UnLovers

Mariage 8.

Sandra se détacha de son fils, posa son verre et le regarda gravement. Il était temps pour lui d'apprendre la vérité, ou une partie du moins.

-Marc, tu ne t'es jamais demandé d'où pouvaient venir tes émotions ?

-Si, bien sûr ! Dès que je me suis rendu compte de mes sentiments pour Emma j'ai cherché des livres dans la bibliothèque pour savoir comment c'était possible...

-Et tu n'as pas trouvé j'imagine.

-Hé bien curieusement si, j'en ai trouvé un dans les affaires qu'avait caché Grand-père avant... avant tu sais quoi, malheureusement je n'ai pas eu le temps de le lire, j'avais commencé, mais, disons que j'ai été interrompu et que je n'ai pas pensé à le continuer.

En disant cela, il repensa à cet instant dans les bois où Emma l'avait surpris en train de le feuilleter et qu'elle avait découvert sa nature. Ce souvenir datait de quelques semaines uniquement mais il lui semblait que des mois étaient passés. De son côté la mère de Marc ne faisait pas attention au pensées que son fils cachait mal, elle n'en revenait pas de sa découverte. Jamais elle n'avait jamais entendu parler de ce livre. S'il existait réellement il contenait sûrement les réponses à toutes les questions qu'elle se posait depuis l'enfance. Elle devait le lire. Mais comment avait-t-il pu être imprimé sans que le Gouvernement s'en rende compte? Elle savait mieux que quiconque qu'il possédait des espions dans chaque coin de rue et qu'il était difficile de lui cacher quelque chose. Elle devait le récupérer et en faire une copie avant que des Agents le trouvent. Il représentait peut-être l'arme qui lui permettrait enfin de se venger de tout ce qu'ils lui avaient fait subir. Elle devait le récupérer et protéger une des dernières choses qui lui restait, son fils. Alors elle s'efforça de prendre le ton le plus dur possible et dit :

-Où as-tu mis ce livre Marc ? Te rends-tu compte du risque que tu cours si jamais quelqu'un te trouve en sa possession ? Tu ne penses pas déjà être dans une position délicate ? Ce n'est pas assez pour toi d'enfreindre les deux règles les plus importantes du Gouvernement, celles qui cherchent à tout prix à faire respecter ? Donne-le moi, je m'occuperai de le mettre dans un endroit sûr, tu pourras toujours y avoir accès si tu veux, mais il est primordial de le cacher et que personne n'en apprene l'existence.

Marc s'arracha à ses doux souvenirs et leva les yeux, surpris par la dureté du ton de sa mère. Il l'observa attentivement, ses yeux de braise brûlaient, mais ni de colère, ni de peur, ils brûlaient d'autre chose, de haine lui sembla-t-il, mais contre qui ? Pas lui en tout cas. Il voulut lire dans les pensées de sa mère pour en apprendre plus, mais elle dut percevoir ses intentions car elle les bloqua à l'instant même où Marc commença à connecter à ses fréquences aux siennes. La seule chose qu'il perçut ce fut l'image du visage d'un homme ressemblant curieusement au sien.
Sous l'impact de l'intrusion, Sandra se leva, et cette fois-ci dans son regard Marc put y déceler un soupçon de gêne, mais surtout de la douleur, une douleur qui lui sembla vieille. Sa mère était hantée par des fantômes, il le sentait.
Honteux de cet acte, Marc accepta ce que lui demandait sa mère et alla chercher le livre qui était dans sa chambre. Il se posait beaucoup de questions, il se rendait compte que sa mère avait elle aussi des secrets à cacher, avaient-ils un lien avec Emma et sa capacité à aimer ? Et qui était cet homme qu'il avait vu dans ses pensées ? Au début il avait cru que c'était lui, mais c'était un visage d'adulte, un adulte qu'il ne connaissait pas. Sa mère avait-elle un amant ? Il ne serait donc pas le seul à encourir des risques. Cela le fit sourire, il avait cru être le seul différent dans sa famille, mais plus il cherchait de solutions pour ses problèmes, plus il en découvrait chez ses proches. Il se souvint alors d'une phrase que venait de lui dire sa mère, "ton problème n'est qu'une infime partie du véritable sac de nœuds". Infime ? Cela voulait dire qu'il y en avait d'autres, et plus importants encore ! Mais lesquels ? Il devait découvrir l'ampleur de ce qui se tramait car il y trouverait sûrement la solution à son problème. Et quelque chose lui disait que cet homme qu'il avait vu dans les pensées de sa mère était impliqué dans ce sac de nœuds. Il allait donc commencer par là.
En entrant dans le salon il vit que sa mère s'était resservi un verre de rouge, à cette vitesse là il se dit que la bouteille serait vide d'ici une heure. Ce n'était peut être pas plus mal après tout, une fois bien soule il pourrait sûrement lui extraire les informations qu'il voulait.
-Tss tss Marc, je t'entends toujours. Pourquoi vouloir m'extraire ce que je sais à mon insu alors que je vais tout te dire. Tu n'as toujours pas compris qu'on est dans le même camp ?
-Je préfère ne plus faire totalement confiance au gens maintenant. Qu'est-ce qui me prouve que tu es vraiment avec moi et pas avec Papa ?
Le visage de Sandra se décomposa sous les paroles de son fils. Comment pouvait-il ne pas la croire ? Il avait pourtant était témoin de la haine qu'ils se portaient mutuellement. Elle repensa à tout ce qu'il lui faisait subir, autant physiquement que mentalement. Elle ne voulait pas que son fils voie ça et elle bloqua ses pensées, mais comme la dernière fois, un souvenir lui échappa.
Marc ouvrit la bouche, choqué par ce qu'il venait de voir :
-Il te bat ? Le salaud, comment peut-il ! Et tu ne t'es jamais plainte au Gouvernement ? Je sais que vous n'êtes pas censés vous aimer, mais ce n'est pas une raison pour être violent !
-Malheureusement il est dans son droit... notre mariage n'est pas tout à fait construit sur le même modèle que les autres mariages d'Unlovers. Tu sais que c'est le Gouvernement qui choisit les futures conjoints et qui les font marier ?
-Oui, même qu'ils étudient chaque dossier pour faire le couple parfait à chaque fois. Ils essayent de trouver les personnes qui se ressemblent le plus et qui ont le plus de chance de s'entendre pour qu'ils soient heureux malgré ce mariage forcé.
-C'est ça oui, mais pas dans notre cas. Pour moi ça a été une punition. Ton grand-père et toi n'êtes pas les seuls à ressentir l'amour et toutes autres sortes d'émotions, moi aussi jen suis capable.