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Lorsque j'entrouvre les paupières, une aveuglante lumière blanche m'éblouit les yeux, me faisant les refermer aussitôt. Lâchant un petit grognement de douleur, je sens mes muscles endoloris se réveiller et tente de me tourner avec douceur mais fais sans le vouloir un léger mouvement brusque. Poussant un petit cri de souffrance, je serre les dents en sentant les larmes me monter aux yeux, déglutissant en essayant d'ignorer la douleur qui s'est allumée dans mon dos. Bon ok Baekhyun, je me souffle mentalement, tout en douceur, encore une fois.

Lentement, sans desserrer les dents ni ouvrir les yeux, je me redresse de mon lit pour m'y asseoir, regrettant la chaleur de la couette que je dois malheureusement quitter. Une fois debout, j'inspire longuement en ignorant mon dos en feu et fais quelques pas maladroits avant de retrouver mon équilibre pleinement et de me diriger lentement vers la porte. Sortant de ma chambre, ma main vient se frotter à mon œil droit tandis que je pousse la porte de la salle de bain, prenant sur moi à chaque fois que la douleur de mon dos se fait ressentir. Machinalement, je me dirige jusqu'au placard à pharmacie, ouvrant les tiroirs pour sortir le nécessaire qui m'est maintenant une habitude. Tubes de pommades, pansements, antiseptique cutané, compresses stériles, tampons compressifs, tube homéopathique d'arnica montana 9CH, paracétamol et j'en passe. Tout pour mon bien et pour soulager ma douleur.

Sans tarder, je m'active entre les tubes, pots et ciseaux, pansant mes blessures plus ou moins profondes selon les endroits. J'ai toujours eu beaucoup de chance. Malgré que je sois violenté fréquemment, je m'en suis toujours sorti sans réelles graves blessures. J'ai juste eu le poignet cassé une fois, mais c'était dû au fait que j'étais tombé de tout mon poids dessus après avoir heurté le mur. Sinon, malgré la violence des coups que je reçois, je n'ai toujours eu que des marques qui s'estompent rapidement ou des plaies qui se referment sans prendre des mois. Mais à force, je me doute que plus je recevrais de coups aussi brutaux, plus mon corps ne supportera pas et n'effacera pas ces marquages. Et lorsque ce jour arrivera, je ne pourrai plus rien cacher.

À cette pensée, un frisson m'envahit, me faisant grimacer après que mon dos se soit raidit. Non pas que j'ai peur de Baekbom en lui-même mais j'ai surtout peur de la réaction qu'il pourrait avoir s'il s'aperçoit que rien n'est plus dissimulable aux yeux du monde. Habituellement, il fait toujours en sorte de ne pas me frapper au visage pour que personne ne remarque rien, mais hier soir était l'exception qui devait arriver. Résultat, à la vue que j'ai de mon reflet face au miroir, j'ai la lèvre inférieure fendue en deux et donc boursouflée, les yeux pochés de fatigue et les joues encore rouges et légèrement gonflées. J'ai de la chance, j'ai échappé de peu au coquard apparemment...

Soupirant longuement, je range les soins dans leur placard avant de sortir de la salle de bain, descendant les escaliers pour rejoindre le rez-de-chaussée. Et à en voir son état, Baekbom est encore parti au travail sans prendre la peine de ranger. Autrement dit, à moi le sale boulot.

Vie de merde, je soupire en commençant à ramasser les débris.

Morceaux de verre, de bois, de plastique, tout y passe et atterrit dans la poubelle. Vient le tour des meubles que je dois remettre sur pieds, du mobilier qui doit rejoindre sa place et de toutes les petites babioles encore intactes qui se retrouvent dessus. Reste le plus pénible ensuite, balayer le sol. Et frotter toutes les tâches de sang et d'alcools qui marquent le carrelage. Au moins Baekbom a fait ça propre, il n'a pas salit le parquet ni la moquette, toutes les tâches se trouvent sur le carrelage comme si c'était fait exprès. Soupirant encore une fois, je m'active donc à récurer le sol, grimaçant tout de même à la douleur encore brûlante de mon dos.

Ce n'est que deux heures plus tard que tout le rez-de-chaussée est propre comme un sous neuf, m'étant appliqué à nettoyer toutes les pièces de fond en comble – même celles préservées du laisser-aller de mon frère, ce dernier n'aura rien à redire en voyant cet état de propreté. C'est bien la seule chose dont il ne se plaint pas encore pour l'instant, le ménage. Et la cuisine aussi, vu que je m'applique à cuisiner de mieux en mieux pour ne recevoir aucun mauvais retour de sa part, je m'améliore constamment et il semble apprécier.

HurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant