings se serrent. Je me lève d'un coup de mon bureau, et avance vers mon enseignant. Je colle mon visage au sien, puis en le perçant du regard, je lui réponds :« Les vacances, enfermée dans ma chambre, à réfléchir à chaque instant à me suicider parce que je me suis faite violer , étaient géniales.Je vous remercie. » Je décolle mon visage du sien, je ne sais pas quelle expression faciale j'ai, mais il semble effrayé et choqué par la nouvelle annoncée. Je décide de récupérer mes affaires et de quitter la salle de cours. Je me pose dans la cours de récréation,en attendant que le portail s'ouvre. Je n'ai pas envie de revoir mes camarades, après ce que j'ai dit . Je ne veux aucune question.J'avais juste envie de remettre à sa place ce prof. J'en ai assez que les professeurs parlent comme s'ils avaient la connaissance divine. Ce n'est pas parce que je suis une élève que je n'ai pas le droit au respect. Et c'est sur ces belles pensées que les surveillants ouvrent le portail qui sépare la ville de cette prison éducative. Je sors, puis me surprends à prendre une clope, du paquet appartenant à ma mère, que j'avais mis dans mon sac pour les offrir à Jordan. Je me sens libre.

Je vagabonde dans les rues, n'ayant pas grand chose à faire. Je décide de me diriger vers la plage. Je m'assois sur le sable doux, profitant des rayons de soleil. Il n'est que 10h du matin, et pourtant il fait tellement bon. Le vent me rafraichit comme il le faut, ni trop, ni pas assez. Il fait flotter mes cheveux. J'oublie tout. Absolument tout.  Le bruit de l'eau me berce. Je m'allonge. Il fait si bon. Si bon que je m'endors, malgré le bruit de pas qui se rapproche de moi.

Jordan, Le MagnifiqueWhere stories live. Discover now